jeudi 14 juillet 2016

Bear's Den - Red Earth & Pouring Rain

Bear's Den - Red Earth & Pouring Rain (07/2016)
Bear's Den est un groupe londonien formé au début de la décennie 2010, suite à la rencontre entre Andrew Davie (chant, guitare) et le multi-instrumentiste Kevin Jones. Avec le renfort de Joey Haynes à la guitare, le trio va enregistrer un premier EP "Without/Within" en 2013, puis un album "Island" en 2014, largement plébiscité par la presse et le public. Il faut dire que le folk-indie proposé par le groupe est largement dans l'air du temps, tout à fait dans la mouvance d'un Mumford & Sons ou d'un Of Monsters and Men
A la suite de la longue tournée internationale qui suit, Joey décide de reprendre sa liberté et c'est donc sous forme de duo que le combo s'attaque à l'écriture et l'enregistrement de ce "Red Earth & Pouring Rain" qui sortira en cette fin juillet (22/07).
Musicalement, la métamorphose est totale !... Ne surtout pas s'attendre à écouter un album dans la lignée de son frère aîné. Le folk a laissé la place à une pop et un soft rock un peu froid, penchant nettement vers les années '80: on croit entendre les Cars ("Red Earth & Pouring Rain", "Emeralds"), voire carrément Foreigner ("Auld Wives", "Broken Parable") quand le rythme est soutenu. Pour la grosse moitié des morceaux qui sont calmes et langoureux, on revient paradoxalement à une ambiance musicale et un habillage plus actuels. On y retrouve quelques similitudes avec le Ryan Adams de "1999" ("Roses on a Breeze", "New Jerusalem", "Love Can't Stand Alone", "Gabriel"), l'intensité et l'émotion un cran en-dessous, cependant. 

Le rapprochement avec les Cars est aussi dictée par la présentation de l'album par le groupe: il est soit-disant destiné à être écouté en voiture, la nuit de préférence (cf. la pochette). Bon, pourquoi pas ? mais pour ma part, ce ne sera pas le cas (à cause du côté Foreigner, essentiellement !).
Un album étonnant, et dans la lignée de ces "contre-pieds" dont je parlais récemment. Ceux qui ont dévoré "Island" à pleines dents seront incontestablement surpris, pour ne pas dire déroutés. Ceux qui ont adoré les années '80s y retrouveront avec plaisir le son et l'atmosphère qui y règne par-ci par-là. Les autres seront peut-être plus attirés par les morceaux sereins et paisibles, à la délicate sensibilité.


J-Yves


3/5: *****








Red Earth & Pouring Rain
1. Red Earth & Pouring Rain (4:50)
2. Emeralds (4:30)
3. Dew on the Vine (5:04)
4. Roses on a Breeze (5:20)
5. New Jerusalem (4:13)
6. Love Can't Stand Alone (5:27)
7. Auld Wives (4:40)
8. Greenwoods Bethlehem (5:35)
9. Broken Parable (6:10)
10. Fortress (5:20)
11. Gabriel (4:05)
12. Napoleon (5:25)


Bear's Den - www.facebook.com/bearsdenmusic
Andrew Davie: chant, guitares
Kevin Jones: basse, guitares, batterie






samedi 9 juillet 2016

Brisa Roché - Invisible 1

Brisa Roché - Invisible 1 (06/2016)
Brisa Roché est une song-writer américaine qui s'est installée à Paris au tout début des années 2000 et qui a commencé à faire carrière dans le jazz. Après un premier album "Soothe Me" sorti en 2003, elle rejoint le célèbre label Blue Note pour sortir "The Chase" en 2007, plus orienté pop-rock que jazz proprement dit... C'est que la jeune femme est curieuse, sans cesse à la recherche de nouveaux sons, d'instrumentations et d'orchestrations. Après une attente de 6 ans depuis son "All Right Now" de 2010, la voici qui vient nous livrer ce "Invisible 1".
Et là encore, difficile voire impossible de classifier cet album: folk, pop, rock, indie, disco, dance... tout y est. 
Débutant par un "Lit Accent" aux accents pop sucrée, les titres suivants ("Echo of What I Want", "Night Bus", "Minute") oscillent entre Feist, Goldfrapp ou Lana Del Rey, avec parfois quelques clins d’œil à la pop psychédélique des années 60 ("Baby Come Over"). A mi-parcours, changement de ton: les titres prennent soit une orientation plus "dance / r&b" ("Vinylize"), voire carrément disco (cf le bien nommé "Disco", "Diamond Snake"), soit une orientation planante, éthérée ("You Like Fire", "Each One of Us"). Brisa porte sa belle voix chaude, feutrée, lancinante et s'amuse à chanter, déclamer ou parler en mode syncopé. Bref, Brisa est libre: elle fait ce qu'elle veut, comme elle veut. Et ça fonctionne !
Facile à écouter, on n'hésite pas à remettre le couvert pour en apprécier sa diversité et sa variété d'ambiances. Ce ne sera peut-être pas l'album de l'année. Il lui manque un chouïa de profondeur, de consistance, du moins dans la durée (cf le petit trou d'air avec les dispensables "Diamond snake" et "Walk With Me"). Sans être superficiel, loin de là, on cherche cependant en vain une ligne directrice. Brisa chante "Find Me", en clôture de l'album. On ne sait pas trop si elle s'adresse à nous ou si elle se cherche elle-même...


J-Yves


3/5: *****






Invisible 1 - www.brisaroche.com
1. Lit Accent (3:42)
2. Echo of What I Want (3:45)
3. Nigh Bus (2:15)
4. Baby Come Over (3:03) 
5. Groupie (3:10)
6. A Minute (2:50)
7. Disco (3:55)
8. You Like Fire (4:40)
9. Each One of Us (3:15)
10. Diamond Snake (2:37)
11. Walk With Me (2:45)
12. Vinylize (3:04)
13. Find Me (2:20)


www.facebook.com/labrisadayroche











vendredi 8 juillet 2016

Austerlitz - Japan

Austerlitz - Japan (06/2016)
Avec un nom pareil, Austerlitz, on se doute que le groupe n'est pas originaire d'Autriche ou de Russie... Gil et Nicklaus, multi-instrumentistes et song-writers, se rencontrent à la fin des années 2000 à Paris. Partageant une passion commune pour une pop complexe et raffinée (Tears for Fears, Depeche Mode), ils décident de faire un bout de chemin ensemble. Rejoints par Jocelyn qui se chargera des fûts (de batterie...), ils forment le trio Austerlitz et enregistrent leur 1er album en 2010 ("Austerlitz"). Ils passent ensuite pas mal de temps sur scène, sortent plusieurs clips, et enregistrent ce "Japan", un EP qu'ils nous délivrent le 10 juin dernier.
Musicalement, le trio revendique un rock asymétrique, entre math rock et art rock. Il y a de ça, c'est vrai. Enfin, surtout sur le premier album. On ne retrouve pas sur ce "Japan" l'énergie et la vigueur de son frère aîné, mais on devine que c'est volontaire, pour coller au plus près de l'histoire qui sert de fil conducteur: celle d'un petit robot quittant Paris pour aller rejoindre sa fiancée à Tokyo. On a donc le droit ici à une pop très orientée electro, une musique plus "industrielle" dans la forme. Les compositions restent travaillées, les arrangements précis et les mélodies accrocheuses (surtout le "Tokyo" qui ouvre l'EP, à la fraîcheur entêtante). Il faut ensuite attendre "I Belong to You" pour retrouver de la vitalité et de l'ardeur, les autres titres baignant dans une atmosphère à la fois mélancolique et languissante. Il n'a pas trop la patate, le petit robot !...
J'ai découvert le groupe avec ce "Japan". Plaisant, agréable à l'écoute, c'est en approfondissant le sujet que je suis tombé sur leur premier LP, que je trouve personnellement beaucoup plus intéressant !.. assez proche de ce que propose un Balinger (chroniqué il y a quelques mois: lire). Les rythmes et les structures y sont plus dynamiques et variées, le son plus naturel, plus direct et plus vif, les guitares prenant le pas sur les synthés, alors que l'EP est plus linéaire et pour tout dire nettement electro. Le fossé entre les 2 albums est assez frappant, c'est à se demander parfois s'il s'agit bien du même groupe !
Ceci démontre en tout cas l'étendue de la palette musicale du trio, et sa capacité de s'affranchir du style pour mettre en musique leurs compositions. 
Et sa maîtrise de l'art du contre-pied !


J-Yves


3/5: *****







Japan - soundcloud.com/austerlitz
01 : Tokyo (4:25)
02 : Litate (4:05)
03 : Flowers (2:05)
04 : I Belong to You (4:04)
05 : The Mystery of Us (3:20)


Austerlitz - www.facebook.com/austerlitzrock
Gil Charvet: chant, basse
Nicklaus Rohrbach: claviers
Jocelyn Soler: batterie




dimanche 3 juillet 2016

Memory Lake - Hurricane

Memory Lake - Hurricane (06/2016)
Memory Lake, c'est l'histoire de 3 jeunes gens ayant la volonté de créer un groupe où on jouerait de la musique, mais pas que. Quand Julie (chant), Thomas (guitare) et Matthieu (basse) mettent en place leur projet, il y a 2 ans à Paris, ils commencent à en poser les bases en explorant l'univers de la musique électronique et en y ajoutant une dimension visuelle. Sans renier leur culture rock, ils utilisent l'electro pour appuyer le côté introspectif et contemplatif de leurs compositions.
"Hurricane" est leur premier EP, tout juste sorti le 17 juin dernier. Impossible de ne pas noter, dès les premières notes, le travail sur le son, aussi bien dans le corps que dans l'esprit. Très planant, éthéré, mais aussi très sombre sans pour autant être froid, il règne tout au long de ce mini-album une sensation de rêve et d'irréalité. Planant ne voulant pas forcément dire lent et monotone, les titres sont variés à défaut d'être rythmés (mis à part le "Moonlight" final). L'atmosphère et l'ambiance générales sont loin de celles d'une fête de village ou d'un banquet familial !... 
Ceci dit, parler d'electro pop serait réducteur, tant au niveau des structures et des arrangements. On préférera parler de trip-hop, voire d'art rock electro (si ça existe ?). La voix chaude de Julie souligne le côté envoûtant des morceaux, un peu à l'image d'un Bashung ("Le Passager", mais surtout "Vincent"). 
Ils le disent eux-même: "On fait une musique de sensation et d’ambiance". On ne peut que confirmer. Un voyage dans les tourments intérieurs, au-dessus d'un lac embrumé et mystérieux, telle est la sensation qu'on ressent à l'écoute de ce mini-album qui ne laisse pas l'auditeur insensible.



J-Yves


3/5: *****







Hurricane - soundcloud.com/memory-lake
1. Vibration (4:05)
2. Le Passager (4:37)
3. Hurricane (3:30)
4. Hammer (3:38)
5. Vincent (3:44)
6. Moonlight (3:35)


Memory Lake - memory-lake.com
Thomas Aguettaz: Guitares, Claviers
Matthieu Clerjaud: Basse
Julie Thouément: Chant

Musicien additionnel:
Thomas Calegari: batterie