mardi 26 avril 2016

Steel Jungle - Soidinmenot

Steel Jungle - Soidinmenot (03/2016)
Suite de la série "Chroniques Nordiques" avec, dans la famille Album Complètement Barré, ce "Soidinmenot", du groupe finlandais "Steel Jungle". Groupe barré, lui aussi. De la lecture de leur (interminable) bio, il ressort que le groupe, fondé en 2006 à Helsinki par Juho Kokko (basse) et son pote d'école J. Lamminsoila (guitare), rejoints quelque temps après par P. Varis (batterie), a mis du temps à trouver et définir une ligne musicale directrice, capable d'allier les circonvolutions et les arabesques des lignes de basse, les riffs et les soli de guitare débridés et furieux, la batterie, quant à elle, devant se charger de garder tout ça un minimum cohérent (bien que le batteur vienne du punk...). Après plusieurs années de recherche, le trio s'est rendu à l'évidence: la tâche est tout simplement impossible. Conscients que leur musique est totalement "incommerciale" et inclassifiable, ils décident néanmoins de tenter l'aventure et suite à de nombreux enregistrements (des centaines, affirment-ils !) ils sortent leur 1er album studio, "Soidinmenot" le 30 mars dernier. Au passage, et si j'en crois le traducteur google, qui vaut ce qu'il vaut (c'est-à-dire pas grand-chose), soidinmenot signifie "rituel d'accouplement" en finnois...
Résumé de la bio: fait. Pas simple, mais c'était finalement le plus facile.
Parce que maintenant, faut tenter de décrire le style musical (enfin, "style"...), et là ça se gâte !
A la base, dixit leur site web, il s'agit de metal expérimental finlandais. Y en a. Mais pas que. On peut y ajouter du blues, du jazz-fusion, du metalfunk, du funk tout court, du math-rock, du rock tout court, bref: indéfinissable. Impossible de citer des groupes similaires. Pour ma part je dirais un mix entre Mars Volta et Zappa, le chant en moins (l'album est entièrement instrumental), mais c'est encore loin de la vérité.
Ce qui est certain, c'est que les 3 musiciens ont une technique hors norme, que ces 11 morceaux transpirent la virtuosité et la maîtrise, pour tout dire le talent. Changements de rythmes, de structures, d'intensité, tout y est. Les lignes de basses sont spectaculaires ("Delutions", "Light", "Steel Dido", entre autres), les parties de guitares à couper le souffle ("Wanker", "Funk Revival") et le jeu de batterie à tomber par terre. Ce n'est pas un album facile d'accès, loin s'en faut. Si les 2 premiers titres ne nous prennent pas à la gorge, "Wanker" fait monter la pression d'un cran et on se dit qu'on ne tiendra pas jusqu'au bout. Mais les lascars sont assez habiles pour jouer avec nos oreilles et alterner les changements de régimes, voire même nous prendre par surprise, comme sur ce "Shy Dragonfly" lumineux, léger et au groove imparable. 
Pour finir, une chose que l'on ressent à l'écoute c'est le plaisir de jouer sans se prendre au sérieux. Un plaisir communicatif. Loin de ces prétentieux qui se prennent pour le(s) centre(s) du monde, ces musiciens-là font leur truc à eux, sans se prendre le chou, avec ce détachement et cette désinvolture qui signifient "voilà ce qu'on sait faire, ce qu'on aime faire, et si vous n'aimez pas et bien... tant pis ?". 

La désinvolture: on en manque cruellement, alors dès que j'en aperçois le moindre petit bout, je prends ! Et ça fait un bien fou.



J-Yves


4/5: *****






Soidinmenot
1. Ektoplasma (3:20)
2. Delutions (5:17)
3. Wanker (2:32)
4. Light (4:12)
5. Funk Revival (2:05)
6. Shy Dragonfly (5:10)
7. Steel Dildo (3:45)
8. 7th Heaven (4:18)
9. Uncertanity (3:50)
10. YIP (3:32)
11. Kakofonia (2:45)



Steel Junglesteeljungle.org - www.facebook.com/steeljungleband

Pekka Varis: batterie
Juho Kokko: basse
Johannes Lamminsoila: guitare






vendredi 22 avril 2016

De Laurentis - Brand New Soul

De Laurentis - Brand New Soul (04/2016)
Le nom de De Laurentis, même pour les cinéphiles en herbe comme ma pomme, fait immédiatement penser au célèbre producteur de films, parmi lesquels Barabbas, Un justicier dans la Ville, Les Trois Jours du Condor, L'Année du Dragon ou Blue Velvet, bref on ne va pas tous les citer, il y en plusieurs centaines !...
La De Laurentis ici présente, est une chanteuse-compositrice-productrice originaire de Toulouse, la ville de Claude Nougaro. On apprend d'ailleurs dans la biographie de la demoiselle que son papa était musicien de jazz et fût pianiste-arrangeur de Nougaro, justement.
Après un premier EP "DeLaurentis" sorti en 2015, voici ce "Brand New Soul" à paraître le 29 avril prochain.
Cécile (son prénom à la ville) suit les cours du Conservatoire de Perpignan, enchaîne avec des études en musicologie (spécialité jazz, on l'aura facilement deviné...) puis trace sa route aux quatre coins du monde (oui, la terre est ronde, mais elle a 4 coins, renseignez-vous bon sang !).
La musique proposée par De Laurentis n'a que peu de liens avec le jazz: on nage en pleine electro-pop. Une electro douce, raffinée, éthérée, pour tout dire cinématographique. On est assez proche de ce que propose Cascadeur. Le premier titre, "10000 Things" n'est autre qu'une adaptation du fameux "Tubular Bells" de qui-on-sait. Même rythme, même sonorité(s), mise à part qu'ici le morceau est chanté (c'est même la 1ère version chantée du titre depuis sa création en 1973). Il est conseillé aux ayatollahs et autres intégristes du prog d'écouter le morceau avant de crier au scandale: c'est très réussi. Il paraît que Mike lui-même a apprécié le résultat.
Si le format des morceaux est court, pas de structure classique couplet-refrain, mais des compositions à géométrie variable. Hormis "Brand New Soul" presque dansant, le reste de l'EP baigne dans un rythme relativement lent, où l'auditeur se sent comme en apesanteur, notamment sur le très beau "The Wardrobe" où l'on a littéralement la sensation de flotter...
Difficile, une fois de plus, de ne pas rabâcher la sempiternelle rengaine: trop court !.. On a beau savoir que c'est la règle avec un EP, mais là, avec ses 17 petites minutes, on est loin d'avoir notre dose. D'autant qu'on ne relève aucun temps faible ni baisse d'intensité. Une qualité homogène de bout en bout, il fallait le souligner.
C'est donc avec impatience et attention qu'on reste aux aguets et vigilant: dès qu'un album digne de ce nom pointe le bout de son nez, hors de question de passer à côté !
Dans l'attente, on se repassera ce "Brand New Soul" régulièrement. Si une chose est sure, c'est qu'il fait partie de ces CDs qui ne connaîtront pas les fins de piles ou les fonds d'étagères, du moins les miennes !


J-Yves


4/5: *****






Brand New Soul
1. 10000 Things (Tubular Bells) (2:37)
2. 8 mm (4:17)
3. As a Wink (3:04)
4. Brand New Soul (3:30)
5. The Wardrobe (4:00)

Composé, interprété et produit par De Laurentis - delaurentismusic.com

www.facebook.com/delaurentis.music








samedi 9 avril 2016

Part-Time Friends - Fingers Crossed

Part-Time Friends - Fingers Crossed (03/2016)
Part-Time Friends, c'est un jeune duo: Pauline et Florent. Ils se croisent une première fois en 2007 à Aix-en-Provence, sur les bancs de la fac (à quelques pas donc de l'endroit où est écrit cette chronique)
Échangent des mots, pas forcément doux. Amitié, fâcheries, complicité, bouderies... relation complexe et compliquée. Mais une même passion pour la musique et les belles chansons. Ils se recroisent quelque temps plus tard dans la capitale, et ces amis à temps partiel décident de former un duo: Part-Time Friends. Ils mettront 8 ans à tergiverser, tenter, multiplier les concerts dans les bars, collaborer avec d'autres groupes et artistes pour finalement enregistrer ce "Fingers Crossed" au Pays de Galles, et sorti le 18 Mars dernier.
Autodidactes complets, Pauline et Florent sont avant tout à la recherche des harmonies et des mélodies. D'où leur pop fraîche, délicate et soyeuse. A l'écoute de ces 12 titres, dont ils partagent l'écriture et la composition, on ne peut s'empêcher de penser à Cocoon, Feist, OK Sweetheart ou encore Belle and Sebastian: même sens du refrain accrocheur, même façon de proposer des chansons franches et directes, même sensibilité. A leur écoute, difficile de croire que ces deux-là passent autant de temps à s'engueuler qu'à chanter ensemble ! Leur pop est reposante, relaxante, tout en étant subtile et lumineuse.


On aime la simplicité de "Here we Are", le Feist-ien "Home", ou le Belle-and-Sebastian-oriented "All the Roads", la délicatesse d'un "Johnny Johnny" ou d'un "Keep on Walking", ou encore les entraînants "This City" et "La Mer et l'Alaska" (seul titre chanté en français). Bref, il faudrait tous les citer, tant la qualité reste présente tout au long de l'album. Une mention spéciale quand même pour le poignant et très émouvant "Art Counter" qui clôt l'album de superbe manière, pour un atterrissage tout en douceur. 
Des morceaux issus de leur propre vécu, et dont ils disent qu'ils sont "des petits pansements à l'âme... nos textes parlent de tous ces sujets profonds qui comptent, et qu'on essaie d'exprimer avec des mots simples - à commencer par notre amitié, très forte, mais aussi parfois conflictuelle."
En tout cas un album très réussi, et croisons les doigts pour que ces amis intermittents connaissent le succès qu'ils méritent.



J-Yves


4/5: *****





Fingers Crossed
1. All the Roads (4:24)
2. Don't Give Up (3:30)
3. Here we Are (3:48)
4. Home (3:35)
5. Johnny Johnny (4:25)
6. Summertime Burns (ft. Dan Black)
7. The Stain (3:30)
8. Movies (3:30)
9. La Mer et l'Alaska (ft. Granville)
10. Keep on Walking (2:45)
11. This City (3:42)
12. Art Counter (3:17)


Part-Time Friends - www.facebook.com/theparttimefriends 
Pauline Lopez de Ayora: Auteur, emmerdeuse (*)
Florent Biolchini: Compositeur, gestionnaire d'emmerdeuse (*)


Photo: (c)Part-Time Friends
 

(*) dixit leur page facebook !


samedi 2 avril 2016

DeWolff - Roux-Ga-Roux

DeWolff - Roux-Ga-Roux (02/2016)
DeWolff ?.. Dès l'écoute du premier morceau, on jurerait entendre un groupe US, entre Lynyrd Skynyrd, Black(foot ou keys, au choix) et les Allman Brothers. Même façon de distiller de larges brassées de blues électrique dans un rock teigneux aux frontières du hard-rock, même façon de laisser aux morceaux le temps de s'installer, de se mettre en place (certains titres dépassent largement les 5 ou 6 minutes), de ne pas laisser le chant monopoliser le propos. On consulte alors le livret (ou plutôt le poster) qui accompagne l'album, histoire de vérifier dans quel studio du Texas ou du sud des States cet album a été enregistré: Electrosaurus Southern Sound Studio. Gagné ! Oui, sauf que ce studio est basé à... Utrecht, aux Pays-Bas. Un autre coup d’œil aux noms des musiciens nous confirme la chose: on a bien affaire à des voisins du nord de l'Europe, de ce côté-ci de l'Atlantique. Étonnant !
Étonnant dans le sens où le trio (oui, ils ne sont que 3 à faire autant de bruit que les 9 du Lynyrd actuel) ne se contente pas de faire une resucée de southern rock, en y puisant les bonnes vieilles recettes. Étonnant surtout de la part d'un jeune groupe (fondé en 2007) qui semble vivre à 200 à l'heure: déjà 6 albums studio au compteur, plus 1 live, ce "Roux-Ga-Roux" étant leur 7ème opus !
Comme ils le disent eux-mêmes: "une vieille âme dans un corps jeune", et à la vue de leurs photos, on se dit qu'effectivement ça ne doit pas faire longtemps qu'ils ont quitté les bancs de l'école. On en conclut qu'ils sont chapeautés par une pointure, une vieille gloire qui les a pris sous son aile. 
Caramba, encore raté !

Dixit le livret: album enregistré entièrement sur un 24 pistes analogique, mixé à l'ancienne, garanti sans ordinateur. Mais ils sont fous, ces jeunes !? Tous les titres sont écrits, composés, produits et mixés par eux-mêmes. A peine croyable.
A l'écoute de "What's The Measure Of A Man" ou "Tired Of Loving You" (les 2 pièces maîtresses) on jurerait n'importe quoi, mais certainement pas entendre 3 gamins. La maîtrise technique, la qualité des compos, leur structure(s) millimétrée(s), tout y est. On y ajoutera aussi la fougue et l'instinct dans l'interprétation, pour (essayer) d'être complet. Disons donc 3 types hors norme, et on sera plus proche de la vérité, dans un monde musical qui a tendance à laisser trop de place à l’électronique et aux ordis en tous genres. Ré-écouter un bon vieux Wurlitzer ou Mellotron, sans que ça fasse cliché ou ringard, quel plaisir. Et que dire de cette envolée d'orgue Hammond sur "Love Dimension" !.. j'oserais, je dirais que c'est juste jouissif.

"Cet album vous hantera, vous paralysera et seule une incantation vaudou vous exorcisera !" annoncent-ils, ces lascars.

Par pitié, n'appelez aucun prêtre ou marabout, laissez-moi tranquille. Envoûté je suis, envoûté je veux rester !



J-Yves


4/5: *****







Roux-Ga-Roux
1. Roux-ga-roux (0:50)
2. Black Cat Woman (5:02)
3. Sugar Moon (4:18)
4. Baby's Got a Temper (4:55)
5. What's the Measure of a Man (7:40)
6. Easy Money (3:53)
7. Lucid (4:40)
8. Stick it to the Man (4:23)
9. Tired of Loving You (7:40)
10. Love Dimension (6:03)
11. Toux-da-loux (2:05)


DeWolff: www.dewolff.nu
Pablo Van De Poel: Chant, Guitares 
Luka Van De Poel: Batterie, chant (1, 3, 11)
Robin Piso: orgue Hammond, Wurlitzer, Mellotron, piano, synthé

Guest:
Joep Bollinger: Basse


photo: (c) DeWollf