vendredi 29 janvier 2016

Steven Wilson - 4 1/2

Steven Wilson - 4 1/2 (01/2016)
La parution d'un nouvel album, si petit soit-il, de Steven Wilson est toujours un événement en soit, et ce n'est certainement pas ce mini CD appelé "4 1/2" qui fera exception à la règle. Ce mec nous envoie trente sept minutes d'une telle intensité qu'elle réduit à néant bon nombre de sorties récentes, qui font pâle figure en comparaison de ce disque.
Ce sont donc les chutes du dernier album studio de Wilson "Hand.Cannot.Erase" (et quelles chutes !) auxquelles nous avons droit ici. Quatre morceaux tirés de ces sessions, et il faut avouer que le résultat est plus que convainquant.
On pensait que le meilleur avait été enregistré, mais c'était mal connaître notre "héros" des temps modernes, et il est une certitude que ce musicien protéiforme ne finira pas de nous étonner. Il démontre, s'il était encore nécessaire, que sur une (relative) courte durée il fait mieux que beaucoup d'autres qui s'étendent à n'en plus finir pour bien souvent accoucher d'un résultat médiocre (les aficionados du prog comprendront ce message).
Quatre des six titres de cet EP sont donc vraiment nouveaux, et une fois encore nous émerveillent par leur efficacité. Ils sont captivants comme toute l’œuvre de Wilson dans son ensemble, jamais de déception avec ce musicien qui se renouvelle sans cesse.
Ce gars ne s'avoue jamais vaincu, il vit pour la musique. Lorsqu’on jette un œil sur le line-up de ce disque, on y retrouve une grande partie de la fine fleur de la musique progressive actuelle - tous les musicos évoluant aux côté de Wilson prennent un pied d'enfer à balancer une musique hyper originale et qui ne ressemble à rien de ce que l'on a entendu auparavant. On peut parler de musique progressive du vingt et unième siècle. Steven Wilson sait rendre à sa façon un hommage permanent à toute la génération qui l'a précédée et pour laquelle il voue un profond respect. 

Les deux autres titres présentés sont quant à eux issus du répertoire de Porcupine Tree, et l'avant dernier morceau "Vermillioncore" est, aux dires même de mister Wilson, une de ses compo que le groupe jouait en live mais qu'il trouvait trop fade pour un album. Il le reprend à présent avec maestria, lui redonnant une couleur plus actuelle.
Pour conclure ce "4/12", Wilson réinterprète un très vieux morceau de Porcupine Tree, "Don't Hate Me", avec comme seconde voix la chanteuse israélienne Ninet Tayeb, et cette nouvelle version nous scotch littéralement. La chanteuse décolle complètement, c'est le nirvana que d'entendre ces deux là. Pour couronner le tout, une très bonne partie de saxo a été ajoutée, que le père Theo Travis se fait un plaisir d'interpréter. Le morceau dure plus de neuf minutes et le final est dantesque... la voix de Tayeb est secondée par une guitare angélique, on peut facilement croire que si le paradis existe il doit vaguement ressembler à cela.
Steven Wilson et sa bande débarquent à Paris début février. D'ici là on s'écoutera en boucle "4 1/2" pour nous faire patienter, et l'on peut rêver d'avoir des surprises "en live" - est-ce que Ninet sera là ?




Ecrit par Dany


5/5: *****


4 1/2
1. My Book of Regrets (9.23)
2. Year of the Plague (4.15)
3. Happiness 3 (4.31)
4. Sunday Rain Sets In (3.50)
5. Vermillioncore (5.09)
6. Don't Hate Me (9.34)

Total Time 36:42


Steven Wilson: vocals, guitars, keyboards, bass guitar
Guthrie Govan: lead guitar
Nick Beggs: bass guitar
Marco Minnemann: drums
Adam Holzman: keyboards
Theo Travis: saxophone, flute
Ninet Tayeb: vocals

With:
Craig Blundell: drums
Chad Wackerman: drums
Dave Kilminster: guitar




dimanche 24 janvier 2016

Morgane Imbeaud - Les Songes de Léo

Morgane Imbeaud - Les Songes de Léo (11/2015)
Avec cette chronique, on termine le chapitre estampillé "albums 2015". Jusqu'à preuve du contraire.
Et une fois de plus il s'agit d'une chronique un peu spéciale, dans le sens où elle ne concerne ni un album de prog, de folk ou plus généralement de rock, mais un conte musical pour enfants !
Je tiens à rassurer tous mes proches: je vais bien, je pense avoir encore toute ma tête, et ne vous inquiétez pas je fuis toujours autant les Fréro Delavega, Maître Gims ou les frères Maé (Christophe et Stro)...
Alors pourquoi un conte musical pour enfants !? pour 2 raisons:
D'abord, "conte musical (ou albums) pour enfants" ce n'est pas une insulte, ni une injure. Comme partout, il y en a des "bons" et des "mauvais". Mauvais est un terme maladroit; disons plutôt simplistes ou superficiels. On y classe ceux qui s'adressent uniquement aux enfants, au premier degré, ce qui les rend insupportables aux parents qui doivent faire preuve d'une zénitude et d'une sérénité à toute épreuve pour endurer l'écoute ou la vue du spectacle. Dans cette catégorie on peut répertorier sans hésiter Chantal Goya et Dorothée. Pour ma part, j'ai gardé quelques séquelles d'écoutes répétées des albums "Le Beau Tambour" et "Les Bêtises" d'Henri Dès... Dans les "bons" contes (qui font les bons amis, je sais), on citera volontiers "Emilie Jolie" de Philippe Chatel. Pour les albums, retenons-en certains d'Yves Duteil ou du regretté Henri Salvador.
Deuxième raison, et pour tout dire la principale: "Les songes de Léo" est l'oeuvre de Morgane Imbeaud, surtout connue pour être la moitié féminine de l'excellent duo de pop-folk Cocoon (souvent cité comme référence dans ce blog), la moitié masculine étant Mark Daumail. Après avoir enregistré 2 albums stratosphériques, "My Friends All Died in a Plane Crash" (2007) et "Where the Oceans End" (2010), modèles du genre en terme de mélodies, de musicalité et d'harmonies vocales, le duo a décidé de faire une pause (le 3ème album est en cours d'enregistrement, on espère le voir sortir dans le courant de l'année). De son côté, Mark a sorti un EP, "Mistaken" en 2014, dans un genre electro assez dansant, proche en cela d'un The Dø. Morgane, elle, a choisit le travail en 3D en quelque sorte, en proposant un conte musical sous 3 formats différents: bande dessinée, album et la réunion des 2 sous forme d'un spectacle. Pour la partie musicale, elle s'est associée avec l’auteur-compositeur-interprète Jean-Louis Murat, avec lequel elle coécrit 6 des 13 titres de l'album-conte. Ces deux-là se connaissent, Morgane ayant travaillé sur l'album de Jean-Louis "Babel" en 2014. Pour la partie graphique, c'est l’auteur-dessinateur de bandes dessinées Chabouté qui s'y colle. Je vais être honnête: je suis incapable de citer un seul album de Chabouté. En même temps, mon niveau BD se résume à Tintin et Astérix....

Au niveau du conte lui-même, il raconte l'histoire de Léo, petit garçon-félin au regard triste qui pourrait ressembler à beaucoup d’autres, mis à part qu'il n’a qu’une seule oreille pour entendre le monde qui l’entoure. Comme toute marque distinctive, elle lui cause des problèmes: il est mis à l’écart par les autres, les "normaux". Isolé, il rencontre un jour une petite boule de plumes blanches qu’il suivra pour un long voyage initiatique à travers les ombres qui peuplent la forêt.
Morgane s'adresse aux enfants, mais aussi aux parents. L'initiation, la différence, l'acceptation de soi, la solitude, la découverte, la curiosité sont les thèmes abordés. Très poétique, onirique et féerique, on se laisse bercer par la douceur et la mélancolie de la musique et des textes. Mise à part "Ma Nature", plage entièrement instrumentale, toutes les autres sont chantées, parfois même en anglais ("We Were", "My World" et un long passage de "Je n'ai Plus Peur"). Le rythme de l'ensemble est lent, à l'image des aventures de Léo qui n'ont rien d'une course contre la montre !.. L'orchestration est elle aussi discrète, presque minimaliste: piano, electro, instruments à corde. Ce n'est pas à une farandole ou une ronde que nous invite Léo, mais plutôt une introspection, un voyage intérieur. Ajoutons à cela la voix fragile et timide de Morgane, presque frêle, mais surtout sensible et délicate. 
On en arrive alors à ce constat: album lent (très), intimiste, bilingue, absence de comptines. Les enfants sont-ils réellement concernés ?
Le mieux est de laisser la parole à Morgane elle-même (*): 
"Lorsque j’ai écrit ce projet, je n’ai pas pensé aux enfants. Au départ, je voulais surtout passer un message auprès des personnes adultes, dans lesquelles sont enfermées les angoisses et les peurs d’enfant. Finalement, ce projet s’adresse à tout le monde, de 10 à 77 ans. Le but est vraiment de banaliser les peurs, les angoisses, le stress, cette solitude qu’on ressent face à ces soucis que l’on rencontre quelquefois au cours de notre existence. On vit dans un monde anxiogène, dans lequel on nous fait croire que rien n’est plus important que ce que nous faisons, qu’il faut devenir quelqu’un; et on oublie parfois que nous ne sommes rien et, de ce fait, tous égaux."

Ces Songes s'apprécient au fur et à mesure des écoutes, ce qui les différencient des albums "premier degré" dont il était question au début de cette chronique. Un conte musical déroutant au premier abord, l'auditeur s'attendant à des sonorités et des rythmes plus "enfantins". Mais un conte qui saura attendrir et émouvoir ceux qui ont gardé une sensibilité d'enfant...


J-Yves


4/5: *****





LES SONGES DE LEO - Teaser from BISCUIT PRODUCTION on Vimeo.



(*) http://www.indiemusic.fr/2015/11/09/morgane-imbeaud-les-songes-de-leo-interview/



Les Songes de Léo 
1. La Découverte (4:11)
2. Léo (3:19)
3. Je Dois te Laisser Seul (3:19)
4. En Nuit Noire (3:27)
5. Pardonnez-moi si Je Rêve (2:53)
6. Tu Suis mon Coeur (3:26)
7. Ma Nature (2:59)
8. We Were (3:05)
9. Je suis ton Corps (3:04)
10. Jerk (2:40)
11. Amour Suis-moi (4:52)
12. My World (3:57)
13. Je n'ai Plus Peur (3:29)

morganeimbeaud.fr
Morgane Imbeaud: piano, voix
Benjamin "Waxx" Hekimian: guitares, basse
Matthieu Joly: claviers, programmation
Guillaume Bongiraud: Violoncelle
Emilie Bongiraud: violon
Julien Quinet: trompette


illustration: (c) Chabouté




samedi 16 janvier 2016

Orion - La Face Visible

Orion - La Face Visible (09/2015)
L'histoire d'Orion, c'est un peu l'histoire d'un groupe qui n'a pas eu de chance, qui s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, dû à un léger problème de timing. Fin des années 60 / début des années 70, le rock progressif est en pleine explosion. Il ne faut pas louper le coche. Si ce sont les anglo-saxons qui mènent la danse (comme toujours...), quelques-uns en France arrivent à se faire une petite place: Ange, Magma, Triangle et Gong sont ceux qui connaissent la plus grande notoriété. Parmi ceux qui se bousculent derrière pour se frayer un espace dans la lumière, Orion, groupe originaire de la banlieue parisienne. Formé sur le tard, en 1975, et malgré le succès rencontré lors de ses concerts, le groupe tarde à trouver une maison de disque prête à sortir leur 1er album. 1977, la vague punk déferle avec comme objectif renvoyer les progueux chez eux et leur botter le Q. Les gars d'Orion parviennent quand même à sortir "La Nature Vit, l'Homme lui Critique" en 1979, autant dire après la bataille... Le groupe se sépare un an plus tard, avant la sortie du 2ème album "Mémoires du Temps". Et c'est bien vrai que le temps a de la mémoire. En 2010, soit 30 ans après, Patrick Wyrembski et Janusz Tokarz, deux des membres fondateurs, tentent le pari de sortir l'album mort-avant-d'être-né, en restaurant les bandes d'époque. Le ballon d'essai n'explose pas en vol, "Mémoires du Temps" est bien accueilli. Ce qui peut être expliqué par deux raisons: 
1. le prog est intemporel... oui mais pour cela il faut que
2. les compositions tiennent la route.
Orion se "reforme" alors autour du duo Patrick/Janusz pour composer de nouveaux titres et sortir ce nouvel opus, "La Face Visible" (2015).
Ce concept-album, centré sur la dénonciation de toute forme de totalitarisme, s'inspire du propre vécu des deux musiciens (exilés en France depuis leur Pologne natale durant leur enfance) en prenant pour point de départ la chute du mur de Berlin. Pour évoquer la Liberté, ils ont voulu mettre en avant leurs émotions, et pour cela ont privilégié la mélodie et la douceur plutôt que l'énergie ou la violence. L'accent est donc mis sur les claviers et les boîtes à rythmes, ce qui donne à l'album un côté nettement electro "soft", aux couleurs fortement jazz-rock. Les guitares ne sont pas dans la démonstration, loin de là. Discrètes, elles sont le plus souvent en soutien des claviers. C'est un peu dommage, dans le sens où, lorsqu'elles s'expriment ("La Face Visible", "De l'Autre Côté du Rideau de Fer", "Résistance", "Puis un Jour on m'a Dit") elles font preuve d'une belle élégance et d'une grande délicatesse. Ce parti-pris prog-electro à consonance "d'époque" (chute du mur) a pour effet de donner une ambiance très "vintage", et pas toujours dans le bon sens du terme: certains sons de synthé qu'on était content de ne plus avoir à subir sont de retour ("La Dernière Danse in Berlin" et "Stèle Blanche", j'ai vraiment du mal !...). 
Presqu'entièrement instrumental, il est cependant difficile de faire un concept-album sans quelques parties chantées, histoire justement de définir le concept. Et là, ça se complique... Alors ok, je ne sais pas où j'ai mal: je suis le premier à râler quand j'entends un groupe français chanter en anglais. Et ici, quand j'en tiens un qui (enfin !) chante en français, je maronne encore. Faudrait savoir ! 
Je ferais juste deux (petites) remarques: le "chant" en lui-même, monotone, uniforme et répétitif. En un mot, triste. Je suppose que c'est volontaire, histoire de coller au côté "mélancolique / triste" de la chose. Si c'est bien l'idée, c'est réussi. M'enfin, on peut être triste et mélancolique en variant la tonalité et en montant de temps en temps dans les octaves et les décibels...
La deuxième remarque est plus proche de la galéjade, et se situe au niveau des textes. Enfin, surtout celui de "Le Singe de la Vie". Je cite (accrochez-vous): "Un chimpanzé est assis sur un arbre de St Germain / Tenant à la main le fusil qui tire les ficelles du lendemain. / Un éléphant vole là-haut autour du Sacré-Cœur / Surveillant le Parlement vivant dans la honte et la peur".
Je me moquais il y a quelques mois des textes du dernier album des Innocents ("Mandarine"); et je pensais avoir affronté le pire avec certains textes de Thiéfaine (au hasard: "les dingues et les paumés s'arrachent leur placenta / et se greffent un pavé à la place du cerveau / puis s'offrent des mygales au bout d'un bazooka / en se faisant danser jusqu'au dernier mambo"). Mais là, le coup du chimpanzé parisien et de l'éléphant volant... fort.
Assez loin de ce que proposait le groupe avec "Mémoires du Temps", il est difficile ici de parler d'album prog tant les structures des morceaux sont linéaires. Mis à part le premier titre "La Face Visible" avec ses presque 10 minutes et son changement de rythme à mi-parcours, et "Résistance" (mon préféré), tous les autres titres sont homogènes. Pas de montée(s) en puissance, d'alternances de tempos ou d'ambiances. L'atmosphère reste la même de bout en bout, ce qui, là aussi, est sans doute la volonté de coller au plus près du concept de l'album. On parlera donc plutôt d'album soft, à la croisée de l'electro, du jazz-rock, voire de l'easy-listening. Bref, un album relaxant et reposant. 
Le groupe dit être en phase de préparation d'un nouvel album, avec retour aux sources de leurs racines prog. Inutile de dire qu'on suivra ça avec intérêt !


J-Yves

3/5: *****


Album en vente et en écoute sur bandcamp: la-face-visible








ORION: www.groupeorion.net
Janusz Tokarz: Chant, Claviers
Patrick Wyrembski: Guitares, Basse
Michel Taran: Claviers, Batterie
Pierre-Jean Horville: Guitares, Basse
Alain Pierre: Guitares

La Face Visible
1. La Face Visible (9:36)
2. Quelque Part En 1989 (6:41)
3. La Dernière Danse in Berlin (3:39)
4. De l'Autre Côté du Rideau de Fer (5:17)
5. Puis un Jour on m'a Dit (7:00)
6. Résistance (4:00)
7. Stèle Blanche (3:30)
8. Le Singe de la Vie (5:12)




samedi 9 janvier 2016

Lion Shepherd - Hiraeth

Lion Shepherd - Hiraeth (11/2015)
Cette chronique et les quelques-une qui suivront concerneront encore des albums de 2015, car musicalement l'année a été particulièrement riche et de qualité. Musicalement. Parce qu'à part ça, on pourra quand même dire qu'on a eu le droit à une belle année de merde... Entre autre à cause de ce qui se passe en Syrie et en Irak. Précisément là où semble nous transporter le 1er titre de cet album, "Fly On" (ça c'est de l'enchaînement, ou je ne m'y connais pas !). A l'écoute de ce morceau, on visualise les étendues désertiques, les montagnes arides, les caravansérails... Étonnant, étrange, et beau.
Ce qui est d'autant plus étonnant c'est que le groupe qui joue, Lion Shepherd, est originaire de... Pologne !
Basé à Varsovie, Lion Shepherd est avant tout un duo: la rencontre du chanteur Kamil Haidar et du guitariste Mateusz Owczarek. Quel lien avec l'orient ? le père de Kamil est Syrien, et ils y ont vécu plusieurs années.
Hiraeth est leur 1er album. Composé de 10 morceaux pour un peu moins de 50 minutes, il a la durée idéale: on ne reste pas sur sa faim et on n'a pas non plus besoin de l'écouter en plusieurs fois pour laisser reposer notre attention. Musicalement, le côté oriental laisse rapidement la place à un (neo-)prog assez nerveux, limite metal tout en restant "soft". Disons qu'on est plus dans la frange Riverside / Pain of Salvation / Pineapple Thief que Myrath. Le chant de Kamil, proche de celui de Mariusz Duda (Riverside) surtout dans les ballades, est tantôt doux, tantôt rugueux, agréable mais reste calibré dans les canons du genre. Ce n'est pas de côté-ci qu'on trouvera l'originalité. On la trouvera surtout dans la forme musicale, où les guitares et l'orgue hammond croisent des instruments plus traditionnels tels la cithare (santour), le luth ou diverses percussions. On pourrait rapprocher cet album du "No Quarter: Jimmy Page & Robert Plant Unledded" ou les 2 compères reprenaient plusieurs morceaux de Led Zep à la sauce égyptienne ou marocaine (très bel album, du reste !).

Mise à part qu'ici Kamil et Mateusz ne sont pas allés aussi loin que Robert et Jimmy. Comme s'ils avaient hésité à prendre résolument une direction. On a ainsi "un peu" de world-music, "un peu" d'ethno, un peu de prog, un peu de metal... bref on a un peu de tout. Mais sans réelle orientation ni parti-pris. Les ballades sont très belles (Lights Out, I'm Open, Wander), ainsi que les morceaux orientalisants (Fly On, Music Box Ballerina) et "metalliques" (Brave New WorldSmell of War). On obtient donc un album bien proportionné, équilibré, qui mixe plusieurs genres, mais on cherche en vain un ou plusieurs titres qui en feraient l'osmose parfaite, une ballade orientalisante metallique, en quelque sorte. On est un peu déçu par défaut: le potentiel dégagé par les compositions laisse entrevoir des promesses que le groupe ne tient pas, du moins sur cet opus. Et c'est de plus en plus évident au fur et à mesure des écoutes: il y a l'étincelle, mais le feu d'artifice ne démarre pas. Dommage.

Reste que ce Hiraeth (mot issu du gallois !.. et qui signifie mal du pays) est un très bon album, pour le moins original et intéressant. Loin des productions formatées, calibrées et carrées, celle-ci propose une belle jonction occident-orient. Le genre d'association que, semble-t-il, seul l'art en général, et la musique en particulier, sont capables de réaliser de nos jours. Quand d'autres ne cherchent qu'à se foutre sur la gueule et nous pourrir la vie.



J-Yves


3/5: *****







Hiraeth 
1. Fly On (4:56)
2. Lights Out (5:15)
3. Brave New World (3:40)
4. Music Box Ballerina (5:00)
5. I’m Open (4:35)
6. Past In Mirror (4:40)
7. Wander (4:00)
8. Infidel Act Of Love (5:05)
9. Smell Of War (4:18)
10. Strongest Breed (4:30)



Lion Shepherd - lionshepherd.net
Kamil Haidar: chant, textes 
Mateusz Owczarek: guitares, compositions
Wojciech Rucinski: basse
Slawek Berny: batterie, percussions

Guests:
Rasm Al Mashan: chant 
Radoslaw Kordowski: orgue Hammond, piano, chant 
Jahiar Azim Irani: santour, chant
Samuel Owczarek: harmonica


photo: (c) Lion Sheperd