dimanche 21 février 2016

Balinger - Let Go

Balinger - Let Go (02/2016)
On connaît tous ça: il y a des albums qu'on écoute une première fois et qui nous laissent totalement froid. Aussitôt écoutés, aussitôt oubliés. Transparents. On a beau les ré-écouter, encore et encore, mais toujours rien, on est incapable de dire si on aime ou pas. Alors on laisse tomber et ils finissent au fond d'une étagère ou d'un tiroir. Et puis il y a ceux qui déclenchent quelque chose, une première impression. Bonne ou mauvaise. On se met à les ré-écouter pour confirmer (ou non) cette impression. Si la première impression était bonne, on cherche les défauts qu'on aurait escamotés. Si elle était mauvaise, on cherche les qualités cachées. En tout cas chez moi c'est comme ça que ça fonctionne.
Je n'avais pas écouté le 3ème morceau de ce "Let Go" que j'avais déjà une première impression. Et je fais souvent confiance à ma première impression.
Balinger est un tout jeune groupe de la région parisienne, formé en 2012. En un peu plus de 3 ans d'existence, ils ont à leur actif 1 EP ("Balinger" - 2013), et plus de 70 concerts, dont Solidays, Rock en Seine et le Printemps de Bourges, rien que ça.
Première originalité: tous les membres du groupe débutent par le jazz, qui leur apportera le goût de l'improvisation et de la liberté. Seconde originalité: il n'y a pas de leader (j'aime pas le terme "tête pensante": pourquoi, les autres sont des cerveaux de poulets ?). Balinger revendique le travail de groupe, "un truc de groupe à l'ancienne" comme l'affirme Jim (chant/guitare), "c'est comme ça qu'on a trouvé notre identité" confirme Thomas (guitare). Car identité il y a, incontestablement.
L'indie rock de Balinger puise sa force et son inspiration dans l'urgence, dans l'immédiateté. Leur musique oscille entre mer calme à agitée, comme disent les bulletins de météo marine. Ou "une caresse, une claque", pour paraphraser Daran. D'entrée, la chanson-titre "Let Go" qui ouvre l'album est une petite merveille de pop-rock mélodique alternant couplet calme / refrain explosif digne des spécialistes d'outre-Manche. Le "Reborn Again" qui suit est une lente progression poignante qui nous permet d'apprécier le chant de Jim et son impressionnant registre vocal. Pas le temps de reprendre son souffle, arrive "Fire Burning", tout autant vif et énergique, précis et imparable. En moins de 10 minutes on a pris en pleine poire une pure dose de rock à la fois débridé, puissant, doux, léger, lourd tout en restant harmonieux, maîtrisé et limpide. En 4 nous arrive "Before I Go", balade poignante et magistrale. Une baffe en 4 manches. On ne s'en relèvera pas. Il serait injuste de ne pas souligner l'époustouflant "Voices" tout en tension et en progression, le déroutant "All Alone" ou le sublime "Ghost" qui clôt l'album. 




On a du mal à imaginer que ces gars-là ne sont ensemble que depuis 3 ans. La qualité des compositions, de leur interprétation et de leur mise en musique est sidérante. Le chant de Jim est très proche de celui d'Adam Levine (Maroon 5). J'en vois qui se marrent: détrompez-vous, bien avant de faire la daube actuelle, les Maroon 5 ont sorti en 2002 un excellent "Songs About Jane" au rock légèrement funky. A écouter avant de rigoler. 
Au niveau de la spontanéité et de l'impulsivité, Balinger me fait aussi penser aux Cold War Kids ("Mine is Yours"), y compris au niveau du chant (pour ceux qui rigolent encore de la comparaison avec Maroon 5), mais surtout aux excellents australiens d'Eskimo Joe (écoutez voir "Ghosts of the Past" et on en reparle...).
Tout au long des 9 titres de l'album, on se sent comme sur ces manèges à (fortes) sensations où vous êtes tour à tour méchamment secoués, puis ménagés quelques secondes avant de repartir aussi sec prendre des G les pieds en l'air la tête en bas...
Ces quatre là n'ont rien à envier aux ténors du genre, ils soutiennent largement la comparaison. Les énervés d'hier se sont calmés, se sont embourgeoisés, ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Ils continuent de remplir des stades ou des zenith, ok, mais où sont passées leur rage et leur fraîcheur d’antan ?.. De ces vieux briscards, je ne vois plus aujourd'hui que ces sacrés Manic Street Preachers à avoir conservé (plus ou moins) intacte leur hargne originelle. Balinger fait souffler un vent frais et puissant qui nous fait plaisir et nous redonne des couleurs. Il paraît que la pochette est censée représenter une explosion, quelque chose d’émanant et d’imminent. C'est tout-à-fait ça.

Ma première impression était finalement la bonne: cet album est une bombe atomique !



J-Yves


5/5: *****








Let Go - balinger.bandcamp.com
 1. Let Go (3:30)
 2. Reborn Again (4:05)
 3. Fire Burning (3:40)
 4. Before I Go (4:48)
 5. Evolve (3:30)
 6. Voices (4:10)
 7. Save Me (3:45)
 8. All Alone (5:10)
 9. Ghost (4:12)


 Balinger - www.balinger.fr
 Jim Rosemberg: chant, guitare
 Thomas Caillou: guitare
 Gael Petrina: basse
 Gaëtan Allard: batterie



 photo: (c) Balinger




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