vendredi 26 juin 2015

Les Innocents - Mandarine

Les Innocents - Mandarine (06/2015)
Le voilà enfin, cet album qu'on n'attendait plus à force d'attendre. C'est jamais très bon de faire durer les choses, et s'il en est bien une qui ne doit pas s'éterniser, c'est bien l'attente. On y reviendra.
Les Innocents, tout le monde connaît. C'est bien, ça va m'épargner d'écrire un chapitre retraçant leur histoire, et on va pouvoir aller direct à l'essentiel. Disons juste que Les Innocents d'aujourd'hui ne se résument plus qu'à 50% du groupe originel, à savoir le duo JiPé Nataf / Jean-Christophe Urbain. Un peu comme si Paul et Ringo décidaient aujourd'hui de sortir un nouvel album sous le nom des Beatles. Pourquoi conserver le nom des Innocents ?.. question n°1.
Séparés depuis 1999, le duo annonce retravailler ensemble à partir de 2009, et le projet d'un album en commun à partir de 2013. On connaît les 2 musiciens: ce ne sont pas des mitraillettes à albums. Avec Les Innocents (les "vrais") ils n'ont sorti que 4 abums studio en l'espace de 10 ans. Appliqués, rigoureux, leur perfectionnisme et leur sens de la précision s'entendaient dans chacun de leurs morceaux. Qu'on se rassure: ils ont su garder ce qui fait une part de leur spécificité.
On se demandera juste pourquoi ces annonces à répétition, à l'image d'un vulgaire plan média destiné à faire saliver la populace ? (question n°2). J'aime pas les plans médias. Je préfère être pris par surprise, à l'improviste. 
On arrête alors de se faire des nœuds au cerveau, on insère l'objet dans la platine CD et on écoute. Attentivement, inutile de préciser. 
Le premier titre, Les Philarmonies Martiennes, on connaît: le fameux plan média nous l'avait proposé en écoute anticipée sur à peu près tous les réseaux sociaux et toutes les plateformes musicales actuelles. Un morceau sympa, mais sans plus, et on se dit que c'est logique: c'est l'appât. Il doit être consensuel, formaté pour attirer le plus grand nombre. Et effectivement, les nostalgiques de l'ex-quatuor y retrouvent l'allant, la verve, le texte travaillé et la fameuse précision dans l'interprétation dont il était question dans le paragraphe précédent. On en attend cependant nettement plus des auteurs de Fous à Lier (la chanson) ou des Jours Adverses
Arrive "Love Qui Peut", et on est confiant: ça va, "nos" Innocents sont bien là, de retour... Leur pop-folk n'a pas pris une ride, c'est toujours aussi chatoyant, vif, inspiré et coloré. Intacts leur sens de la mélodie, des harmonies vocales, du refrain entraînant. Le hic, c'est que ça ne dure pas.. "Les Souvenirs Devant Nous" qui suivent sont fades, inodores et incolores. Idem pour "Harry Nilsson"; "Petite Voix" je préfère ne pas en parler, je vais m'énerver... On va faire simple: il faut sauter jusqu'à "J'ai Couru" et "Oublier Waterloo" pour retrouver l'esprit "originel". Par correction, je ne parlerais pas de "Erretegia", chanté... en anglais !!
Soyons clair (voire objectif, mais c'est plus dur...): cet album n'est pas mauvais. Il est même très bon si on se base sur la production musicale actuelle, du moins celle qui bénéficie d'un "plan média". Du niveau du dernier Moriarty, minimum... Il est bon, oui. Mais non.
C'est un très bon album de pop-folk française. C'est un très bon album de Jipé Nataf / Jean-Chri Urbain. C'est clair. Mais il ne faut pas s'attendre à un album des Innocents, sous peine d'être déçu: c'est un album moyen, très moyen, des Innocents. C'est même leur plus mauvais.
On en revient donc à la question n°1 (pour ceux qui ont suivi): Pourquoi les Innocents ?
J'en sais rien, mais je subodore une méchante opération marketing, un plan com' foireux, et ça m'embête fortement, pour rester poli. Les gars sont talentueux, reconnus, respectés, respectables, qu'allaient-ils faire dans cette galère ?..


J-Yves


Innocents: 2/5: *****
Jipé/Jean-Chri: 4/5: *****





Mandarine:
1. Les Philarmonies Martiennes (3:59)
2. Love Qui Peut (3:43)
3. Les Souvenirs Devant Nous (5:25)
4. Harry Nilsson (2:52)
5. Petite Voix (4:12)
6. Floués du Banjo (3:48)
7. J'ai Couru (3:07)
8. Erretegia (3:01)
9. Oublier Waterloo (2:58)
10. Sherpa (4:42)

jeudi 25 juin 2015

Jaylis - My Lonely Shadow

Jaylis - My Lonely Shadow (06/2015)
Derrière ce joli nom, Jaylis, se cache un trio emmené par Sandra Loerincik Barrat, née sur le bord Suisse du lac Léman. Son premier instrument de prédilection est la batterie, qu'elle joue dans plusieurs groupes. Elle délaissera la musique quelque temps, pour réaliser un projet bien plus important et enrichissant (dans le sens épanouissement personnel): fonder une famille. Quelques années plus tard, les enfants grandis, le retour à la musique se fait sentir et Sandra troque sa batterie pour une guitare. A l'automne 2013, entourée de plusieurs musiciens, elle sort son premier album "Precious as the Diamonds...". A son rythme, loin de l'agitation ambiante, elle nous offre en ce mois de juin un EP, "My Lonely Shadow", directement issu d'une Live Session en studio.
La musique de Jaylis / Sandra est fraîche, romantique et spontanée. Son folk intimiste (guitare-contrebasse-batterie, accompagné parfois d'un orgue hammond) est à la fois agréable et revigorant, un peu comme cette fine brise qu'on apprécie en période de forte chaleur. Le chant féminin, doublé, apporte une note supplémentaire de légèreté et de douceur. On retrouve chez Jaylis la même délicatesse, la même sensibilité et surtout la même élégance que chez Cocoon, Julia Stone, Feist ou Boy. Rien que ça...
Il fallait bien un bémol: en optant pour le format court (chansons de 3' maximum), l'EP et ses 4 titres dure moins d'un quart d'heure... inutile de dire qu'on reste sur sa faim. 
Mais si on replace l'objet dans son contexte (une photographie instantanée du travail en cours en studio) alors l'objectif est pleinement réussi: nous mettre l'eau à la bouche pour le prochain album. 

Qu'on attend avec impatience !


J-Yves


4/5: *****


En écoute et en vente sur bandcamp: jaylis.bandcamp.com





My Lonely Shadow:
1. My Lonely Shadow (3:05)
2. Regrets (2:53)
3. Spleen (2:15)
4. Whatsoever (3:05)

samedi 13 juin 2015

Lloyd Project - Shelter

Lloyd Project - Shelter (06/2015)
Il y a un peu plus d'un an, le premier EP de Lloyd Project, Last Train to Babylon, était chroniqué ici-même sur le blog (lire la chronique ici). Difficile déjà de ne pas rester insensible au rock fortement teinté de blues, dans la pure lignée des '70s, du trio parisien.
Avec ce nouvel EP, Shelter, nous retrouvons ce qui avait fait le charme du précédent opus: énergie (de l'interprétation), efficacité (du style), précision (des compositions). Mais ce qui ressort avant tout sur ce Shelter, c'est qu'on sent que le groupe s'est avant tout concentré sur la mise en forme des morceaux. On est frappé dès l'entame par ce monstrueux Moonrise, floydien en diable, basé sur une progression aussi intense que limpide. Le Black Dove qui suit nous rappelle Last Train to Babylon (le morceau): un rock bluesy, accrocheur, en rupture, peut-être un peu moins aérien que son frère aîné, plus lourd. Une légèreté que l'on retrouve sur le Shelter qui suit, lui aussi basé sur une lente progression. Gros travail sur l'orchestration, les arrangements et les chœurs, qui en fait le morceau phare de l'EP (en même temps c'est un peu logique, c'est lui qui en donne le titre...). Si le Vertigo, et dans une moindre mesure Time to Go, qui suivent restent dans la mouvance blues-rock, la pression et l'intensité retombent avec le déchirant et écorché Visions, à forte orientation pop. 
Difficile de parler de l'évolution d'un groupe sans tomber aussitôt dans les clichés les plus plats; et pourtant impossible ici de ne pas souligner le fait que le trio, loin de se contenter d'appliquer une recette éprouvée, cherche au contraire le meilleur moyen d'allier rugosité et sensibilité, brutalité et délicatesse, sans pour autant faire dans l'expérimental ou dans le prog le plus tortueux. 
Sans vouloir dénigrer ceux qui font du sur-place en se regardant le nombril (obligé: en marchant tête en bas, on finit fatalement par se prendre un poteau ou un mur), ce sont quand même tous ces groupes et artistes qui cherchent, fouillent et avancent qui sont les plus intéressants et qu'on prend plaisir à suivre. 
Lloyd Project fait incontestablement partie de ceux-là.




EP dispo sur le site du groupe: http://www.lloydproject.com




J-Yves

4/5: *****




Shelter [EP]:
1. Moonrise (4:02)
2. Black Dove (3:30)
3. Shelter (3:57)
4. Vertigo (3:44)
5. Time to Go (5:22)
6. Visions (4:28)


Lloyd Project:
Alexis Lloyd: Chant, guitare
Loris Lloyd: Piano, claviers, chœurs
Antoine Ladoué: Batterie, séquences, chœurs. 





jeudi 11 juin 2015

In The Canopy [news]

Quelques mois après la sortie de son 2ème EP "The Light Through" (chroniqué sur ce blog en janvier dernier, ici), In The Canopy sera en concert le 12 juin prochain au Divan du Monde pour le Festival Folk You.  

Quelques dates suivront:
- 18 juin: MJC Boby Lapointe (Villebon sur Yvette)
- 16 juillet: Plage du Glazart w/ Mary May - Tisane Sonore 
- 7 août: Festival du Chien à Plumes (Langres)




J-Yves








Barbarella Wang [news]

Barbarella Wang nous propose son nouveau single: Look At Me Now



Présente à la présélection des Inrocks Lab/Sosh et bien accueillie par le public lors de ses premières scènes, elle prépare plusieurs dates dont quelques virées nationales. La première date sera le 17 juin prochain, plage du Glazart:





J-Yves



mardi 9 juin 2015

Dream Theater - Anathema - Myrath


Soirée exceptionnelle en perspective dans un peu plus d'un mois. 
Dans un cadre magnifique, le Théâtre Antique d'Arles, 2 groupes faisant partie du haut du panier et qu'on ne présente plus, et un troisième pouvant légitimement y prétendre. 

Quelle affiche !


J-Yves




samedi 6 juin 2015

Great Lake Swimmers - A Forest of Arms

Great Lake Swimmers - A Forest of Arms (04/2015)
Je découvre aujourd'hui ce groupe de folk Canadien (Toronto), alors qu'il vient de fêter ses 12 ans d'existence et que ce A Forest of Arms est leur 6ème album studio.
Dès leurs débuts, leurs albums ont reçu un accueil plus que positif, aussi bien de la part de la presse que du public (ce qui est assez rare pour être souligné). On notera avant tout Great Lake Swimmers (2003) et Bodies and Minds (2005). Le groupe n'étant pas du genre à changer une recette gagnante, à savoir une folk mélancolique, nostalgique et douce-amère, lorgnant parfois vers la pop, la discographie s'en retrouve quelque peu linéaire et homogène.
Emmenés depuis leur création par l'auteur-compositeur ("songwriter") Tony Dekker, qui se charge aussi du chant, les Great Lake Swimmers proposent donc ici avec ce nouvel album ce qui constitue leur marque de fabrique: des chansons courtes, directes, où alternent rythmes lents et ambiances plus chatoyantes. Si les titres pop (I Must Have Someone Else's Blues et surtout One More Charge at the Red Cape) font penser aux New Pornographers, d'autres comme I Was a Wayward Pastel Bayou ou A Bird Flew Inside the House possèdent un certain côté Kathleen Edwards. Mais ce sont les titres les plus "simples" (dans le sens "dépouillés") et les plus mélancoliques qui restent les plus intéressants; il en va ainsi du poignant Don't Leave Me Hanging (peut-être le meilleur morceau de l'album), de I Was a Wayward Pastel Bay ou de The Great Bear. Pas de doute: Tony maîtrise le spleen.
Mais il ne faudrait pas s'arrêter à ce qui précède: cet album n'est en aucun cas la bande son idéale pour dépressif suicidaire. Loin de là. Parfois léger, il bascule c'est vrai dans la mélancolie mais c'est pour mieux rebondir sur l'insouciance. Sans révolutionner le genre musical (folk / indie) il reste largement abordable et mérite une écoute attentive. Les amateurs de chansons sensibles et délicates y trouveront leur compte, du moins je l'espère...


J-Yves

4/5: *****









A Forest of Arms
1. Something Like a Storm (3:14)
2. Zero in the City (3:05)
3. Shaking All Over (3:50)
4. Don't Leave Me Hanging (3:12)
5. One More Charge at the Red Cape (3:10)
6. I Was a Wayward Pastel Bay (3:15)
7. A Bird Flew Inside the House (2:47)
8. A Jukebox in a Desert of Snow (3:40)
9. I Must Have Someone Else's Blues (3:12)
10. The Great Bear (4:17)
11. With Every Departure (3:14)
12. Expecting You (3:52)

Great Lake Swimmershttp://www.greatlakeswimmers.com/
Tony Dekker: lead vocals, guitar
Erik Arnesen: guitars, banjo
Miranda Mulholland: violin, backing vocals
Bret Higgins: bass 
Joshua Van Tassel: drums