vendredi 29 mai 2015

Mayra & Mr Mow - Les Ardoines

Mayra & Mr Mow - Les Ardoines (11/2014)
C'est en 2009 que Mayra rencontre Mr Mow (Nicolas Mollet), mais le duo ne se formera officiellement qu'un an plus tard. Mayra vient du sud du Brésil. Née à la toute fin des années 80, elle est très vite attirée par le chant et entre au conservatoire à l'âge de 10 ans, où elle se spécialise en lyrique et en jazz. Mr Mow, né à la même époque que Mayra, est plutôt attiré par la six cordes et les sonorités electro-acoustiques. Le duo en place, il s'attache tout de suite à composer des morceaux, ce qui donnera un premier EP, "Maybe A Little Drunk" en été 2011, suivi d'une tournée en France. 
En 2012, ils franchissent le pas de l'album, "Songs For Orpheus". En 2013 ils s'installent en résidence dans la région parisienne. Rejoints par Paul à la batterie, le duo se transforme en trio et part à l'assaut des scènes françaises, afin de parfaire leur identité. La pop aux sonorités jazz des débuts se durcit quelque peu, sans pour autant remettre en question leur pop-folk-atmosphérique qui reste leur marque de fabrique.
En novembre dernier est sorti leur 2ème EP, "Les Ardoines", du nom de la zone industrielle où le trio possède sa base arrière pour composer.
En 5 titres, le groupe nous propose un folk nerveux et entraînant (Magic Lady), une electro-pop étherée (We Were, Devil, WADDTS) et une pop-rock psychédélique hypnotique (Run). On l'aura compris, l'EP est à forte connotation pop aérienne. Le chant est souvent doublé, Mr Mow et Mayra jouant à cache-cache ou se renvoyant la balle la majeure partie du temps.
Maîtrisé, abouti, sensuel, planant, subtil et fragile, cet EP mérite largement qu'on lui consacre une écoute attentive.

Album en écoute sur soundcloud ...

... et en vente sur le site du groupe: mayramrmow.com





J-Yves

4/5: *****









Les Ardoines:
1. Magic Lady (3:13)
2. We Were (4:05)
3. Run (3:28)
4. Devil (3:43)
5. WADTTS (3:30)


mardi 26 mai 2015

Prog'Sud 2015 - 2ème soirée


Encore une bien belle édition de Prog'Sud, en ce week-end d'Ascension. Emploi du temps oblige, nous avons zappé la première soirée, mais nous sommes restés fidèles aux soirées du vendredi et du samedi, plus faciles à "caser".

Vendredi:

The Last Embrace confirme sur scène le sans-faute de leur dernier album, The Winding Path, chroniqué dernièrement (lire ici). Appliqué, sérieux et concentré, le groupe a parfaitement joué sa partition et a su rendre en live toute la complexité de l'album. Un peu de folie n'aurait pas été malvenue, mais ce serait chercher la petite bête. Essai transformé, qui confirme le gros potentiel de ce groupe !

The Last Embrace


Delirium reste dans la droite lignée du prog italien, avec cependant une forte connotation anglo-saxonne, à la croisée de Jethro Tull et de King Crimson. Très beau set, ponctué de soli de guitares monstrueux du "petit jeune" (comparé aux autres membres) Michele Cusato. La très bonne surprise de ce festival.

Delirium


Enfin The Watch clôture cette soirée, avec un set entièrement consacré à des reprises de Genesis (sauf au rappel). Si la première partie, consacrée à The Lamb... a été assez poussive et tiède (en même temps, The Lamb est un pur album studio, difficile à retranscrire en live), il n'en a pas été de même par la suite, avec un Firth of Fifth gigantesque et un Cinema Show de toute beauté.

The Watch





J-Yves




photos (c)JYves R. / jesterprogblog




lundi 25 mai 2015

Belle and Sebastian - Girls in Peacetime Want to Dance

Belle and Sebastian - Girls in Peacetime Want to Dance (01/2015)
En règle générale, pour ma part, la première impression est la bonne. En règle générale. Et si la règle avait été respectée, ce CD serait aujourd'hui en orbite géostationnaire, ou pire, croupirait sur l'étagère des albums à éviter d'écouter... Oui, il y a une étagère de ce type, pas bien grande, dans la cédé-thèque. C'est assez idiot, quand on y réfléchit...
Belle and Sebastian n'est pas un duo, comme je l'ai crû à l'origine. Formé à la fin des années '90, ce groupe écossais (Glasgow) comporte pas moins de 6 membres, avec à leur tête Stuart Murdoch. Ce Girls in Peacetime Want to Dance est leur 9ème album studio.
La marque de fabrique de BaS est une pop douce, naïve et délicate, à l'image des Magnetic Fields, Rufus Wainwright ou des Divine Comedy. A l'origine soutenue par le violoncelle d'Isobel Campbell, qui quitte le navire en 2002, la musique proposée a toujours été d'une grande finesse, aux mélodies suaves et sensibles. Peu adepte des changements, des prises de risques ou des remises en questions, la discographie du groupe reste assez linéaire (à l'image de leurs pochettes d'albums). A l'écoute de ce nouvel opus, on s'attend donc à se retrouver en terrain connu, comme les fois précédentes.
Dès l'entame, on retrouve avec Nobody's Empire et Allie ce qui fait la force du groupe: mélodies accrocheuses, entraînantes, orchestrations au cordeau. C'est bon ça, on va se régaler...
Et puis paf ! arrive The Party Line, suivi de The Power of Three: entre disco et R'n'B actuel, pures daubes pour dance floor issues des plus sombres années '80, on se pince pour vérifier qu'on ne cauchemarde pas. Ce truc, c'est du Belle and Sebastian ?!.. impossible !
C'est à ce moment précis, entre la 9ème et la 14ème minute, qu'on se demande si le CD n'est pas voué à la destruction. Comme s'il le pressentait, The Cat with the Cream vient calmer le jeu. Suivi d'un Enter Sylvia Plath qui nous redonne des boutons. 
Il en sera ainsi jusqu'au bout: une partie de cache-cache en 12 actes, où le chaud alterne avec le froid, la clarté avec l'obscurité, la grâce et l'élégance avec la lourdeur et la pesanteur.
On ne sort pas indemne de la première écoute, du moins pour ceux qui ont côtoyé le groupe par le passé. Groggy, interloqué, on est pris par surprise et on essaie de comprendre ce qui a bien pu arriver à Stuart Murdoch et sa bande pour nous proposer "ça" !
Mais dans le même temps, une petite voix nous pousse à redonner une nouvelle chance à l'album. D'abord parce que les titres "classiques" sont réellement bons: outre ceux déjà cités, on rajoutera The Everlasting Muse et son opposition couplet-refrain aux ambiances contradictoires, ainsi qu'un Ever Had a Little Faith ? ou un The Book of You dans la droite lignée brit-pop des sixties.
Et puis parce que finalement, au fur et à mesure des écoutes (et il m'en a fallu un paquet !) on perçoit derrière la boule à facettes, les paillettes et les stroboscopes des titres dance, ce qui fait le charme de ce groupe depuis près de 20 ans: une pop classieuse, une poésie à fleur de peau, une très grande sensibilité, de la finesse, et beaucoup de délicatesse. On comprend alors un des buts de l'album: transposer sous une forme différente la musicalité et la douceur habituelles. Un exercice de style, en quelque sorte. Du moins c'est comme cela que je le perçois. Il faut s'accrocher, prendre le temps nécessaire pour passer les obstacles (surtout ce The Party Line, d'un pénible !) mais à la longue, une fois abstraction faite du premier rideau, on découvre alors un album d'une beauté rarement égalée.
En règle générale, pour ma part, la première impression est la bonne. En règle générale. Cette fois-ci, j'avais tout faux: cet album est magnifique.   



J-Yves

4/5: *****


Côté lumière: Nobody's Empire.




Girls in Peacetime Want to Dance:
1. Nobody's Empire (5:11)
2. Allie (3:17)
3. The Party Line (4:15)
4. The Power of Three (3:58)
5. The Cat with the Cream (5:18)
6. Enter Sylvia Plath (6:50)
7. The Everlasting Muse (5:26)
8. Perfect Couples (5:31)
9. Ever Had a Little Faith? (4:23)
10. Play for Today (7:34)
11. The Book of You (4:24)
12. Today (This Army's for Peace) (5:29)

Belle and Sebastian:
Stuart Murdoch: vocals, electric and acoustic guitar, keyboards
Stevie Jackson: vocals, electric and acoustic guitar
Sarah Martin: keyboards, electric and acoustic guitar, vocals
Chris Geddes: keyboards
Bobby Kildea: bass
Richard Colburn: drums, percussion


dimanche 10 mai 2015

Grus Paridae - Passes By (EP)

Grus Paridae - Passes By (EP - 2014)
Grus Paridae ne se définit pas comme un groupe mais comme un collectif. En fait, il s'agit de la rencontre de 2 musiciens multi-instrumentistes finlandais, Petteri Kurki et Rami Turtiainen rejoints pour l'occasion par le violoniste Jarno Koivunen. Leur mini (très mini) EP est sorti l'an dernier. Ne contenant que 2 titres, il est difficile d'établir une ligne directrice ou de donner une description du projet en lui-même. 
Ce qui est certain, c'est qu'il règne ici une ambiance résolument progressive, voire fusion/jazz-rock. Si le premier titre, Passes By, est dans la droite ligne d'un Opeth époque Damnation (très Wilsonien, donc) avec son rythme lent, lourd et pesant, transpercé par 2 soli de guitare floydien, il n'en est pas de même d'Inheritance of Devotion, plus énergique et tortueux, tirant en cela un peu plus vers le jazz-rock, voire l'expérimental.
Avec ces 2 titres assez différents, tout en étant curieux et intéressants, on est en droit d'en attendre davantage de ce Grus Paridae très prometteur. On attend donc la suite avec impatience.

Plus d'infos sur la page fb du groupe: https://www.facebook.com/GrusParidae



J-Yves


3/5: *****      trop court !...






Passes By - EP:
1. Passes By (5:38)
2. Inheritance of Devotion (4:51)

Grus Paridae - Lineup
Petteri Kurki, Rami Turtiainen: all Vocal, Guitars, Synths, Basses, Drums and percussive composing/programming
Jarno Koivunen: Violins, additonal guitars




vendredi 8 mai 2015

Eden Soul - Eden Soul (EP)

Eden Soul - Eden Soul EP (04/2015)
Eden Soul est un tout jeune groupe, dont l'aventure débute en 2014. Mais jeune ne veut pas forcément dire novice ou débutant. Plus qu'un groupe, Eden Soul est avant tout un projet, regroupant des musiciens  chevronés. A la base, on trouve Yvan Guillevic, guitariste, auteur, compositeur et leader de PYG (pour Projet Yvan Guillevic), et basé à Lorient (Bretagne, donc). Découvert en 2011 à la sortie du premier album de PYG, End of the World, et immédiatement séduit par le rock musclé proposé, le petit frère We Live, We Die (2013) confirma ma première impression: on avait affaire là à du très bon progressif rugueux, limite metal, et, ce qui ne gâche rien, français, malgré le chant en anglais (lire chronique ici).
De chez PYG, on retrouve chez Eden Soul la voix féminine: Nelly Le Quilliec. Chanteuse de rock progressif aux frontières du metal, donc. On va y revenir...
Aux claviers, Jorris Guilbaud multiplie les projets et les collaborations, dont une avec... PYG (Song of the Werewolf, sur We Live, We Die). Yvan ayant joué plusieurs fois avec Pat O'May, voisin normand qui propose lui aussi un rock puissant et énergique, c'est sans trop de surprise qu'on retrouve un collaborateur (entre autres) de Pat ici, à savoir Hilaire Rama, à la basse. Pour finir, Patrick Boileau à la batterie, qui a joué avec Dan Ar Braz, a aussi participé à l'opéra rock Anne de Bretagne avec... Pat. La boucle est bouclée.
Arrivé à ce stade de la chronique, on se dit: "ok: PYG, Pat O'May, on parle donc d'un album bien pêchu, de metal progressif". Et on aura tout faux.
Parce que Eden Soul oscille entre jazz, funk, blues, et... soul. Et là, on est complètement bluffé.
Et pour plusieurs raisons: avec Yvan à la guitare, on s'attend au premier abord à retrouver chez Eden Soul ses riffs ciselés. Loupé. Loin de monopoliser le propos, le jeu est ici tout en discrétion, en arrière plan, en soutien. Parce qu'ici, le lead, ce n'est pas la guitare, c'est la voix. Et la voix, c'est Nelly.
Voilà donc le point central, le centre de gravité de cet EP: Nelly. La chanteuse puissante, engagée, de PYG se transforme ici, admirablement, en chanteuse lancinante, douce et sensuelle, à l'image de ce Si Haut... troublant.
A la croisée d'une Norah Jones, d'une Sade ou encore d'une Maurane, Nelly nous berce et nous fait chavirer de sa voix chaude et posée. A l'écoute de cet EP, trop court (mais c'est la règle), on lâche prise et on se laisse transporter par cette ambiance jazzy, cosy et softy. Entre un Jardin d'Enfants et un Tell Me, difficile de résister à l'abandon. 
Totalement bluffant, on est agréablement surpris à l'écoute de ces 5 titres par leur délicatesse et leur sensualité. C'est fin, langoureux et subtil. Chanté tantôt en anglais, tantôt en français, sur des compositions propres au groupe (pas de reprise, ni d'adaptation), ce mini-album ne se consomme pas comme une simple part de pizza ou une vulgaire boisson gazeuse, mais au contraire comme un mets raffiné ou un alcool distingué.
Si le but de cet EP est de faire chavirer l'auditeur dans une douce et paisible langueur, le temps d'une parenthèse ouatée et lancinante, c'est totalement réussi.



J-Yves

4/5: *****








Extraits en écoute sur soundcloud: edensoul 
EP en vente sur le site Eden Soulhttp://www.yvan-guillevic.com/projets/5-eden-soul


Eden Soul - EP
1. Get You Baby (3:45)
2. Si Haut (4:10)
3. Tell Me (4:40)
4. Jardin d'Enfants (3:15)
5. Ailleurs (4:40)
6. Si Haut - Night Toughts Remix (3:55)

Eden Soul - band
Nelly Le Quilliec: chant
Yvan Guillevic: guitare
Jorris Guilbaud: claviers
Hilaire Rame: basse
Patrick Boileau: batterie