vendredi 10 avril 2015

The Last Embrace - The Winding Path

The Last Embrace - The Winding Path (03/2015)
Il y a quelques mois de cela, je découvrais les parisiens de The Last Embrace avec leur album acoustique Essentia (lire la chronique ici). Comme je n'aime ni les redites ni les copier-coller, je vais faire (très) court pour la présentation: né en 1998 et ayant connu de multiples changements de line-up, ayant multiplié les scènes, les festivals et ayant ouvert pour des pointures comme The Gathering, Antimatter ou Danny Cavanagh (Anathema), TLE semble avoir trouvé depuis quelques années une stabilité lui permettant de réaliser des projets laissés longtemps en suspend. C'était le cas pour Essentia, composé de versions réarrangées et réorchestrées de titres d'Inside et Aerial, sortis respectivement en 2005 et 2009. C'est aussi le cas de ce The Winding Path, à la tournure résolument plus "progressive". Pour notre plus grand plaisir.
Parce que cet album est une réussite, et à plus d'un niveau.
Tout d'abord dans la prise de risque: il faut déjà oser se lancer dans des morceaux de plus de 10 minutes, alors que dire lorsqu'on flirte avec les 20 minutes !.. The Field of Minds, pièce centrale de l'album (dans tous les sens du terme) est réussi du début à la fin: longue introduction aux cordes (guitare/violon) suivi d'une progression qui finit par un riff saignant de guitare, laissant plus loin la place à de longues nappes de claviers, qui elles-mêmes... enfin, bref, on pourrait écrire encore 20 ou 30 lignes, ça ne suffirait pas à décrire ce morceau. Ni les autres, d'ailleurs. Variées tout en étant cohérentes, les compositions aux structures complexes ne sont pas qu'une simple juxtaposition ennuyeuse de rythmes ou d'ambiances. Il y a un réel liant entre les thèmes, preuve d'un très gros travail sur la forme mais aussi sur le fond.  Prise de risque encore quand on joue sur la dualité puissance / douceur, ce qui nous amène au point suivant.
L'orchestration. A ceux qui, comme moi, considèrent Anathema comme les maîtres dans l'art de fondre puissance et légèreté, les seuls à savoir conjuguer la grâce des violons ou des nappes de synthé avec la lourdeur des guitares saturées, jetez vos 2 oreilles sur Let The Light Take Us, fantastique morceau instrumental, d'une richesse incroyable, tant au niveau de la construction que de l'orchestration. Un instrumental qui provoque de l'émotion, c'est rare. Et ça nous amène au 3eme point.
L'émotion. Je l'ai écrit dans une chronique précédente: pour ma part, un grand album, un grand morceau, est celui qui sait provoquer de l'émotion. L'émotion est ce qui donne de la profondeur, du corps. Et c'est peut-être le critère le plus difficile à définir ou à identifier, parce que le plus personnel et le plus subjectif: quel est le facteur qui donne de l'émotion ?.. Pour moi, dans le cas de TLE, comme dans le cas de The Gathering ou d'Anathema, pour une grande part c'est le chant. Sandy, non contente de signer les textes, pose sur une musique tour à tour soyeuse et rugueuse sa voix de velours, à l'image d'Anneke ou de Lee Douglas. Sur Essentia, je comparais le chant de Sandy à celui de Marjana Syomkina (iamthemorning), cette même impression de ne pas forcer, d'allier puissance et virtuosité, sans faire dans la démonstration. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter Nescience... 
Pour terminer, TLE nous propose ici un album possédant de la personnalité, de l'envergure, digne des plus grands. Techniquement maîtrisé, aussi bien au niveau musical (composition et interprétation) qu'au niveau de la production. Riche sans être pompeux, foisonnant sans être indigeste. A la fois metal, atmosphérique, mélodieux, léger, sensible, délicat, puissant, lourd, mais surtout d'une très grande profondeur, il mérite toute notre attention. 
TLE vient ici de frapper un grand coup et peut légitimement être considéré comme faisant partie du haut du panier en matière de rock progressif...



J-Yves


5/5: *****






The Winding Path:
1. On My Own (7:36)
2. Nescience (7:01)
3. The Field Of Minds (18:31)
4. The Fear Of Loss (5:47)
5. Let The Light Take Us (5:42)
6. White Bird (10:03)

The Last Embrace: www.thelastembrace.fr
Sandy: Chant
Olivier: Guitares
Anthony: Basse
Chris: Batterie
Pierre-Henri: Claviers, Piano


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