vendredi 3 avril 2015

Franck Carducci - Torn Apart

Franck Carducci - Torn Apart (01/2015)
Depuis 3 mois que je l'écoute régulièrement, je ne sais toujours pas dire si cet album me plaît ou pas: je reste mitigé. Techniquement et musicalement excellent de bout en bout, sans fausse note, j'en suis toujours à ma première impression, à savoir que je ne me suis ni retrouvé accroché à la tringle à rideaux, ni tombé par terre (l'un étant la suite logique de l'autre, vu que je suis nul en escalade...).
Mais avant d'expliquer le pourquoi de la chose, petite présentation de l'Artiste. Franck Carducci est un multi-instrumentiste français (basse, guitare, claviers, batterie..) auteur, compositeur et interprète. Bref, il sait tout faire. Et il le fait bien. En 2008, après avoir acquis une solide expérience de la scène et des studios grâce à ses nombreuses collaborations, il quitte sa ville natale, Lyon, pour s'installer à Amsterdam, où là encore il va écumer les nombreux clubs de la ville et des alentours.
Conséquence logique: en 2011, il sort son premier album personnel: Oddity, bien accueillit en règle générale. Le succès de l'album et de la tournée européenne qui l'accompagne confortent Franck à réaliser ce deuxième album, Torn Apart, sorti en janvier dernier.
S'il a abordé plusieurs genres musicaux depuis ses débuts, son genre de prédilection reste le rock progressif, le vrai, celui des pionniers. Dans son morceau Alice's Eerie Dream (de l'album Oddity) Franck joue le rôle du Chapelier fou et porte son fameux couvre-chef. Difficile de ne pas faire le rapprochement (ou le raccourci) avec l'emblème du célèbre label Charisma Records. Label, faut-il le préciser, qui a lancé puis accompagné Genesis tout au long de leur carrière, a continué de travailler avec Peter Gabriel et Steve Hackett lorqu'ils ont quitté le groupe, et qui a collaboré sur quelques projets avec Hawkwind et Van der Graaf Generator. Nous (les vieux "machins") avons tous eu dans les mains ces vinyles à l'étiquette aussi symbolique et culte que celle avec la pomme des albums des Beatles...


Il y a donc dans ce Torn Apart tous les ingrédients d'un rock progressif classique, sans jamais donner l'impression d'être démodé, vieillot ou hors sujet. Inutile de se lancer dans une liste de groupes, d'artistes ou d'albums prog' dont on retrouve ici les influences ou les clins d’œil: ils y sont tous, ou presque !... Bande-son idéale pour illustrer un imaginaire "Rock Progressif pour les Nuls", je sais maintenant quel album faire écouter à quiconque me demandera à l'avenir ce qu'est le progressif, et nul doute qu'il appréciera. Parce que la qualité technique est là, ainsi que la variété des compositions, des thèmes et des instrumentations. Et parce que pendant l'heure que dure l'écoute, on ne s'ennuie pas un instant. En technique et en artistique, nous avons affaire ici à du très haut niveau.

Ben qu'est-ce qui cloche, finalement ?
Pour illustrer, je prendrais le dernier morceau, School, un titre de Supertramp. Alors oui, ok, je prends le morceau bonus en exemple (et une reprise en plus); un peu comme si, dans un menu de restaurant, on parlait de l'amande au chocolat qui accompagne le café... 
Dans School, donc, version originale, dès la première phrase - quand Roger (Hodgson) chante "I can see you in the morning, when you go to school" - on sent, par l'intonation de la voix, la résignation, le sentiment d'impuissance de ce père désolé de voir son fils ne pas aimer l'école, préférer traîner dans le parc plutôt que rentrer à la maison faire ses devoirs, comme Johnnie ("qui est très bon, il ira loin, lui"). En contrepoint, la voix de Rick (Davies) symbolise, elle, l'autorité et la volonté qui manquent à ce père. Roger imprègne School d'une émotion qui lui donne de la profondeur. Dans la version de Franck, School manque de cette profondeur, du moins je ne la retrouve pas.
Et voilà donc ce qui coince sur ce Torn Apart, pour ma part: un manque d'émotion. Ce petit truc, de ci de là, qui vous transporte ou vous fait fondre, vous fait monter au rideau ou vous met les fesses par terre. Certains diront qu'ils la ressentent cette émotion, et qu'elle est bien présente, au contraire. De mon côté, j'ai beau essayer, ça ne vient pas...
(c) http://www.franckcarducci.com
Alors ok, on peut dire "houlà, c'est chercher la petite bête, couper les cheveux en 4, trouver la meule de foin dans l'aiguille" (rayer les propositions inutiles). C'est vrai. Mais d'un autre côté, faire du prog' qu'on pourrait qualifier de "Charisma Records" compatible, c'est vachement osé, et pour le moins casse-gueule, les victimes sont nombreuses. Niveau émotion, des morceaux comme The Musical Box, Firth of Fifth (aussi dur à écrire qu'à prononcer, celui-là !), Lover's Leap (l'ouverture de Supper's Ready), ou Blood on the Rooftops, ça se pose là !.. 

Il faut donc reconnaître à Franck sa sincérité, son enthousiasme et son talent, sa manière de s'inspirer du prog' classique et originel pour en proposer une version personnelle, et non pas se contenter d'en faire une pâle copie.

Nul doute finalement que c'est sur scène que ces morceaux et cet album prennent toute leur dimension. Franck participant au prochain Prog'Sud dans quelques semaines, ce sera un excellent moyen de vérifier !






Album en écoute (et en vente) sur bandcamp: http://franckcarducci.bandcamp.com/ et sur le site de Franck: www.franckcarducci.com


J-Yves


3,5/5: *****



Torn Apart  
1. Torn Apart (10:16)
2. Closer to Irreversible (04:48)
3. Journey Through the Mind (08:00)
4. Artificial Love (02:08)
5. A Brief Tale of Time (12:35)
6. Girlfriend for a Day (01:51)
7. Mr Hyde & Dr Jekyll (06:14)
8. Artificial Paradises (14:08)
9. School [bonus track] (05:39)


Band
Franck Carducci: chant, guitares, basse, claviers
Christophe Obadia: guitares, chant
Michael Strobel: guitares
Mathieu Spaeter: guitares
Olivier Castan: claviers
Laurent Falso: batterie
Mary Reynaud: chant
Nicolas Gauthier: chant


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