jeudi 29 janvier 2015

In The Canopy - The Light Through

In The Canopy - The Light Through (02/2015)
Il y a 2 ans, presque jour pour jour, je suis tombé sous le charme d'In The Canopy en moins de 6 minutes, soit la durée de leur superbe morceau Never Return. J'avais dans la foulée chroniqué leur premier EP, du même nom, avec l'envie de faire partager cette découverte (chronique Never Return).
Car c'est un fait: In The Canopy mérite d'être connu.

Le jeune groupe parisien formé en 2011 par Joachim (chant), après un bel accueil de l'EP, va connaître une non moins belle trajectoire: participation à Rock en Seine en 2013, à l'émission "On Va Tous Y Passer" (France Inter) et au Printemps de Bourges (2014), sans compter les multiples concerts.
Vient l'heure du 2ème EP, The Light Through, (sortie le 13 février prochain) après une année de travail et un appel de financement participatif via la plateforme KissKissBankBank.

Un "mini-album" pas loin d'être un "vrai", car avec ses 6 titres il avoisine les 30 minutes. Des titres qui prennent le temps de s'installer, de se développer, car c'est une des spécificités de la musique proposée par ITC: ne pas prendre l'auditeur à la gorge, ne pas l'agresser d'entrée de jeu, mais le laisser doucement plonger dans leur univers. Car oui, il y a bien un univers musical particulier à cette canopée. Un univers essentiellement vaporeux et serein, tout en délicatesse, mais d'où surgissent au détour d'une phrase, d'un refrain, une énergie et une violence aussi soudaines et explosives qu'instantanées. A l'écoute d'un morceau d'ITC, on est en permanence sur le qui-vive, attentif, car on s'attend à tout moment à être surpris. Le plus étonnant, c'est que même après avoir écouté plusieurs fois un morceau, on s'attend encore et toujours à une surprise !
Evidemment, il y a des exceptions, notamment ce Opening qui propose une ouverture linéaire toute en douceur, aérienne, en suspension. Pas de sursaut d'énergie ici, mais une totale apesanteur, une lente et longue respiration; magique...
Une impression d'apesanteur qui reste un peu comme la marque de fabrique du groupe, confortée par le chant léger et haut perché de Joachim, qui arrive à certains moments à des altitudes himalayennes !
Pas de riffs rageurs (ou si peu), ni de structures binaires, mais une succession d'architectures complexes, de changements de rythmes et d'ambiances, y compris à l'intérieur d'un même morceau. Une musique "vivante".
Aucun instrument ne prend réellement le pouvoir, pas de monopole; on peut cependant noter une certaine prédominance des synthés. Les arrangements, riches et variés, ne sont ni pompeux ni boursouflés. Parce que la musique proposée est ciselée, précise, délicate. 
S'il fallait résumer l'ensemble, 2 mots devraient suffire:
- maîtrise: compositions, chant, instruments, orchestration, production, on sent que tout est maîtrisé, sous contrôle, malgré la complexité technique des morceaux. Pas de place à l'improvisation ni à l'insouciance, ça assure grave, comme disent les jeunes !
- évolution: là encore, que ce soit musicalement, vocalement et techniquement, l'évolution est nette et sensible par rapport à Never Return. Quand le groupe annonce qu'il a bossé une année entière sur le projet, on les croit sans hésiter tant le travail se ressent à l'écoute. Au No Room For You ou New 6 d'hier, plutôt homogènes dans leurs constructions, nous avons le droit aujourd'hui à un Crystal Ball, un In the Attic mais surtout un The Light Through (quel morceau !) d'une richesse et d'une profondeur impressionantes. Du grand art.

Teinté d'une grosse dose de poésie, l'univers tout en délicatesse d'In The Canopy saura séduire les amoureux d'émotions aériennes. En vue: la cime des arbres.



J-Yves


4/5: *****


Site web: In The Canopy






The Light Through
1. Opening
2. 1, 2, 3, 4 Hands
3. Crystal Ball
4. Keeping An Eye
5. In The Attic
6. The Light Through


In The Canopy
Joachim Müllner: chant / guitare
Thomas Martinez: guitare
Maxime Lunel: guitare / synthés
Erwan Karren: basse
Thomas Chalindar: batterie



mercredi 28 janvier 2015

Fish + Wolve au Ninkasi


Initialement prévu le 16 novembre dernier mais reporté pour cause de maladie de Fish, le concert de Wolve et de Fish aura finalement lieu le 5 Février prochain.

Allez-y nombreux !


dimanche 25 janvier 2015

The Last Embrace - Essentia

The Last Embrace - Essentia (10/2013)
On a beau être en état de recherche(s) et de découvertes permanente(s), d'être constamment à l'affût de la moindre actualité musicale, d'écouter des dizaines de milliers de morceaux de la part de milliers d'artistes ou groupes, ça ne loupe jamais: on passe systématiquement à côté de belles choses. C'est bien ce qui fait le charme de la chose, me direz-vous...
L'important, ceci dit, réside dans le fait de corriger l'erreur, de combler certaines lacunes. Et en ce qui concerne The Last Embrace, question lacune, je m'aperçois que je viens d'en combler une belle ! Je ne remercierais jamais assez celui qui a laissé tomber, comme par magie, ce Essentia dans ma boîte aux lettres (il se reconnaîtra).
Résumer l'histoire de ce groupe, né en 1998, n'est pas chose facile, tant le line-up a évolué au cours de ces 15 années d'existence. Le seul membre fondateur du groupe reste Olivier, avec sa triple casquette guitariste-compositeur-manager. D'ailleurs TLE ne se définit pas comme un groupe mais comme un "projet", terme effectivement plus approprié. 
Il faut attendre 2003 pour la sortie de leur premier EP, The Last Embrace, puis 2006 pour l'album Inside. Le groupe multiplie les concerts et les premières parties, entre autres celles de The Gathering, d'Arena, Agua de Annique (Anneke Van Giersbergen) et Danny Cavanagh (Anathema). En 2009 sort Aerial, en 2011 ils se produisent au (célèbre) festival Crescendo, puis fin 2013 sort ce Essentia.
A la lecture des groupes dont ils ont fait la première partie, il est assez facile de déduire la musique proposée par TLE: du metal progressif atmosphérique. 
Ce qui:
1. est réducteur (on dira pourquoi plus bas)
2. me conforte dans l'idée que ce n'est plus une lacune que je viens de combler, mais réaliser une véritable faute professionnelle, vu que j'écoute entre "pas mal" et "beaucoup" de metal prog atmosphérique, et que je ne connaissais toujours pas TLE. Je suis à 2 doigts de m'auto-licencier...
Pour terminer la présentation, il est utile de préciser que TLE est localisé sur Paris. Et oui, The Last Embrace est français; on regrettera juste le fait que si le groupe (enfin, Olivier) avait opté pour la langue maternelle, le nom du groupe aurait alors été "La Dernière Etreinte", ce qui, on peut en convenir, aurait eu de l'allure... dommage.
Pour revenir au côté réducteur de la chose, c'est avant tout dû au fait que justement, TLE est français. Parce que les français, on le sait, ne font jamais les choses comme tout le monde. Quand on parle de metal prog, même atmosphérique, on s'attend à des riffs lourds s'appuyant des napes de claviers; qu'on se rassure: il y en a (sinon il y aurait comme un problème, non ?..). 
Mais pas que. 
Non, il y a une foultitude d'autres choses, et pour commencer un certain sens de la mélodie, du rythme et de la musicalité. Et une très grande dose, surtout sur ce Essentia, de mélancolie et de sensibilité, sans doute dûe en grande partie au chant féminin doux et délicat de Sandy. A ce niveau, difficile de ne pas penser à Anneke ou Marjana Syomkina (iamthemorning).
Sensibilité d'autant plus perceptible que Essentia marque une pause dans l'histoire du groupe. Il s'agit d'un album acoustique, qui reprend quelques morceaux d'Aerial et Inside, 2 titres inédits et une reprise de Portishead. Les riffs de guitares saturées sont remplacés par des instruments à cordes (violons, violoncelle), une guitare acoustique et un piano, accompagnés d'une basse et une batterie discrètes. Ici, l'accent est mis sur la douceur, et ça fait un bien fou.
Je parle souvent d'albums "apaisants": ceux qui savent provoquer chez l'auditeur une sensation de quiétude, de sérénité, de tranquillité intérieure, tout en satisfaisant notre goût d'originalité musicale et de structures complexes (oreilles "progressives" oblige !) et c'est ce que ce Essentia illustre parfaitement.

The Last Embrace annonce la sortie de leur prochain album, The Winding Path, pour le mois de mars prochain. Raison de plus d'attendre le printemps avec impatience...



J-Yves


4/5: *****


Album en écoute sur soundcloud: Essentia [soundcloud]









Essentia:
1. Aerial
2. Can You
3. Essentia [inédit]
4. Inside
5. Mother
6. Switch On [inédit]
7. Complete City
8. Impending Dawn
9. Precious Pond
10. Roads [Portishead cover]


The Last Embrace:
Sandy: Chant
Olivier: Guitares
Pierre-Henri: Claviers
Anthony: Basse
Chris: Batterie




samedi 17 janvier 2015

Pat O'May - Behind the Pics

Pat O'May - Behind the Pics (12/2014)
Pat O'May, comme son nom ne l'indique pas au premier abord, est originaire de Haute-Normandie (Rouen); et comme son nom l'indique, Pat possède des racines irlandaises. Inutile de préciser que cela s'entend dans sa musique, disons plutôt son rock musclé, souvent qualifié de hard-rock ou metal celtique. Car Pat, loin de renier ses origines celtiques, se fait un honneur de les mettre en avant et rejoint en ce sens les grands guitaristes du genre, tels Garry Moore et Rory Gallagher. Il suffit d'écouter la superbe ballade instrumentale "Michael's Calling" pour s'en convaincre (du côté celtique).
Pat est auteur-compositeur-interprète, mais avant tout guitariste, et roi du riff !
Il est aussi boulimique: non content de sortir un album en moyenne tous les 2 ans, il multiplie les concerts et festivals (dont de nombreux festivals consacrés à la musique celtique), et les collaborations, dont l'opéra "Excalibur, the Celtic Rock Opera", aux côtés d'Alan Parsons, Martin Barre (Jethro Tull), John Helliwell (Supertramp) et Jon Anderson, excusez du peu...

"Behind the Pics" est son 8ème album solo, 2 ans après "Celtic Wings". Le mastering a été réalisé aux studios Abbey Road, rien de moins. Ca peut éventuellement donner une idée de la qualité du son...
Sur 2 morceaux (On the Moor et Little Big Horn), Pat s'est offert le plaisir d'être accompagné du New Symphony Orchestra de Sofia. Le mélange est particulièrement réussi, notamment la splendide intro de On the Moor qui ouvre l'album. Little Big Horn est un instrumental pétri d'émotion, où la guitare de Pat est magnifiquement soutenue par l'ensemble de l’orchestre.
Pour le reste, on a le droit à une très grande variété de rythmes et d'ambiances: les amoureux de riff trouveront leur compte sur les énergiques No Religion, My Mate et We Can Dance. Les amateurs de prog, eux, déjà bien alléchés par On the Moor, se laisseront convaincre par Break Out et Never Turn Back, entre neo-prog d'hier et metal prog à la Coheed and Cambria d'aujourd'hui.


Pas le temps de s'ennuyer tout au long des 50 minutes que dure l'album, où alternent temps forts et temps faibles, puissance et lentes respirations. Le groupe est compact, solide et efficace. La production nickel, on en a parlé au début de cette chronique. Bref, rien à jeter dans ce bel objet (même la pochette est belle !).


Toujours très concerné par ce qui se passe autour de lui, Pat écrit des textes (en anglais) souvent centrés sur l'homme, ses comportements, ses relations. 
Et d'une triste actualité...
No religion no pain
No religion no tears
No religion no lies
Too many people die

Actualité et air du temps qui me pousserait aujourd'hui à clamer: Je Suis Pat !



J-Yves

4/5: *****






Behind the Pics:
1. On the Moor (5:25)
2. No Religion (3:26)
3. The Quest (5:15)
4. Michael's Calling (4:12)
5. My Mate (5:48)
6. We Can Dance (5:09)
7. Break Out (4:44)
8. Little Big Horn (3:21)
9. The Beast (4:34)
10. Never Turn Back (4:07)
11. Stand in the Light (3:37)

Pat O'May: guitares, chant, mandoline, bouzouki
Jonathan Noyce: basse
Christophe Rossini: batterie
James Wood: guitare acoustique, claviers, chant



Photos du Prog'Sud 2011: (c) J-Yves-JesterProg.