samedi 29 novembre 2014

Bjørn RIIS - Lullabies in a Car Crash

Bjørn RIIS - Lullabies in a Car Crash (11/2014)
Bjørn RIIS, pour ceux qui ne le sauraient pas, est le "lead guitar" du groupe Norvégien Airbag. Il participe aussi à l'écriture des textes du groupe. Après le somptueux The Greatest Show on Earth sorti par Airbag l'an dernier, un des tous meilleurs albums prog de l'année 2013 et unanimement acclamé par les critiques et le public, Bjørn se lance dans l'aventure solo et nous propose en cette fin d'année 2014 ce Lullabies in a Car Crash, qui fait, lui, nettement moins l'unanimité.
A l'écoute d'Airbag, on se dit que les gars ont beaucoup écouté, et donc beaucoup aimé, Pink Floyd. Je ne refais pas tout un baratin sur le Floyd, je l'ai fait dernièrement (c'est 2 chroniques plus bas: chronique), juste pour dire qu'Airbag, s'il ne fait pas du Floyd mieux que le Floyd, le fait quand même très bien.
A l'écoute de ce Lullabies..., on se dit que Bjørn a beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup écouté, la bande à Waters. Et on se doute que si Bjørn s'est mis à jouer de la guitare, Gilmour y est sans aucun doute pour quelque chose... D'autant plus qu'il lui dédie tout un site web, à la renommée certaine (http://www.gilmourish.com).
Côté chant, il ne faut pas être cartomancien ou devin pour y voir une nette influence Wilson-ienne. Il n'y a pas que du Floyd dans la musique de Bjørn, il y aussi pas mal de Porcupine Tree. Vous allez me dire: quelle différence, sachant que Porcupine Tree est lui aussi inspiré du Floyd ?.. eeeh, mais c'est que vous suivez les gars, c'est bien !.. Et là, finalement, on touche un peu le noeud du problème, du moins "mon" problème avec cette frange du prog appelée neo-prog: l'impression que tout le monde fait à peu près la même chose. J'aime bien Airbag: c'est beau, propre, élégant, mélodieux, classieux. OK. Mais bon, soyons honnête: côté personnalité, spécificité, c'est un peu léger, non ?.. Les musiciens sont très bons, Bjørn joue (presque) comme son maître, ils sont tous techniquement excellents et nettement au-dessus de la moyenne, mais... Mise à part la technique, où est la valeur ajoutée ? Oui, quelques passages instrumentaux de The Greatest Show on Earth ou de Lullabies in a Car Crash distillent une certaine dose d'émotion, c'est vrai, mais c'est à se demander si cette émotion n'est pas provoquée par le Floyd, au travers du jeu des musiciens. Une émotion par procuration, en quelque sorte...
Ceci dit, pour revenir à Lullabies... on se laisse facilement transporter par les 6 titres de l'album, aux longues plages instrumentales entrecoupées de passages chantés. Niveau ambiance et couleur musicale, ça reste toutefois très linéaire. On aurait aimé des prises de risques, des montées, des descentes, mais dans la construction ça reste finalement assez uniforme. Loin d'être désagréable, on prend du plaisir à l'écoute de ce qui reste malgré tout un bon album. Mais on sent chez Bjørn, comme chez Airbag, un tel potentiel encore inexploité qu'on attend avec impatience le jour où ils vont lâcher les chevaux et laisser s'exprimer leurs propres personnalités. Si jamais un tel jour arrive....




J-Yves

3/5: *****





Tracklist: 
1. A New Day (4:16) 
2. Stay Calm (10:09) 
3. Disappear (6:27) 
4. Out of Reach (10:02) 
5. The Chase (7:08) 
6. Lullaby in a Car Crash (13:27)

vendredi 28 novembre 2014

ONE DIVIDE - Open Wounds [EP]

One Divide est un trio Bordelais, composé d'Alex Grey (chant et guitare), Rob White (chant guitare et clavier) et Sébastien Black (batterie). Ils proposent une pop froide, sombre et intimiste, sur laquelle plane un chant envoûtant.
Le groupe, qui vient de sortir son premier EP, nous présente Open Wounds accompagné de son clip. Deux autres titres, Chained et Salomé, complètent le mini-album. Une alternance d'univers, à l'image des textes tantôt en français, tantôt en anglais, ainsi qu'un mix entre electro et instruments acoustiques, donnent une couleur spécifique aux 3 morceaux.


Plus d'infos sur la page facebook du groupe: https://www.facebook.com/onedividemusic



Tracklist:
Open Wounds
Chained
Salomé




J-Yves

dimanche 23 novembre 2014

Noem - Le Grand Mensonge

NOEM - Le Grand Mensonge (11/2014)
Il y a un peu plus d'un an, à quelques jours près, j'écrivais une chronique sur un album, Petites Apocalypses, et un groupe, Noem, que je découvrais et dont je venais d'avoir le coup de foudre (lire la chronique); album sorti fin 2011, et qui continue régulièrement de venir bercer mes oreilles.
Revoici aujourd'hui les Canadiens de Sherbrooke avec leur second album, Le Grand Mensonge, qui sort en cette fin novembre.
On a tendance à dire que le 2ème album d'un artiste, ou d'un groupe, reste en général dans le prolongement du 1er, et que c'est véritablement à partir du 3ème (l'album de la "confirmation") que les choses sérieuses commencent.
Visiblement les membres de Noem n'ont pas la même perception de la chose... S'il ne fait aucun doute qu'on a bien affaire aux auteurs de Clandestin ou de Nostradamus, présents sur leur 1er opus, on note (déjà) une nette évolution, dans le fond comme dans la forme. 
Musicalement, le virage (ou l'option) electro est nettement plus prononcé. Je n'ai jamais caché mon aversion pour le genre electro, que je pourrais résumer par le fait que je déteste la musique jouée par des ordinateurs. Les ordinateurs peuvent et savent faire correctement plein de choses, certaines mieux que les humains. Mais s'il reste un domaine où ils n'ont rien à y faire, c'est bien la musique (on pourrait dire l'Art en général, mais là j'ai pas envie de partir dans des digressions philosophiques...). Malheureusement, de nos jours, on pense la musique destinée au "grand public" non plus comme un Art mais comme un Marché. Alors bonjour les ordis, aussi bien comme instruments, que comme musiciens, producteurs, ingénieurs du son, voire même chanteurs (merci auto-tune). Alors l'electro, non merci.
Pour revenir à Noem, je dirais que l'electro est utilisée avec parcimonie et à bon escient. On reste dans ce rock froid, sombre mais toujours délicat et sensible (Loin d'ici, Mena'Sen, L'Issue). Et lorsque le tempo ralentit, on baigne alors dans des ambiances lourdes et brumeuses, à la beauté d'une noirceur délicieuse (Marée noire, Cette seconde, Ma belle enfer). Pour provoquer l'émotion Noem ne nous propose pas les lentes progressions d'un Anathema, ni les riffs écorchés d'un Manic Street Preachers. Comme déjà dit dans la chronique de Petites Apocalypses, il y a chez Noem une rage intérieure, une fausse douceur et une quiétude de façade, de celle qu'on retrouve chez Daran, mais aussi, dans une certaine mesure, chez Lazuli. Cette notion de force contenue, sous-jacente, qui laisse place en surface à un calme relatif est magnifiquement mise en lumière dans le très beau A courir.  
Il faut aussi souligner le rôle primordial du chant (en français !) qui contribue pour une grosse part à cet aspect et à cette atmosphère si particuliers dans lesquels nous plonge le groupe. La voix chaude, souple et posée de Vincent reste sans faille: toujours en retenue, souvent feutrée, quelque fois écorchée, mais qui jamais n'est prise en défaut ni ne déraille, accompagne à merveille un propos désenchanté, inquiet, mais en alerte permanente et à l'écoute du monde actuel. Difficile de rester insensible à ces textes d'une poésie certaine, surtout lorsqu'ils sont chantés avec ce délicieux accent canadien !

Album de la confirmation avant l'heure, Noem nous offre ici un écrin de toute beauté. Il y a des mensonges qu'on prend plaisir à écouter, tel est le cas. Tombé une nouvelle fois sous le charme, Le Grand Mensonge fait partie des tous meilleurs opus qui ont baigné mes oreilles en cette année 2014. Et ceci est la stricte vérité !

Album en écoute (partielle) sur le site du groupe: noem.ca




J-Yves


5/5: *****


Noem
Vincent Vachon: voix, guitare
Charles-Emmanuel L'Espérance: piano, synthés 
Benoît Marquis: basse 
Antoine Auger: guitare, voix 
Jean-Philippe Godbout: batterie


Le Grand Mensonge
1. Le grand mensonge (3:58)
2. Loin d'ici (3:55)
3. Marée noire (3:40)
4. Mena'sen (3:29)
5. Cette seconde (4:48)
6. L'issue (3:56)
7. Ma belle enfer (3:19)
8. A courir (5:39)
9. A vous (2:49)
10. Tout s'écroule (3:15)
11. La grande traversée (4:44)

samedi 22 novembre 2014

And You and Yes




AND YOU AND YES

Tribute band rendant hommage à la musique du groupe de rock progressif YES (années 1969/1979) 


En concert le 31 janvier 2015 –20h00 L’Alhambra 
4 rue du miroir 
7000 Mons (Belgique)


Plus d'infos sur le site du groupe: And You and Yes




J-Yves

dimanche 16 novembre 2014

Pink Floyd - The Endless River

Pink Floyd - The Endless River (11/2014)

Aujourd'hui, pour quoi que ce soit, on est Pour ou Contre. Le libéralisme, le soda sans sucre, les fast-food, la voiture électrique, ou les claviers sans fil, on est Pour ou Contre, et pas d'alternative possible. Ensuite, les Pour et les Contre, chacun de leur côté, discutent entre eux et palabrent à l'envie sur leur joie et leur bonheur d'avoir si bon goût. Mais jamais, ô grand jamais, un Pour et un Contre essaieront de débattre intelligemment pour comparer leurs motivations et ce qui fait qu'ils soient dans un camp ou dans l'autre. Et jamais, ô grand jamais, un Pour arrivera à convertir un Contre, ni un Contre convertir un Pour. Chacun son camp, et sur le moment, on ne changera rien. On finira par s'insulter voire se mettre sur la gueule, mais on ne changera pas d'avis. Seul le temps qui passe fera le job, et seul lui nous fera revenir sur nos opinions passées. Oui, je dis bien "nous", car moi aussi j'ai mes convictions profondes: oui, la soupe aux courges c'est infect, oui il faut être taré pour sauter en élastique d'un pont suspendu, non Mireille Matthieu n'est pas une grande artiste, ni le rap de la musique (et là, sur ces 2 derniers points, c'est définitivement acquis: même le temps ne me fera pas changer d'opinion !).
Tout ça pour dire que je ne vais pas me casser la tête ni perdre 2 ou 3 heures de mon temps (temps moyen qu'il me faut pour écrire une chronique) pour tenter de convaincre qui que ce soit au sujet de ce dernier Pink Floyd. Les Pour sont pour, les Contre sont contre. De mon côté, j'ai choisi mon camp. J'en changerai peut-être dans quelques années. Mais ça m'étonnerait...
Si je voulais souligner quelque chose, au sujet de ce dernier album, c'est que justement, c'est le dernier. Jusqu'au prochain. Parce que oui, fatalement, il ressortira dans quelques années des fonds de tiroirs, comme il ressort régulièrement des inédits ou des versions de travail d'Hendrix ou des Beatles. Le dernier. Merde...
Allez, faut quand même finir sur une note positive. Il s'agit bien d'un album de Pink Floyd. Dans le sens où il n'y a pas de doute, ce n'est pas du Floyd à la sauce r&b, electro ou ce genre de daube infâme. Non, ça reste le Floyd qu'on a connu, qu'on a adoré, qu'on a vénéré. On a chacun "sa" ou "ses" période(s) fétiche(s): la période Barrett (psychédélique), la période Ummagumma (expérimentale), la période pré-Dark Side (musicale), la période Dark Side-Animals (commerciale) ou encore la période The Wall (mégalomanie Waters-ienne) pour finir par la période Division Bell (phase terminale). On les retrouve à peu près toutes sur cet album testament, du moins en filigrane, mises à part les 2 premières. Incontestablement, donc, on a affaire au Floyd. David et sa guitare sont habituels: stratosphériques. Ce type possède le plus beau toucher de corde de la galaxie. Il joue de la guitare en 3-D: personne d'autre que lui n'arrive à transposer une telle émotion en si peu de notes. Son solo final sur Confortably Numb, le plus beau de tous les temps, mérite à lui seul une statue. Et si vous n'êtes pas d'accord, relisez le premier chapitre de cette chronique: sur ce point de vue non plus, personne ne me fera changer d'avis !!
Le jeu de Nick reste lui aussi un régal. Faudra un jour qu'on m'explique pourquoi il est rarement cité lorsqu'on liste les "meilleurs" batteurs. Efficace, discret, il a une façon toute particulière d'annoncer et d'introduire le solo de David à venir. A la première écoute d'un morceau, lorsque vous entendez cette descente de toms si spécifique, instinctivement vous savez que David suit derrière.
Enfin, Richard. Lui par contre est régulièrement cité parmi les meilleurs claviéristes, et il n'y a rien à y redire. Lui aussi a posé son empreinte dans le monde des claviers. On retrouve son élégance physique dans son jeu, tout en subtilité et en nuances. Sensible, fin et délicat. Rarement un musicien n'aura réussi à retranscrire dans son jeu sa personnalité profonde.

Pour finir, cet album est en tête de toutes les ventes. Un album du Floyd, qui fait du Floyd, en tête des ventes en 2014, c'est incroyable, non ? On nous matraque de musique pourrie, on nous inflige des tortures auditives à longueur de journée, on essaie de nous persuader qu'il suffit de gueuler pour être une star, et quoi ? un album instrumental, de rock progressif, allant à l'encontre totale de l'air du temps, est en tête des ventes ?
Je sais pas vous, mais moi, ça me redonne espoir dans le genre humain, ce truc. 

Alors pour ça, et surtout, surtout, pour tout le reste, cher Pink Floyd: MERCI !




J-Yves




mardi 11 novembre 2014

Iamthemorning - Belighted

Iamthemorning - Belighted (09/2014)
Une fois n'est pas coutume, allons (un peu) à l'encontre de la tendance générale. Unanimement apprécié et vanté, cet album ne me convainc pas, et m'a même déçu. Il faut dire que j'en attendais beaucoup, et que le résultat n'est pas à la hauteur de l'espoir... J'ai découvert ce duo pétersbourgeois en 2012. Hein ?.. bon ok, disons plutôt des gens habitant à Saint-Pétersbourg, en Russie, donc... Composé de Gleb Kolyadin au piano et de Marjana Syomkina au chant, j'ai donc découvert ce duo, disais-je, avec leur album "~" (prononcez Waves) sorti en 2012. Ce fut immédiatement le coup de foudre; quand beaucoup de groupes rock tentent de revisiter leurs morceaux à la mode classique, avec orchestres philharmoniques, ou se contentent simplement de rajouter quelques violons et instruments à vent sur leurs guitares, iamthemorning prend le chemin opposé: de formation classique, ayant débuté sous forme d'un quintet (le duo étant accompagné d'un trio à cordes), ils y ont ajouté une orchestration rock (guitare, basse, batterie), pour proposer une série de titres tous plus élégants et classieux les uns que les autres; le rapprochement avec Kate Bush a été maintes fois souligné, et il est vrai qu'il résume parfaitement le propos.
Avec Belighted, iamthemorning délaisse le côté classique, pour durcir le ton, du moins dans la forme. Est-ce dû à la présence de Gavin Harrison à la batterie, à la désormais appartenance du groupe à l'écurie Kscope (excellent label, au demeurant) ? le fait est qu'on a l'impression d'écouter un album de Porcupine Tree chanté par Kate Bush, et le charme est rompu...
Dès l'entame, notre enthousiaste première écoute se refroidit quelque peu: The Howler ressemble à n'importe quel morceau de The Gathering (au hasard), suivi d'un To Human Misery qui ne ressemble à rien de particulier non plus, les violons jouant à cache-cache avec une batterie omniprésente qui écrase tout (quand c'est pas avec les toms, c'est avec les cymbales !), bref, où sont la délicatesse d'un inside ou la virtuosité et l'orchestration magique d'un burn ?.. Il faut attendre le 5ème morceau, Romance, pour retrouver "notre" duo fétiche, qui nous charme de nouveau un peu plus loin, avec un splendide et émouvant Crowded Corridors, point culminant de l'album. L'étrange Os Lunatum, expérimental à souhait, nous offre un ultime sursaut, quand K.O.S nous ramène brutalement sur terre (une fois encore à cause de cette #*$?@ de batterie !).
  
Alors ok, ce n'est pas un mauvais album. Disons juste qu'il n'est pas à la hauteur de son frère aîné. On n'y retrouve pas l'âme, le relief, la profondeur et la sensibilité qui font toute la magie de ~. Et c'est bien dommage...



J-Yves

3/5: *****


http://iamthemorningband.bandcamp.com/


Gleb Kolyadin: grand piano, keyboards 
Marjana Semkina: vocals, backing vocals 

Gavin Harrison: drums
Max Roudenko: bass
Vlad Avy: guitar
Andres Izmaylov: harp

Nevsky String Quartet: 
Anna Tchijik: First Violin
Kristina Popova: Second Violin
Vladimir Bistritsky: Viola
Vsevolod Dolganov: Cello

Turner Quartet: 
Robert Yeomans: First Violin
Ruth Funell: Second Violin
Holly Rouse: Viola  
Rosie Banks-Francis: Cello

Belighted:
1. Intermission IX (01:20)
2. The Howler (03:57)
3. To Human Misery (04:18)
4. Intermission X (00:53)
5. Romance (03:01)
6. The Simple Story (03:30)
7. Intermission XI (01:21)
8. 5/4 (03:50)
9. Crowded Corridors (08:44)
10. Gerda (04:52)
11. Os Lunatum (04:31)
12. Intermission XII (02:36)
13. K.O.S. (06:06)
14. Reprise Of Light/No Light (05:16)
15. Intermission XIII (00:58)