dimanche 20 juillet 2014

Beth Hart & Joe Bonamassa - Live in Amsterdam [DVD]

Hart / Bonamassa - Live in Amsterdam [2014]

Il y a parfois un DVD, une bande son, un album live qui ne laissent pas indifférent, qu'on se passe et repasse régulièrement parce qu'ils sortent de l'ordinaire. En voici un parfait exemple.

Lui: Joe Bonamassa, guitariste, USA. Son univers: le rock et le blues. Dix albums solo au compteur, plus 3 albums très hard-rock 70s avec le Black Country Communion, où il jouait avec Glenn Hughes, Jason Bonham et Derek Sherinian, et dont la fin en mars 2013 ne s'est pas passée dans la joie et la bonne humeur (Joe a quitté le groupe et leur a interdit de garder le nom s'ils comptaient poursuivre sans lui... ambiance).
Joe n'est pas un guitar-heroe, un m'as-tu-vu , un excité du manche. Il ne se promène pas en bermuda avec un cartable sur le dos, pas de bandeau dans les cheveux, pas même un chapeau, pas de tignasse ni queue de cheval, non, rien de rien (je ne regrette... ok, je la laisse tomber, celle-là). Joe n'a pas de look particulier, pas de charisme, c'en est presque désespérant. Joe ne monopolise pas le devant de la scène, ne met pas de façon négligée un pied sur un retour de scène en regardant le plafond, ne montre pas du doigt régulièrement une hypothétique connaissance dans le public, ne passe pas plus de temps à jouer avec ses pédales qu'avec sa guitare, bref, Joe n'en fait pas des tonnes, même pas des kilos. Quelques postures, quand même, avec les grimaces qui vont avec, comme des figures imposées, en quelque sorte... Très propre sur lui, costume sombre, chemise blanche-boutons de manchettes, front (légèrement) dégarni et coupe courte, il délaisse ici ses habituelles lunettes noires pour un paire de vue plus classique. Joe fait plus penser à un comptable ou un employé de banque qu'à un bluesman ou une rock-star. N'empêche.. Joe possède un toucher de cordes, un son, une technique à nul autre pareils. A l'instar d'un Warren Hayes ou d'un Dereck Trucks aujourd'hui, d'un Gregg Allman ou d'un Stevie Ray Vaughan hier, Joe fait partie de ces guitaristes qui perpétuent la tradition d'un blues américain fortement teinté de rock, à la limite du hard-rock, et qui le rend si spécifique.

Joe, c'est la glace.

Elle: Beth Hart, chanteuse, USA. Son univers: le blues, le jazz, la soul. Sept albums solo au compteur. Beth, c'est avant tout une VOIX. Elle chante le blues et la soul comme les plus grandes: Etta (James), Ella (Fitzgerald), Billie (Holiday) ou Aretha (Franklin). Oui, je sais: les noms entre parenthèses ne servent à rien, tout le monde connaît ces grandes dames. Enfin, du moins j'espère... mais bon, on ne sait jamais. Beth, c'est aussi un look, une "gueule": bad girl. Tantôt cuir, tantôt jean, souvent en mini-jupe, presque toujours bras nus, laissant apparaître les tatouages sur son bras droit (alors qu'Anneke elle les porte à gauche.. hein ?.. on s'en tape ?.. oh, ça va..), elle n'a rien d'une enfant sage et bien élevée, au contraire. A la voir, Beth, on se dit même que ses parents n'ont pas dû rigoler tous les jours... Beth ne cherche pas la lumière: elle l'attire. Beth ne se déplace pas vers le devant de la scène: c'est la scène elle-même qui se rétrécit pour que Beth soit devant. Beth ne chante pas le blues ni la soul, elle les transpire, elle les vit. De toute son âme. Sa voix chaude, puissante et intense n'a d'égal que l'énergie et l'intensité qu'elle déploie tout au long du set. Son interprétation du "I'd Rather Go Blind" d'Etta James la hisse à des sommets rarement atteints par tous ceux et toutes celles qui se sont attaqués à ce monument de la musique soul. Beaucoup s'y sont fourvoyés ou noyés, Beth, elle, se l'approprie et le porte à un tel niveau d'intensité et d'émotion que ça en tutoie la perfection. 

Beth, c'est le feu.

La glace et le feu. 

Ces deux là étaient fait pour se rencontrer, indiscutablement. Un duo à l'unisson, en parfaite harmonie, en totale osmose. Pendant 1h40, on en prend plein les yeux, mais surtout plein les oreilles, ce qui reste quand même le plus important. L'image en HD machin, en full-truc, les prises de vues en 4K-bidule-chose et tout et tout, je ne vais pas en parler: j'y connais rien, et vous savez quoi ?.. ce DVD, quand je le mets, je le regarde... les yeux fermés !

Un DVD ?.. non, juste une bombe atomique.



J-Yves


5/5: **********
hein, quoi ?.. ça fait 10/5 ?.. et alors ?




1. Amsterdam, Amsterdam!
2. Them There Eyes
3. Sinner's Prayer
4. Can't Let Go
5. For My Friends
6. Close To My Fire
7. Rhymes
8. Something's Got A Hold On Me
9. Your Heart Is As Black As Night
10. Chocolate Jesus
11. Baddest Blues
12. Someday After Awhile (You'll Be Sorry)
13. Well, Well
14. If I Tell You I Love You
15. See Saw
16. Strange Fruit
17. Miss Lady
18. I Love You More Than You'll Ever Know
19. Nutbush City Limits
20. I'd Rather Go Blind
21. Antwerp Jam

dimanche 13 juillet 2014

Anathema - Distant Satellites

Anathema - Distant Satellites (2014)
On a tout dit, ou presque, sur ce Distant Satellites, 10ème album studio du groupe de Liverpool, qui suit de 2 ans le fantastique Weather Systems et d'un an le non moins magnifique DVD Universal.
Si tout a été dit, pourquoi en rajouter, alors ?
Et bien, disons que tout d'abord il s'agit d'Anathema, groupe faisant définitivement partie du haut du panier du prog actuel. La scène prog est bien vivante, énergique, mais rares sont (encore) ceux qui arrivent à posséder leurs propres univers, leurs propres caractéristiques, à se différencier les uns des autres, et à enchaîner des albums d'un niveau élevé, du moins respectable. Anathema possède cette particularité d'enfiler les albums de très haute volée comme les perles d'un collier: depuis Eternity (1996) jusqu'à Weather Systems (2012), les 7 albums délivrés ont fait l'unanimité aussi bien chez le public que chez les critiques, ce qui est assez rare pour le souligner (j'occulte volontairement les 2 premiers albums, trop marqués doom et d'accès plus difficile, et qui n'ont pas fait l'unanimité, eux...).
Plus de 20 ans de carrière, et aucun faux-pas, mis à part peut-être le Falling Deeper, mais ce n'est pas un "vrai" album (ré-interprétation avec orchestre symphonique de quelques morceaux; la plupart de ceux qui se sont amusés à ce genre d'exercice se sont gauffrés, Anathema aussi...). 
Ensuite le groupe a su évoluer, modifier sa trajectoire, du moins sur la forme. Sur le fond, le propos ne change pas: amour (perdu), tristesse, mort, mélancolie, chagrin, nostalgie... non, on ne fait pas la farandole en faisant tourner les serviettes sur du Anathema.
Reste que la mise en musique de ces sentiments a toujours été leur point fort. Les grincheux, ou simplement ceux qui n'aiment pas (ils ont le droit!) objecteront que la recette est simple: 2 accords maximum, étalés sur 5 minutes, avec une longue montée en puissance. Soyons honnête: c'est pas faux. Disons simplement que faire 2 accords, les étaler sur 5 ou 7 minutes en un long crescendo c'est une chose, mais rendre la chose BELLE, c'en est une autre. Et que ça reste beau que ce soit des violons, des nappes de synthé, des riffs de guitares, un piano ou une boîte à rythmes, c'en est une autre. Alors oui, Anathema c'est simple (du moins ça "paraît" simple), mais c'est BEAU. D'une beauté à donner la chair de poule ou des frissons. D'une beauté universelle. Et ce Distant Satellites ne déroge pas à la règle.

Voilà, pas la peine d'en rajouter, je pense...

Ceux qui ont lu, ou écouté, l'album ont noté le virage electro du groupe, en fin d'album. Pas très étonnant: on avait déjà un petit aperçu de cette nouvelle orientation sur le "The Storm Before the Calm" de l'album précédent. Et on avait bien noté le changement dans la composition du groupe, John Douglas laissant la batterie à Daniel Cardoso pour prendre en charge la programmation des claviers. Du coup les 2 derniers morceaux nous font penser à Sigur Ros, ce qui reste dans la logique des choses, les islandais étant eux aussi de grands spécialistes de l'émotion.
Enfin, pour finir, comment ne pas souligner, une fois de plus, la prestation de Lee Douglas. Le coup de génie du groupe, et l'intelligence des frères Cavanagh, a été sans aucun doute d'avoir su mettre en avant cette voix magnifique et ne pas la cantonner aux chœurs. Daniel et Vincent ont su lui laisser une place en pleine lumière et ne pas monopoliser le chant. Imparable.

Anathema persiste et signe, et continue, pour notre plus grand bonheur, de rester le maître de la sensibilité à fleur de peau. Aucun faux-pas, disions-nous...



J-Yves


5/5: *****



Distant Satellites

1. The Lost Song, Part 1 (5:53)
2. The Lost Song, Part 2 (5:47)
3. Dusk (Dark Is Descending) ((5:59)
4. Ariel (6:28)
5. The Lost Song, Part 3 (5:21)
6. Anathema (6:40)
7. You're Not Alone (3:26)
8. Firelight (2:42)
9. Distant Satellites (8:17)
10. Take Shelter (6:07)

Anathema
Vincent Cavanagh: lead vocals, guitars
Daniel Cavanagh: co-lead vocals, guitars, piano
Jamie Cavanagh: bass
John Douglas: e-drums, keyboards, programming
Lee Douglas: lead vocals
Daniel Cardoso: drums