vendredi 4 avril 2014

Lazuli - Tant que l'herbe est grasse

Lazuli - Tant que l'herbe est grasse (2014)
On ne présente plus Lazuli, qui trace sa route depuis près de 15 ans, et dont la réputation a depuis longtemps franchit nos frontières, à preuve ses nombreuses participations à divers festivals prog un peu partout en Europe. Bon, je serais piquant, je dirais même qu'ils ont une plus grande reconnaissance à l'extérieur que par chez nous. Et puis pourquoi pas ?.. quand on connaît les goûts musicaux du français moyen, à la limite c'est un gage de qualité !
Après un remaniement en 2010 (un vrai !.. pas un enfummage du style jeu de chaises musicales; enfin bref, ne nous ennervons pas...) les désormais 5 Gardois nous délivrent en 2011 "4603 Battements", véritable démonstration du renouveau du groupe, et qui nous prouve que l'orage et la tempête passés, place maintenant au principal: la musique !
Il aura fallu attendre 3 ans pour avoir entre les mains le petit frère, même si entre temps l'attente a été meublée par l'excellent DVD Live @Abeille Rôde l'an dernier.


Et moi, l'oreille collée au rail
J'entends le monde qui déraille

Si 4603 battements, par la force des choses, avait une couleur différente de ses prédécesseurs En Avant Doute et Réponse Incongrue à l'Inéluctable (sans marquer de réelle rupture, ceci dit), il n'est en pas de même avec ce Tant Que l'Herbe est Grasse.
Je n'aime pas, en règle générale, énumérer les albums les uns derrière les autres, ça fait un peu "j'ai pas grand-chose à dire, alors je meuble"; si je le fais ici, c'est pour donner un aperçu de la façon dont le groupe (et Domi Leonetti en particulier) a le sens des mots et de l'expression orale. Parce que oui, Lazuli a aussi le mérite de chanter en français, et pas pour dire des banalités !.. on en reparle plus loin.
Pas de rupture nette avec le passé donc, pour revenir à nos moutons (herbe oblige). Dans la droite lignée de son grand frère, cet album reprend les choses là où Festin Ultime (dernier titre de 4603 battements) les avait laissé.
On note cependant quelques évolutions, peu flagrantes au premier abord, mais qui surgissent peu à peu à la surface, au fur et à mesure des écoutes successives. Pas de refrain marquant, pas de rythme entêtant qui trotte dans la tête lorsque la dernière note de l'album est retombée. Peut-être parce que justement, il n'y a pas de rupture entre les couplets et les refrains; d'ailleurs il n'y a pour ainsi dire pas de réel refrain tout au long des 9 titres, si on excepte Déraille et Multicolère.  
Les longues parties instrumentales sont toujours présentes, elles, pour notre plus grand plaisir. On adore toujours autant ces échanges entre la Léode de Claude Leonetti et la guitare de Gédéric Byar, qui font là encore la spécificité du groupe. Et on ne peut plus désormais qualifier Romain et Vincent de petits nouveaux, tant leur présence et leurs jeux, d'une maîtrise totale, sont parfaitement intégrés à l'ensemble.
L'évolution la plus flagrante et la plus perceptible se situe au niveau des 2 derniers morceaux.


Dans les prés, on courbe l'échine
Mâchons la capucine
Tant que l'herbe est grasse

J'ai trouvé ta faille, tout d'abord, se décline sous forme d'un tableau en 2 actes. Une première partie typiquement lazulienne. La surprise intervient peu après la mi-parcours. Domi, une fois n'est pas coutume, délaisse le chant pour le laisser à notre Ecossais préféré: Fish himself !... qu'on se rassure: il chante en anglais. La structure du morceau, en deux parties, la première aérienne puis la deuxième un peu plus soutenue, avec la présence de choeurs féminins sur la fin, est très similaires à ce que notre ami d'Haddington a l'habitude nous proposer. Pas étonnant donc qu'il s'y sente comme un poisson dans l'eau (elle était facile...).
Le dernier titre de l'album, Les courants ascendants, d'une durée assez similaire (6 minutes), se singularise par sa deuxième moitié entièrement instrumentale où le duo léode-guitare est impressionnant de virtuosité. Une fin magistrale pour clore un album qui tient toutes ses promesses.



Au monde bruyant et affairé
Deux, trois punaises, pour qu'il se taise
J'ai planté

Comment ne pas terminer cette chronique sans parler des textes. Toujours très actuels, collés à la réalité, ils continuent d'aborder les thèmes lazuliens: usure du temps qui passe, lassitude morale, colères diverses et variées, désenchantements, amour déçu...
Contrairement à tout ce qu'on peut entendre de cette foultitude de gens qui parlent pour ne rien dire, ou pour dire tout et son contraire, ou pour parler de sujets auxquels ils n'y connaissent absolument rien, écoutez Lazuli: c'est la rare fois où on n'a pas l'impression d'être pris pour un crétin ou un débile mental. C'est fortement apréciable !

Encore une fois, Lazuli confirme tout le bien qu'on pense de ce groupe à la musicalité et à la qualité irréprochables. Ils arrivent aujourd'hui à retranscrire sur support toute la force et l'énergie qui se dégagent de leurs concerts.
Un grand parmi les grands, assurément.



J-Yves


5/5: *****


Dominique Leonetti:  chant, guitare
Claude Leonetti: Léode
Gédéric Byar: guitare
Romain Thorel: claviers
Vincent Barnavol: batterie, percussions


1- Déraille
2- Une pente qu'on dévale
3- Homo sapiens
4- Prisonnière d'une cellule mâle
5- Tristes moitiés
6- L'essence des odyssées
7- Multicolère
8- J'ai trouvé ta faille
9- Les courants ascendants





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