mercredi 30 avril 2014

Auguste - La Tristesse des Autoroutes

Auguste - La Tristesse des Autoroutes (2013)
Retour à Sherbrooke, la ville du Québec où nous avons découvert Noem et sa merveilleuse pop sombre et mélancolique. Cette fois, c'est à un folk intimiste et fragile que nous avons affaire avec Auguste et son EP "La Tristesse des Autoroutes".
Auteur, compositeur et interprète, Auguste, de son vrai nom Sébastien Pomerleau, nous délivre ici son deuxième mini-album, un peu plus de 3 ans après son "Auguste" sorti en mai 2010. A l'époque, le groupe se compose de 9 membres, Sébastien se charge des musiques et des textes. Les aléas et les difficultés habituelles à concilier vie(s) personnelle(s) et vie de groupe font exploser le band. Auguste se transforme alors en trio, puis peu de temps après en projet solo. Sacré grand écart !
"Mes idées de grandeur se sont transformées en des idées plus intimistes et simplistes. Tout est maintenant orchestré d'une façon différente. Je présente quelque chose de plus folk et minimaliste". Tout l'EP est parfaitement résumé dans ces quelques mots de Sébastien / Auguste. Un style épuré, des arrangements délicats, de douces mélodies où pointe en permanence une certaine mélancolie, on plonge avec délice dans cet univers d'une très grande sensibilité. Si l'ombre de Dylan plane souvent au-dessus des 6 morceaux qui composent la (trop petite) galette, on n'est pas loin non plus de ce que nous propose un Angus Stone, un Matt Track (Canada oblige...) voire les Lumineers


A quoi sert d'être immortel
quand on est malheureux ?

On rajoutera par-dessus tout ceci une belle voix, imprégnée, chaude et chaleureuse, au timbre particulier et à l'accent québécois certain !.. 
Aujourd'hui, Auguste a choisi de chanter en français. "Ce n'était pas naturel pour moi de chanter en français, en raison de mes influences musicales. Mais en même temps, je trouvais bizarre de chanter en anglais, puisque je ne suis pas anglophone. J'ai recentré mes ambitions... j'avais envie de quelque chose de plus simple". Si anglais rime avec reconnaissance et carrière internationale, le chant en français est pour Auguste synonyme de retour aux sources, à la simplicité, mais aussi à la possibilité de pouvoir utiliser la précision et la portée des métaphores si spécifiques à cette langue.
D'écoute facile et agréable, ce mini-album mélodieux, délicat et sensible ravira tout auditeur à la recherche d'un folk authentique, élégant et classieux.

Merci, Auguste !

L'album est en écoute sur le site: http://www.auguste.ca


J-Yves

4/5: *****







La Tristesse des Autoroutes

1- Codes et métaphores
2- La tristesse des matins gris
3- A l'ombre d'un géant
4- N.Y
5- 3 jours en hiver
6- _nil_

samedi 19 avril 2014

The WATCH - Tracks From The Alps

The Watch - Tracks from the Alps (2014)
Trois ans après la sortie de leur dernier album en date "Timeless" les italiens de THE WATCH remettent le couvert pour notre (mon) plus grand plaisir.
Perso j'ai un très grand respect pour le groupe de Simone ROSSETTI qui a su retranscrire, et ce  malgré un nombre incessant de changement de line up, l' AME du grand GENESIS, je parle bien évidement du groupe mythique dans sa  période la plus prolifique, celle de l'ange GABRIEL.
C'est à coup sûr cette époque sur laquelle s'est collé THE WATCH et en parallèle d'une carrière en live durant laquelle le groupe ne reprend quasiment que le répertoire de la genèse de façon magistrale, ils sortent malgré tout des albums comprenant leur propre répertoire comme ce "Tracks From The Alps" qui est un très bon cru.
Tout d'abord pour que les choses soient claires, je tenais à dissocier THE WATCH de ce que l'on pourrait considérer comme son pendant - MUSICAL BOX - qui tout en étant parfait (peut-être trop d'ailleurs) sur le plan scénique, rejouant note pour note le répertoire de GENESIS, n'apporte rien, en dehors des "covers", et n'ont pas l'imagination et l'authenticité du groupe transalpin.
THE WATCH en général et Simone ROSSETTI en particulier transcendent à mon sens totalement la musique de GENESIS en y ajoutant tout leur génie musical, j'ai vu ce groupe sur scène à plusieurs reprises, et à chaque fois j'ai pris une claque - leur modestie et leur gentillesse n'a d'égal que leur talent.
Alors il est certain que ce nouvel album n'égalera pas à mon sens les deux premiers albums que je considère comme leurs deux chefs d'oeuvre et qui sont respectivement "Vacum" et "Ghosts" qu'ils n'ont pratiquement jamais égalé.
Néanmoins "Tracks From The Alps" n'est pas à négliger loin de là, cet album est déjà nettement supérieur au précédent, son seul défaut étant d'être vraiment trop court, ce qui est extrêmement frustrant car ils avaient de la matière, c'est bien dommage.
Les choses commencent vachement bien pour le coup avec "A.T.L.A.S.", superbe morceau, un des plus réussi de toute leur discographie incontestablement, on est déjà scotchés après son écoute, cela constitue une formidable entrée en matière qui augure une suite tout à fait dans la mouvance.
Tous les titres sont chiadés et vous emporteront dans des sphères genesissiennes des plus envoûtantes, je ne vois aucun temps mort sur cet album qui restera comme une de leur plus grandes réussites.
Bon, je pense que vous aurez compris que je voue un culte indéfectible à THE WATCH qui a le don de me tirer une larmichette à chacune de leur prestation, et oui j'aime trop ce groupe!
Et puis quand arrive la dernière composition de l'album "The Last Mile", on y croit pas, on en voudrait vingt minutes de plus, mais c'est ainsi, ils auront décidé de "faire court" - d'ou mon extrême déception.
"No problémo" ces trente huit minutes auront été d'une rare intensité et pour tout votre travail, votre générosité et votre musique merveilleuse, je vous dis "chapeau bas messieurs"  et "gracié mille per tutti", on vous attend sur scène et qui sait un jour jouant votre propre répertoire, ça se serait un des plus beaux cadeaux que THE WATCH nous ferait, mais le public sera-t-il présent ? That is the question!


Dany

5/5: *****
  
  
www.thewatchmusic.net


1. A.T.L.A.S. (7:08)
2. The Cheating Mountain (6:12)
3. Devil's Bridge (5:07)
4. Going Out to Get you (3:42)
5. Once In a Lifetime (3:36)
6. On Your Own (4:19)
7. The Last Mile (7:30)

Line-up / Musicians
- Giorgio Gabriel / electric guitars, 6-12 strings acoustic guitars, classical guitar, bass guitars
- Simone Rossetti / vocals, mellotron, synthesizers, flute
- Valerio de Vittorio / keyboards, Hammond L122 organ and synthesizers
- Marco Fabbri / drums and percussions
- Mattia Rossetti / bass guitars and bass pedals


samedi 12 avril 2014

Spiders Everywhere - Glacier

Spiders Everywhere - Glacier (2014)
Spider Everywhere, qui vient de sortir son EP "Glacier" le 21 février dernier, est un groupe issu du triangle Strasbourg-Dijon-Annecy. Pas loin des glaciers, effectivement, vu d'ici, du côté de Marseille...
La musique que nous propose ce quatuor ne fait pas vraiment partie de ce que j'écoute habituellement. On ne baigne pas ici dans le rock 70s, ni le progressif, ni le folk, ni le metal. Spiders Everywhere se définit comme un groupe de "rocktronica"; de l'électro à la sauce rock, donc.
D'ordinaire, le terme "électro" me donne des boutons, des démangeaisons, voire une irrésistible envie de partir en courant. Mais s'il y a bien quelque chose qui m'irrite encore plus, ce sont les gens bornés et sectaires. Alors j'essaie au maximum de n'être ni borné, ni sectaire. Parfois j'y arrive un (petit) peu...
Pourquoi est-ce que je n'aime pas l'électro ? eh bien avant tout parce que je n'aime pas la présence exclusive des synthés, boîtes à rythmes et autres ordinateurs, du moins la façon froide et sans âme dont ils sont utilisés. Evidemment, il y a les exceptions. On croise parfois, au détour de quelques albums bien sentis, un synthétiseur larmoyant, une boîte à rythme foudroyante sur lesquelles baignent une voix douce et lancinante. Parfois.
Ecoutons donc ce que nous proposent Pierre au chant, Maïa aux claviers (+ chant), Halim à la basse et Quentin aux "machines".
A l'entame, le titre qui donne son nom à l'EP, Glacier, nous rassure: non, ce n'est pas de l'électro pour dance-floor et toute cette daube à la David Guetta (ça faisait longtemps que je ne lui avait pas tapé dessus, ça me manquait...). Au contraire: longue mélopée, au départ très minimaliste, mais qui monte doucement, progressivement, vers un final beaucoup plus riche et puissant. Très beau morceau. On commence à penser à quelques références, notamment au niveau du chant haut perché.
Le 2ème morceau, Flows, est beaucoup plus "dance", plus électro dans le sens propre du terme. Définitivement pas ma tasse de thé, ça se confirme.
L'espoir renaît avec Mighty Falls, superbe morceau (le meilleur, pour moi) où il est difficile de ne pas penser à Sigur Ros, aussi bien dans la construction que dans l'orchestration et le rythme général; une longue montée en puissance qui finit par retomber pour un dernier souffle. Lent, aérien, atmosphérique, mélodique, ce morceau est d'une incroyable beauté froide, à l'image de cette pochette très réussie.
L'EP se termine sur un Personal Space, lequel, malgré les très nombreuses écoutes, je n'ai jamais réussi à écouter jusqu'au bout !.. Autant Glacier et Mighty Falls sont splendides et délicats, autant ce Personal Space m'est insupportable. Ses 4 minutes et quelques me semblent une éternité quand les presque 6 minutes de Mighty Falls me semblent durer l'espace d'un clin d’œil. 
Alors voilà: au bout d'un peu plus d'un mois d'écoute plus ou moins intensive de cet EP, je ne sais toujours pas dire si j'aime ou pas. Disons que j'en aime 50% (un peu moins si je compte The Charm, morceau dans la pure veine electro pour dance-floor: je n'en dis pas plus...). 
Alors pourquoi je chronique ?.. et bien parce que les 2 titres Glacier et surtout Mighty Falls méritent réellement l'écoute, et qu'il serait dommage de passer à côté.  Ensuite parce qu'à la croisée du trip-hop, de l'ambient, et de ces musiques dites "actuelles", ce jeune groupe Spiders Everywhere mérite à mon sens d'être connu. Si je reste insensible à quelques-uns de leurs morceaux, dans la forme (puisqu'il s'agit avant tout de cela), on ne peut pas ignorer leur sens de la mélodie, de la structure musicale et des harmonies. Je râle suffisamment sur tous ces albums, ces groupes ou ces artistes qui n'ont pas de fond, et qui ne privilégient que la forme; alors quand j'en tiens un qui a du fond, justement, eh bien faut en parler !

Voilà, c'est chose faite.

Album en écoute sur bandcamp: http://spiderseverywhere.bandcamp.com/


J-Yves

3/5: *****






PIERRE C.     vocals-guitars
MAÏA K.        vocals-keyboards 
HALIM D.      bass-cello 
QUENTIN S.  machines


1. Glacier 05:20
2. Flows 03:30
3. Mighty Falls 05:34
4. Personal Space 04:41
5. The Charm 05:02 (offert à l'achat de l'album)

vendredi 4 avril 2014

Lazuli - Tant que l'herbe est grasse

Lazuli - Tant que l'herbe est grasse (2014)
On ne présente plus Lazuli, qui trace sa route depuis près de 15 ans, et dont la réputation a depuis longtemps franchit nos frontières, à preuve ses nombreuses participations à divers festivals prog un peu partout en Europe. Bon, je serais piquant, je dirais même qu'ils ont une plus grande reconnaissance à l'extérieur que par chez nous. Et puis pourquoi pas ?.. quand on connaît les goûts musicaux du français moyen, à la limite c'est un gage de qualité !
Après un remaniement en 2010 (un vrai !.. pas un enfummage du style jeu de chaises musicales; enfin bref, ne nous ennervons pas...) les désormais 5 Gardois nous délivrent en 2011 "4603 Battements", véritable démonstration du renouveau du groupe, et qui nous prouve que l'orage et la tempête passés, place maintenant au principal: la musique !
Il aura fallu attendre 3 ans pour avoir entre les mains le petit frère, même si entre temps l'attente a été meublée par l'excellent DVD Live @Abeille Rôde l'an dernier.


Et moi, l'oreille collée au rail
J'entends le monde qui déraille

Si 4603 battements, par la force des choses, avait une couleur différente de ses prédécesseurs En Avant Doute et Réponse Incongrue à l'Inéluctable (sans marquer de réelle rupture, ceci dit), il n'est en pas de même avec ce Tant Que l'Herbe est Grasse.
Je n'aime pas, en règle générale, énumérer les albums les uns derrière les autres, ça fait un peu "j'ai pas grand-chose à dire, alors je meuble"; si je le fais ici, c'est pour donner un aperçu de la façon dont le groupe (et Domi Leonetti en particulier) a le sens des mots et de l'expression orale. Parce que oui, Lazuli a aussi le mérite de chanter en français, et pas pour dire des banalités !.. on en reparle plus loin.
Pas de rupture nette avec le passé donc, pour revenir à nos moutons (herbe oblige). Dans la droite lignée de son grand frère, cet album reprend les choses là où Festin Ultime (dernier titre de 4603 battements) les avait laissé.
On note cependant quelques évolutions, peu flagrantes au premier abord, mais qui surgissent peu à peu à la surface, au fur et à mesure des écoutes successives. Pas de refrain marquant, pas de rythme entêtant qui trotte dans la tête lorsque la dernière note de l'album est retombée. Peut-être parce que justement, il n'y a pas de rupture entre les couplets et les refrains; d'ailleurs il n'y a pour ainsi dire pas de réel refrain tout au long des 9 titres, si on excepte Déraille et Multicolère.  
Les longues parties instrumentales sont toujours présentes, elles, pour notre plus grand plaisir. On adore toujours autant ces échanges entre la Léode de Claude Leonetti et la guitare de Gédéric Byar, qui font là encore la spécificité du groupe. Et on ne peut plus désormais qualifier Romain et Vincent de petits nouveaux, tant leur présence et leurs jeux, d'une maîtrise totale, sont parfaitement intégrés à l'ensemble.
L'évolution la plus flagrante et la plus perceptible se situe au niveau des 2 derniers morceaux.


Dans les prés, on courbe l'échine
Mâchons la capucine
Tant que l'herbe est grasse

J'ai trouvé ta faille, tout d'abord, se décline sous forme d'un tableau en 2 actes. Une première partie typiquement lazulienne. La surprise intervient peu après la mi-parcours. Domi, une fois n'est pas coutume, délaisse le chant pour le laisser à notre Ecossais préféré: Fish himself !... qu'on se rassure: il chante en anglais. La structure du morceau, en deux parties, la première aérienne puis la deuxième un peu plus soutenue, avec la présence de choeurs féminins sur la fin, est très similaires à ce que notre ami d'Haddington a l'habitude nous proposer. Pas étonnant donc qu'il s'y sente comme un poisson dans l'eau (elle était facile...).
Le dernier titre de l'album, Les courants ascendants, d'une durée assez similaire (6 minutes), se singularise par sa deuxième moitié entièrement instrumentale où le duo léode-guitare est impressionnant de virtuosité. Une fin magistrale pour clore un album qui tient toutes ses promesses.



Au monde bruyant et affairé
Deux, trois punaises, pour qu'il se taise
J'ai planté

Comment ne pas terminer cette chronique sans parler des textes. Toujours très actuels, collés à la réalité, ils continuent d'aborder les thèmes lazuliens: usure du temps qui passe, lassitude morale, colères diverses et variées, désenchantements, amour déçu...
Contrairement à tout ce qu'on peut entendre de cette foultitude de gens qui parlent pour ne rien dire, ou pour dire tout et son contraire, ou pour parler de sujets auxquels ils n'y connaissent absolument rien, écoutez Lazuli: c'est la rare fois où on n'a pas l'impression d'être pris pour un crétin ou un débile mental. C'est fortement apréciable !

Encore une fois, Lazuli confirme tout le bien qu'on pense de ce groupe à la musicalité et à la qualité irréprochables. Ils arrivent aujourd'hui à retranscrire sur support toute la force et l'énergie qui se dégagent de leurs concerts.
Un grand parmi les grands, assurément.



J-Yves


5/5: *****


Dominique Leonetti:  chant, guitare
Claude Leonetti: Léode
Gédéric Byar: guitare
Romain Thorel: claviers
Vincent Barnavol: batterie, percussions


1- Déraille
2- Une pente qu'on dévale
3- Homo sapiens
4- Prisonnière d'une cellule mâle
5- Tristes moitiés
6- L'essence des odyssées
7- Multicolère
8- J'ai trouvé ta faille
9- Les courants ascendants