samedi 27 décembre 2014

Girls in Hawaii - Hello Strange

Girls in Hawaii - Hello Strange (10/2014)
Pour ceux qui ne connaîtraient pas les Girls in Hawaii, petites précisions: non, il ne s'agit pas d'un groupe de jeunes filles à la Bananarama ou autres Spice Girls, jouant de la pop à la guimauve ou une dance music aussi indigeste qu'insipide. Et s'ils chantent en anglais, les GiH ne viennent pas de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique, mais de Braine-l'Alleud, en Belqique. Pays de dEus, Machiavel, Venus, ou encore K's Choice, mais aussi d'Annie Cordy et de Lara Fabian (je me lance des challenges de temps en temps, comme citer des noms improbables... Annie Cordy sur un blog dédié au rock, faut le faire, non ?..).
Dès leurs débuts à l'entame des années 2000, les GiH vont connaître une certaine notoriété, suite à l'album "From Here to There" (2003), mais surtout grâce à leurs nombreux concerts et participations à plusieurs festivals de renom. Leur 2ème album, "Plan Your Escape" sort quelques années plus tard, en 2008. Difficile de ne pas rester insensible à la pop délicate et raffinée proposée par ces 6 musiciens emmenés par les voix fragiles d'Antoine Wielemans et de Lionel Vancauwenberghe.
S'ensuivra un passage à vide, suite à la disparition du batteur Denis Wielemans, en 2010. Annulations de dates, de participations à quelques festivals, abandon du site internet, on craint alors ne plus revoir les GiH. Il faut attendre le printemps 2013 pour découvrir un premier clip "Misses", qui annonce la sortie de leur 3ème album, "Everest" en septembre. La pop se fait plus sombre, plus mélancolique et introspective, à l'image d'un Mercury Rev ou d'un Belle and Sebastian.
Après une longue tournée en 2014, le groupe se pose et nous offre ce "Hello Strange", best-of acoustique enregistré en live.
Oui: best-of, acoustique, live... ça fait album qui meuble, passe-partout et gagne-petit. Sauf que...
Sauf qu'ici, il ne s'agit pas de simples reprises de vieux morceaux avec quelques guitares et une contrebasse, mais de véritables relectures et adaptations, en version intimiste et conviviale. Claviers, batterie sont bien là, mais évidemment en mode feutré. Les mélodies ciselées sont mises en musique par des arrangements d'une précision et d'une finesse qui ont fait la spécificité de ces musiciens à la technique irréprochable. Le chant, pas toujours maîtrisé, renforce cette impression d'être perpétuellement sur le fil du rasoir, car le groupe s'est réellement et volontairement mis en danger en osant ces adaptations.
Difficile de ressortir un titre plus qu'un autre: l'ambiance folk est agréable et plaisante. La profondeur d'un "The Fog" est contrebalancée par la (fausse) légèreté d'un "Mallory's Heights", la justesse d'un "Misses" (assez proche de sa version originale) trouve en écho un "Catwalk" chaloupé et un "Couples on TV" plein de délicatesse et de charme.
Les inconditionnels du groupe auront plaisir, sans nul doute, à baigner dans cette ambiance particulière qui règne tout long de ce set. Je recommande aux autres, qui ne connaissent pas ou peu ces musiciens délicats, de tendre une oreille attentive à ces morceaux hors du temps, hors contexte, hors tout, en fait... Une bien belle parenthèse acoustique, pour clore une bien triste année 2014, assourdissante de haine et d'agressivité.



J-Yves

4/5: *****



Hello Strange
1. Where Do Your Tears Come From (3:25)
2. The Fog (4:24)
3. The Creek (3:36)
4. Rorschach (4:25)
5. Mallory's Heights (6:07)
6. Switzerland (4:29)
7. The Spring (4:22)
8. Misses (4:11)
9. This Farm Will End Up In Fire (4:44)
10. Catwalk (4:36)
11. Couples on TV (2:16)
12. Head On (5:35)
13. Bees and Butterflies (+ titre caché) (20:01)

Girls in Hawaii
Antoine Wielemans: chant, guitare
Lionel Vancauwenberghe: chant, guitare
Brice Vancauwenberghe: guitare
Daniel Offermann: basse
François Gustin: claviers, guitare
Boris Gronemberger: batterie


vendredi 19 décembre 2014

Daran - Le Monde Perdu

Daran - Le Monde Perdu (11/2014)
Je ne vais pas refaire une nouvelle fois la présentation et l'historique de Daran. Je l'ai fait il y a un an et demi plus tôt, pour la chronique de l'album vert, L'Homme Dont les Bras sont des Branches (lire la chronique). Je vais pas refaire tous les 18 mois la même chose, non plus !
Dans le monde de la musique, il y a différents types d'artistes:
- les boulimiques: ils sortent 1 album solo chaque année, font partie d'un groupe et de 3 ou 4 projets parallèles (avec lesquels ils sortent aussi 1 album par an); entre-temps, lorsqu'ils n'ont rien à faire, ils jouent les producteurs. Le peu de temps qu'il leur reste, ils en profitent pour partir en tournée... 
- les "produits": managés, choyés, chouchoutés par leurs maisons de disques, ils suivent le plan marketing qu'on leur a soigneusement élaboré, ils surfent sur l'air du temps et font ce qu'on leur dit de faire, de dire, de jouer, de chanter. Les modèles de ceux qui rêvent de célébrité.
- ceux qui rament pour devenir un de ces "produits", ou des ex-produits qui, pathétiquement, tentent de redevenir ce qu'ils ont été.
- ceux qui font ce qu'ils veulent, quand ils veulent, au rythme qu'ils veulent. Gagné ! Daran fait bien partie de cette catégorie. C'était facile...
Six ans entre le Petit Peuple du Bitume et l'album vert, deux ans entre ce dernier et Le Monde Perdu. A son rythme...
Concept-album rock pour le Petit Peuple, pop sombre pour l'album vert, et guitare-voix maintenant. Plan marketing ?
Daran est en marge du système. Il en a fait partie, un petit moment, et puis à l'heure des concessions il s'est barré. Pour garder sa liberté d'action et sa liberté de ton. Non sans régler quelques comptes au passage (cf. paroles de La Pop Music, en fin de page).
Guitare-voix: faut oser. Généralement (tout le temps ?), ce genre d'album est musicalement pauvre. Il ne s'agit pas de mettre la guitare en avant, tel un Paco de Lucia ou un Al Di Meola. L'instrument ici est en arrière-plan, il ne joue que le rôle de support. Un album de songwriting, comme son nom l'indique, est un album de chansons. On peut alors choisir soit de mettre la voix en avant, de faire une démonstration vocale (la voix jouant le rôle d'un instrument), soit de mettre le texte en avant, soit les deux (la voix et le texte au même niveau). Daran a largement la possibilité de choisir la 3ème solution, mais ici il choisit volontairement, et étonnamment, la 2ème: guitare et voix en arrière-plan, c'est le texte qui est mis en lumière. Tout repose donc sur lui: s'il est bon, l'album brille, s'il est mauvais, l'album n'a aucun intérêt, il est à jeter. Faut oser.
Toujours accompagné de Pierre-Yves Lebert (qui est à Daran ce que Djian est à Eicher), avec le renfort de Miossec et Moran sur 2 titres (respectivement Le Monde Perdu et L'Exil), Daran conserve ses thèmes privilégiés. Mais il aime avant tout parler de l'Homme. Que ce soit Olivia, Dumottier, Augustin et Anita dans le passé, Youri, Mario et Youssouf aujourd'hui (Mieux qu'en Face), les relations humaines restent le sujet central de ses chansons. Chansons qui, entre parenthèses, ne se résument pas à 3 phrases de couplet et 2 de refrain. Pas de "je t'aime/tu m'aimes/on s'aime/ouais c'est super" plié en 2'30 chrono. Les 11 titres qui se succèdent sont autant de tranches de vies qui se déroulent, lentement, en prenant leur temps. On n'entre pas immédiatement dans le vif du sujet, chez Daran. On découvre la situation au fur et à mesure, puis quand surgit la clé, le nœud du contexte, la couleur générale change. Parfois on est pris à contre-pieds, parfois on s'aperçoit qu'on s'est fait balader. A ce niveau-là, Le Bal des Poulets est un modèle du genre: on pense dans un premier temps suivre la vie d'un poulet d'abattoir, pour comprendre qu'on suit la vie d'une employée de cet abattoir, qui abat des poulets avant de se faire elle-même abattre mais d'une autre façon, lorsque l'usine ferme. Indiscutablement le texte le plus fort de l'album, on n'en sort pas facilement...
Les beaux albums s'écoutent. Qu'ils aient une forte orientation musicale, qu'ils reposent sur des textes travaillés, ils demandent à l'auditeur une volonté d'attention. Pas un effort d'attention, une simple volonté. Il faut s'autoriser le fait de ne rien faire pendant 40 ou 50 minutes, pour juste ECOUTER. Ce n'est qu'à cette unique condition que toute la beauté d'une oeuvre se découvre. Les amoureux de musique savent de quoi je parle.
Il est très facile (et dommage) de passer à côté de ce magnifique album, dès lors qu'on ne respecte pas certaines conditions.
Alors, petit conseil: prenez moins d'une heure de votre temps, juste une fois, et écoutez ce Monde Perdu. Au casque, sur des enceintes, doucement, fort, dans la lumière, dans l'obscurité, peu importe. Mais écoutez.




J-Yves


5/5: *****




Le Monde Perdu
1. Gens du voyage (4:35)
2. Gentil (4:20)
3. Mieux qu'en face (5:06)
4. Le monde perdu (4:31)
5. Des portes (4:38)
6. Rien ne dit (4:55)
7. L'exil (3:50)
8. Tchernobyl (4:55)
9. Valentine's Dead (3:58)
10. Une sorte d'église (4:57)
11. Le bal des poulets (7:22)





"Vous n'avez pas l'impression de vous être fait arnaquer?

Un pas en avant deux pas en arrière
Bientôt un revival de l'année dernière
Remix de Best of, greatest hits remasterisés
On fait semblant d'avoir tout oublié
On fait semblant d'être toujours étonné
On ne pense à rien on se met à chanter

[Refrain]:
Bebop bop bop yeah
C'est ça la pop music
Bebop bop bop yeah
C'est ça la pop music

Des paroles débiles sur une musique rythmée
Des cris de révolte climatisés
De la musique de jeune jouée par des vieux
Ou de la musique de vieux jouée par des jeunes
Des piscines en forme de guitare

Des guitares enforme de piscine
Des gourmettes en or des disques de platine
Pour ça il suffit de chanter

[Refrain]

On est jeune on est fou on demande des subventions
On se coupe le bras les jambes
Pour rentrer dans les cotas de diffusion, dans les cotas de diffusion
C'est tellement plus facile de se laisser glisser
De devenir peu à peu tout ce qu'on détestait
C'est pas joli joli c'est même dégueulasse
Dégueulasse et pourri comme les dents pourries
Dans la bouche grande ouverte qui chante qui chante

[Refrain]

Et moi je suis comme tous les autres qu'est-ce que vous croyez
Je ferais vraiment n'importe quoi pour que vous m'aimiez
N'importe quoi pour passer sur votre chaîne stéréo
Sur cette radio idiote à la télé dans les supermarchés
Poue être reconnu par la conasse qui habite sur mon palier
Par moin facteur mes parents mon boucher
Comme un poulet sans tête je suis prêt à chanter"


La Pop Music - Pêcheur de Pierres (2003)

dimanche 14 décembre 2014

United Progressive Fraternity - Fall in Love with the World

UPF - Fall in Love with the World (10/2014)
Lorsqu'en 2010 je suis tombé sur l'album Artificial, des australiens d'Unitopia, j'ai immédiatement eu le coup de foudre. Inventivité, technique musicale hors norme, le prog délivré par ce groupe aux multiples facettes était à la fois revigorant qu'enthousiasmant. "Etait", parce qu'après avoir sorti un superbe album de reprises "Covered Mirror vol. 1 - Smooth as Silk" fin 2012, le groupe se sépare (il n'y aura jamais de Covered Mirror vol. 2). Tristesse et désarroi.
Il faudra traverser l'année 2013 et le début de 2014 pour avoir enfin de bonnes nouvelles: une partie des musiciens, accompagnés de quelques "extérieurs" forment United Progressive Fraternity, qu'on résumera par UPF pour simplifier... On retrouve donc Mark Trueack (chant), Matt Williams (guitare), David Hopgood (batterie) et Tim Irrgang (percussions) comme ex-Unitopia, rejoints par Guy Manning (claviers, guitare, The Tangent), Ian Ritchie (saxo, Roger Waters, Steve Hillage) et Steve Gee (basse, Landmarq).
La recette de la musique d'UPF reste la même: rock, metal, fusion, musique classique, prog symphonique et une belle dose de world. On pourrait croire, à la lecture de cette description, avoir droit à un joyeux foutoir, un truc indigeste, lourd et pompeux. Il n'en est rien. Les parties classiques, rock et world s'imbriquent à merveille, pour former une matière spécifique au groupe. Les longues plages symphoniques alternent avec des riffs puissants ou des sonorités orientales, sur lesquels rebondit un saxo très jazzy. Les morceaux font très bandes originales de films. Impossible (et inutile) d'essayer d'imaginer ou d'anticiper la direction que va prendre un titre au fur et à mesure qu'on l'écoute, car UPF c'est aussi ça: la surprise permanente. 
On l'aura compris: pas de chansons couplet-refrain pliées en 3mn chez ces australiens à la forte créativité. C'est innovant et bien sûr c'est toujours très technique. La musique d'UPF est lumineuse, elle scintille et pétille, sans artifices ni poudre aux yeux. Il est d'usage de masquer le manque de fond par des effets de production, des bruitages ou des paillettes sonores. Pas chez UPF, où il y a à la fois le fond et la forme: rien n'est surfait, surjoué ou déplacé. C'est juste et à propos. Chez UPF, il n'y a rien de superficiel ni d'artificiel (elle était facile, et en même temps, j'étais un peu obligé...).
Tout en reprenant les clés qui ont fait le succès des premiers Genesis (voire du Yes période Tales from Topographic Oceans) les morceaux à structures variables sont autant de Supper's Ready en mode compact (si ce n'est un Travelling Man de plus de 20 minutes), impression renforcée par la voix de Mark copie conforme de celle de Peter Gabriel. Mais qu'on ne s'y trompe pas: UPF ne singe pas ses glorieux prédécesseurs, il reprend leurs principes pour les mettre en application dans un environnement actuel. C'est cet aspect qui peut pousser certains à décrire la musique d'Unitopia (et donc UPF maintenant) comme une parfaite illustration du "prog pour les nuls".

Les amoureux ou les inconditionnels d'Unitopia peuvent être rassurés: UPF prend parfaitement la relève; sans donner l'impression de tourner en rond et tout en conservant une personnalité forte et un caractère affirmé, nous avons le droit ici à la très belle surprise de cette fin d'année.




J-Yves


5/5: *****







Fall in Love with the World:
1. Overture (4:01)
2. Choices (8:32)
3. Intersection (8:58)
4. The Water (5:21)
5. Don’t look back - Turn left (5:37)
6. Travelling Man (The Story of Eshu) (21:42)
7. Fall in Love with the World (4:35)
8. Religions of War (3:49)




United Progressive Fraternity:
Mark Trueack: vocals
Matt Williams: guitars, vocals
Steve Gee: bass, vocals
David Hopgood: drums,vocals
Guy Manning: keyboards, guitars, mandolins, vocals
Ian Ritchie: sax, flutes, vocals
Tim Irrgang: percussion




samedi 13 décembre 2014

Fred Schneider - Voyage

Fred Schneider - Voyage (2014)
Cette chronique est un peu spéciale, dans le sens où elle est écrite par le producteur de l'album... Bon, en fait on est une bonne centaine (peut-être plus, j'ai eu la flemme de compter tous les noms cités dans le livret) à avoir financé le projet de Fred Schneider, après son appel participatif sur My Major Company.
Alors oui, vous allez penser, l'air moqueur, petit sourire en coin: chronique partisane, subjective, copinage éhonté...
Stop, soyons clair: ça l'est !
Fred est un voisin, il n'habite qu'à quelques kilomètres d'ici, au pied du Luberon. Il tient la basse dans le groupe Eclat, depuis pas mal de temps. Eclat, c'est aussi Alain Chiarazzo (guitare), Thierry Massé (claviers) et Marco Fabbri (batterie), qui tient aussi les baguettes au sein de The Watch. Eclat c'est aussi le "support band" du festival Prog'Sud, organisé chaque année par Alain et son équipe depuis plus de 15 ans (vu que la prochaine édition au printemps prochain sera la 16ème) à proximité de Marseille. Il me faut donc les 2 mains et une partie des pieds pour compter le nombre de fois que j'ai vu jouer Fred sur scène.

                    Eclat (photohttp://schneider-fred.e-monsite.com/)

Eclat propose un prog entièrement instrumental, qu'on étiquette généralement sous le nom "jazz-rock", voire "fusion". Technique. Très. Le jazz-rock est un (sous-)genre du prog où la médiocrité n'a pas sa place. Très exigeant, nécessitant une technique au-dessus de la moyenne, les imposteurs sont immédiatement repérés. Il y a dans le prog (mais pas que..) une tripotée de tricheurs, escrocs en tous genres, ou tout simplement mauvais (à l'insu de leurs pleins gré, parfois). Dans le jazz-rock, impossible. On aime ou on n'aime pas, on adhère ou non, mais il faut reconnaître que ce type de musique, au niveau qualitatif, est intransigeant. 

Pour résumer: je ne connais pas de mauvais groupe de jazz-rock. Oui, je sais: combien est-ce que j'en connais ?.. Alors disons simplement que je ne connais aucun tricheur bien installé dans le domaine du jazz-rock.

Copinage ?.. pourquoi pas. Reste que le jazz-rock instrumental (pléonasme) de Fred respecte les règles du genre, citées ci-dessus. Son "Voyage" porte très bien son nom. A travers ses ambiances diverses, il nous transporte de-ci de-là. Dans un style un peu moins nerveux que ce que nous propose Eclat, nous avons le droit à un voyage apaisé et apaisant. On notera l'originalité de "Travel Basses", sur lequel pas moins de 20 bassistes et 3 batteurs interviennent, mélangeant consigne stricte et improvisation. Jazz-rock, par définition.
Faut-il ajouter que Fred, non content de tenir la basse, est aussi compositeur: aucune reprise, uniquement des compos originales. Et producteur aussi (le vrai, celui qui gère le son et le mixage).

Copinage ?.. oui. Et alors ? J'espère juste n'avoir oublié personne...


Pour plus d'infos, visiter le site de Fred: http://schneider-fred.e-monsite.com/


J-Yves


3/5: *****






Voyage:
1. Aimless ghost
2. That is why!
3. Voyage
4. Intramuros
5. Ja ad
6. Other side
7. Travel-basses
8. Cataga
9. Shorter stay
10. Eject
11. Viaje latino
12. Sweet trip
13. Indie flight
14. Little stroll in forest
15. Dots



dimanche 7 décembre 2014

Steve Rothery - The Ghosts of Pripyat

Steve Rothery - The Ghosts of Pripyat (09/2014) 
Voilà maintenant plus de 30 ans que Steve Rothery tiens le manche chez Marillion. Un bail. Et si le groupe a connu, dès le départ, le formidable succès qui leur a permis de vendre des millions d'albums dans le monde, c'est aussi bien dû au charisme et à la présence scénique de leur frontman, Fish, qu'aux riffs de guitares percutants et musclés alternant avec des soli plus aériens les uns que les autres de Steve.
Considéré aujourd'hui comme une référence dans le monde du prog, au même titre que Gilmour et Hackett, Steve continue de rester comme il a toujours été: discret, sobre et efficace, à l'image de son jeu.
Toujours fidèle à Marillion, il a cependant multiplié les collaborations (Arena, John Wesley, Gazpacho, Edison's Children) et participé à quelques projets parallèles (The Wishing Tree), jouant même parfois le rôle de producteur (Enchant).
Hésitant depuis plusieurs années à sauter le pas (depuis l'enregistrement de Misplaced Childhood !), il sort enfin son premier album solo. S'il a mis du temps, c'est que le bonhomme n'est pas du genre à faire les choses à la va-vite. Perfectionniste, méticuleux et précis, Steve a attendu patiemment le bon moment, et c'est presque par la force des choses qu'est né le projet. Il l'explique lui-même en introduction de son appel de fonds (lire appel de fonds): invité au festival de guitare de Plovdiv et ne possédant pas assez de morceaux pour un set d'une heure, il a ressorti des tiroirs des compositions en sommeil. Satisfait du résultat, il sort 2 albums live (enregistrés à Povliv et Rome) puis la version studio, peaufinée et travaillée, The Ghosts of Pripyat.
Entièrement instrumental, les 7 titres de l'album se savourent lentement. Délicate et raffinée, l'humeur générale reste paisible et atmosphérique. Quelques passages où le ton se hausse, mais on ne quitte que très rarement l'apesanteur. Sans être monotone, ni uniforme, les ambiances et les couleurs changent au gré des changements de rythmes et des variations de thèmes. 
Steve ne prend aucun risque, reste dans les clous et se contente de faire ce qu'il sait faire. Mais il le fait tellement bien, et on y prend tellement de plaisir, que non seulement on ne se lasse pas, mais bien au contraire on en redemande !...


J-Yves


4/5: *****



The Ghosts of Pripyat:
1. Morpheus - 7:55
2. Kendris - 6:09
3. Old Man Of The Sea - 11:42
4. White Pass - 7:52
5. Yesterday's Hero - 7:21
6. Summer's End - 8:47
7. The Ghosts of Pripyat - 5:32


samedi 29 novembre 2014

Bjørn RIIS - Lullabies in a Car Crash

Bjørn RIIS - Lullabies in a Car Crash (11/2014)
Bjørn RIIS, pour ceux qui ne le sauraient pas, est le "lead guitar" du groupe Norvégien Airbag. Il participe aussi à l'écriture des textes du groupe. Après le somptueux The Greatest Show on Earth sorti par Airbag l'an dernier, un des tous meilleurs albums prog de l'année 2013 et unanimement acclamé par les critiques et le public, Bjørn se lance dans l'aventure solo et nous propose en cette fin d'année 2014 ce Lullabies in a Car Crash, qui fait, lui, nettement moins l'unanimité.
A l'écoute d'Airbag, on se dit que les gars ont beaucoup écouté, et donc beaucoup aimé, Pink Floyd. Je ne refais pas tout un baratin sur le Floyd, je l'ai fait dernièrement (c'est 2 chroniques plus bas: chronique), juste pour dire qu'Airbag, s'il ne fait pas du Floyd mieux que le Floyd, le fait quand même très bien.
A l'écoute de ce Lullabies..., on se dit que Bjørn a beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup écouté, la bande à Waters. Et on se doute que si Bjørn s'est mis à jouer de la guitare, Gilmour y est sans aucun doute pour quelque chose... D'autant plus qu'il lui dédie tout un site web, à la renommée certaine (http://www.gilmourish.com).
Côté chant, il ne faut pas être cartomancien ou devin pour y voir une nette influence Wilson-ienne. Il n'y a pas que du Floyd dans la musique de Bjørn, il y aussi pas mal de Porcupine Tree. Vous allez me dire: quelle différence, sachant que Porcupine Tree est lui aussi inspiré du Floyd ?.. eeeh, mais c'est que vous suivez les gars, c'est bien !.. Et là, finalement, on touche un peu le noeud du problème, du moins "mon" problème avec cette frange du prog appelée neo-prog: l'impression que tout le monde fait à peu près la même chose. J'aime bien Airbag: c'est beau, propre, élégant, mélodieux, classieux. OK. Mais bon, soyons honnête: côté personnalité, spécificité, c'est un peu léger, non ?.. Les musiciens sont très bons, Bjørn joue (presque) comme son maître, ils sont tous techniquement excellents et nettement au-dessus de la moyenne, mais... Mise à part la technique, où est la valeur ajoutée ? Oui, quelques passages instrumentaux de The Greatest Show on Earth ou de Lullabies in a Car Crash distillent une certaine dose d'émotion, c'est vrai, mais c'est à se demander si cette émotion n'est pas provoquée par le Floyd, au travers du jeu des musiciens. Une émotion par procuration, en quelque sorte...
Ceci dit, pour revenir à Lullabies... on se laisse facilement transporter par les 6 titres de l'album, aux longues plages instrumentales entrecoupées de passages chantés. Niveau ambiance et couleur musicale, ça reste toutefois très linéaire. On aurait aimé des prises de risques, des montées, des descentes, mais dans la construction ça reste finalement assez uniforme. Loin d'être désagréable, on prend du plaisir à l'écoute de ce qui reste malgré tout un bon album. Mais on sent chez Bjørn, comme chez Airbag, un tel potentiel encore inexploité qu'on attend avec impatience le jour où ils vont lâcher les chevaux et laisser s'exprimer leurs propres personnalités. Si jamais un tel jour arrive....




J-Yves

3/5: *****





Tracklist: 
1. A New Day (4:16) 
2. Stay Calm (10:09) 
3. Disappear (6:27) 
4. Out of Reach (10:02) 
5. The Chase (7:08) 
6. Lullaby in a Car Crash (13:27)

vendredi 28 novembre 2014

ONE DIVIDE - Open Wounds [EP]

One Divide est un trio Bordelais, composé d'Alex Grey (chant et guitare), Rob White (chant guitare et clavier) et Sébastien Black (batterie). Ils proposent une pop froide, sombre et intimiste, sur laquelle plane un chant envoûtant.
Le groupe, qui vient de sortir son premier EP, nous présente Open Wounds accompagné de son clip. Deux autres titres, Chained et Salomé, complètent le mini-album. Une alternance d'univers, à l'image des textes tantôt en français, tantôt en anglais, ainsi qu'un mix entre electro et instruments acoustiques, donnent une couleur spécifique aux 3 morceaux.


Plus d'infos sur la page facebook du groupe: https://www.facebook.com/onedividemusic



Tracklist:
Open Wounds
Chained
Salomé




J-Yves

dimanche 23 novembre 2014

Noem - Le Grand Mensonge

NOEM - Le Grand Mensonge (11/2014)
Il y a un peu plus d'un an, à quelques jours près, j'écrivais une chronique sur un album, Petites Apocalypses, et un groupe, Noem, que je découvrais et dont je venais d'avoir le coup de foudre (lire la chronique); album sorti fin 2011, et qui continue régulièrement de venir bercer mes oreilles.
Revoici aujourd'hui les Canadiens de Sherbrooke avec leur second album, Le Grand Mensonge, qui sort en cette fin novembre.
On a tendance à dire que le 2ème album d'un artiste, ou d'un groupe, reste en général dans le prolongement du 1er, et que c'est véritablement à partir du 3ème (l'album de la "confirmation") que les choses sérieuses commencent.
Visiblement les membres de Noem n'ont pas la même perception de la chose... S'il ne fait aucun doute qu'on a bien affaire aux auteurs de Clandestin ou de Nostradamus, présents sur leur 1er opus, on note (déjà) une nette évolution, dans le fond comme dans la forme. 
Musicalement, le virage (ou l'option) electro est nettement plus prononcé. Je n'ai jamais caché mon aversion pour le genre electro, que je pourrais résumer par le fait que je déteste la musique jouée par des ordinateurs. Les ordinateurs peuvent et savent faire correctement plein de choses, certaines mieux que les humains. Mais s'il reste un domaine où ils n'ont rien à y faire, c'est bien la musique (on pourrait dire l'Art en général, mais là j'ai pas envie de partir dans des digressions philosophiques...). Malheureusement, de nos jours, on pense la musique destinée au "grand public" non plus comme un Art mais comme un Marché. Alors bonjour les ordis, aussi bien comme instruments, que comme musiciens, producteurs, ingénieurs du son, voire même chanteurs (merci auto-tune). Alors l'electro, non merci.
Pour revenir à Noem, je dirais que l'electro est utilisée avec parcimonie et à bon escient. On reste dans ce rock froid, sombre mais toujours délicat et sensible (Loin d'ici, Mena'Sen, L'Issue). Et lorsque le tempo ralentit, on baigne alors dans des ambiances lourdes et brumeuses, à la beauté d'une noirceur délicieuse (Marée noire, Cette seconde, Ma belle enfer). Pour provoquer l'émotion Noem ne nous propose pas les lentes progressions d'un Anathema, ni les riffs écorchés d'un Manic Street Preachers. Comme déjà dit dans la chronique de Petites Apocalypses, il y a chez Noem une rage intérieure, une fausse douceur et une quiétude de façade, de celle qu'on retrouve chez Daran, mais aussi, dans une certaine mesure, chez Lazuli. Cette notion de force contenue, sous-jacente, qui laisse place en surface à un calme relatif est magnifiquement mise en lumière dans le très beau A courir.  
Il faut aussi souligner le rôle primordial du chant (en français !) qui contribue pour une grosse part à cet aspect et à cette atmosphère si particuliers dans lesquels nous plonge le groupe. La voix chaude, souple et posée de Vincent reste sans faille: toujours en retenue, souvent feutrée, quelque fois écorchée, mais qui jamais n'est prise en défaut ni ne déraille, accompagne à merveille un propos désenchanté, inquiet, mais en alerte permanente et à l'écoute du monde actuel. Difficile de rester insensible à ces textes d'une poésie certaine, surtout lorsqu'ils sont chantés avec ce délicieux accent canadien !

Album de la confirmation avant l'heure, Noem nous offre ici un écrin de toute beauté. Il y a des mensonges qu'on prend plaisir à écouter, tel est le cas. Tombé une nouvelle fois sous le charme, Le Grand Mensonge fait partie des tous meilleurs opus qui ont baigné mes oreilles en cette année 2014. Et ceci est la stricte vérité !

Album en écoute (partielle) sur le site du groupe: noem.ca




J-Yves


5/5: *****


Noem
Vincent Vachon: voix, guitare
Charles-Emmanuel L'Espérance: piano, synthés 
Benoît Marquis: basse 
Antoine Auger: guitare, voix 
Jean-Philippe Godbout: batterie


Le Grand Mensonge
1. Le grand mensonge (3:58)
2. Loin d'ici (3:55)
3. Marée noire (3:40)
4. Mena'sen (3:29)
5. Cette seconde (4:48)
6. L'issue (3:56)
7. Ma belle enfer (3:19)
8. A courir (5:39)
9. A vous (2:49)
10. Tout s'écroule (3:15)
11. La grande traversée (4:44)

samedi 22 novembre 2014

And You and Yes




AND YOU AND YES

Tribute band rendant hommage à la musique du groupe de rock progressif YES (années 1969/1979) 


En concert le 31 janvier 2015 –20h00 L’Alhambra 
4 rue du miroir 
7000 Mons (Belgique)


Plus d'infos sur le site du groupe: And You and Yes




J-Yves

dimanche 16 novembre 2014

Pink Floyd - The Endless River

Pink Floyd - The Endless River (11/2014)

Aujourd'hui, pour quoi que ce soit, on est Pour ou Contre. Le libéralisme, le soda sans sucre, les fast-food, la voiture électrique, ou les claviers sans fil, on est Pour ou Contre, et pas d'alternative possible. Ensuite, les Pour et les Contre, chacun de leur côté, discutent entre eux et palabrent à l'envie sur leur joie et leur bonheur d'avoir si bon goût. Mais jamais, ô grand jamais, un Pour et un Contre essaieront de débattre intelligemment pour comparer leurs motivations et ce qui fait qu'ils soient dans un camp ou dans l'autre. Et jamais, ô grand jamais, un Pour arrivera à convertir un Contre, ni un Contre convertir un Pour. Chacun son camp, et sur le moment, on ne changera rien. On finira par s'insulter voire se mettre sur la gueule, mais on ne changera pas d'avis. Seul le temps qui passe fera le job, et seul lui nous fera revenir sur nos opinions passées. Oui, je dis bien "nous", car moi aussi j'ai mes convictions profondes: oui, la soupe aux courges c'est infect, oui il faut être taré pour sauter en élastique d'un pont suspendu, non Mireille Matthieu n'est pas une grande artiste, ni le rap de la musique (et là, sur ces 2 derniers points, c'est définitivement acquis: même le temps ne me fera pas changer d'opinion !).
Tout ça pour dire que je ne vais pas me casser la tête ni perdre 2 ou 3 heures de mon temps (temps moyen qu'il me faut pour écrire une chronique) pour tenter de convaincre qui que ce soit au sujet de ce dernier Pink Floyd. Les Pour sont pour, les Contre sont contre. De mon côté, j'ai choisi mon camp. J'en changerai peut-être dans quelques années. Mais ça m'étonnerait...
Si je voulais souligner quelque chose, au sujet de ce dernier album, c'est que justement, c'est le dernier. Jusqu'au prochain. Parce que oui, fatalement, il ressortira dans quelques années des fonds de tiroirs, comme il ressort régulièrement des inédits ou des versions de travail d'Hendrix ou des Beatles. Le dernier. Merde...
Allez, faut quand même finir sur une note positive. Il s'agit bien d'un album de Pink Floyd. Dans le sens où il n'y a pas de doute, ce n'est pas du Floyd à la sauce r&b, electro ou ce genre de daube infâme. Non, ça reste le Floyd qu'on a connu, qu'on a adoré, qu'on a vénéré. On a chacun "sa" ou "ses" période(s) fétiche(s): la période Barrett (psychédélique), la période Ummagumma (expérimentale), la période pré-Dark Side (musicale), la période Dark Side-Animals (commerciale) ou encore la période The Wall (mégalomanie Waters-ienne) pour finir par la période Division Bell (phase terminale). On les retrouve à peu près toutes sur cet album testament, du moins en filigrane, mises à part les 2 premières. Incontestablement, donc, on a affaire au Floyd. David et sa guitare sont habituels: stratosphériques. Ce type possède le plus beau toucher de corde de la galaxie. Il joue de la guitare en 3-D: personne d'autre que lui n'arrive à transposer une telle émotion en si peu de notes. Son solo final sur Confortably Numb, le plus beau de tous les temps, mérite à lui seul une statue. Et si vous n'êtes pas d'accord, relisez le premier chapitre de cette chronique: sur ce point de vue non plus, personne ne me fera changer d'avis !!
Le jeu de Nick reste lui aussi un régal. Faudra un jour qu'on m'explique pourquoi il est rarement cité lorsqu'on liste les "meilleurs" batteurs. Efficace, discret, il a une façon toute particulière d'annoncer et d'introduire le solo de David à venir. A la première écoute d'un morceau, lorsque vous entendez cette descente de toms si spécifique, instinctivement vous savez que David suit derrière.
Enfin, Richard. Lui par contre est régulièrement cité parmi les meilleurs claviéristes, et il n'y a rien à y redire. Lui aussi a posé son empreinte dans le monde des claviers. On retrouve son élégance physique dans son jeu, tout en subtilité et en nuances. Sensible, fin et délicat. Rarement un musicien n'aura réussi à retranscrire dans son jeu sa personnalité profonde.

Pour finir, cet album est en tête de toutes les ventes. Un album du Floyd, qui fait du Floyd, en tête des ventes en 2014, c'est incroyable, non ? On nous matraque de musique pourrie, on nous inflige des tortures auditives à longueur de journée, on essaie de nous persuader qu'il suffit de gueuler pour être une star, et quoi ? un album instrumental, de rock progressif, allant à l'encontre totale de l'air du temps, est en tête des ventes ?
Je sais pas vous, mais moi, ça me redonne espoir dans le genre humain, ce truc. 

Alors pour ça, et surtout, surtout, pour tout le reste, cher Pink Floyd: MERCI !




J-Yves




mardi 11 novembre 2014

Iamthemorning - Belighted

Iamthemorning - Belighted (09/2014)
Une fois n'est pas coutume, allons (un peu) à l'encontre de la tendance générale. Unanimement apprécié et vanté, cet album ne me convainc pas, et m'a même déçu. Il faut dire que j'en attendais beaucoup, et que le résultat n'est pas à la hauteur de l'espoir... J'ai découvert ce duo pétersbourgeois en 2012. Hein ?.. bon ok, disons plutôt des gens habitant à Saint-Pétersbourg, en Russie, donc... Composé de Gleb Kolyadin au piano et de Marjana Syomkina au chant, j'ai donc découvert ce duo, disais-je, avec leur album "~" (prononcez Waves) sorti en 2012. Ce fut immédiatement le coup de foudre; quand beaucoup de groupes rock tentent de revisiter leurs morceaux à la mode classique, avec orchestres philharmoniques, ou se contentent simplement de rajouter quelques violons et instruments à vent sur leurs guitares, iamthemorning prend le chemin opposé: de formation classique, ayant débuté sous forme d'un quintet (le duo étant accompagné d'un trio à cordes), ils y ont ajouté une orchestration rock (guitare, basse, batterie), pour proposer une série de titres tous plus élégants et classieux les uns que les autres; le rapprochement avec Kate Bush a été maintes fois souligné, et il est vrai qu'il résume parfaitement le propos.
Avec Belighted, iamthemorning délaisse le côté classique, pour durcir le ton, du moins dans la forme. Est-ce dû à la présence de Gavin Harrison à la batterie, à la désormais appartenance du groupe à l'écurie Kscope (excellent label, au demeurant) ? le fait est qu'on a l'impression d'écouter un album de Porcupine Tree chanté par Kate Bush, et le charme est rompu...
Dès l'entame, notre enthousiaste première écoute se refroidit quelque peu: The Howler ressemble à n'importe quel morceau de The Gathering (au hasard), suivi d'un To Human Misery qui ne ressemble à rien de particulier non plus, les violons jouant à cache-cache avec une batterie omniprésente qui écrase tout (quand c'est pas avec les toms, c'est avec les cymbales !), bref, où sont la délicatesse d'un inside ou la virtuosité et l'orchestration magique d'un burn ?.. Il faut attendre le 5ème morceau, Romance, pour retrouver "notre" duo fétiche, qui nous charme de nouveau un peu plus loin, avec un splendide et émouvant Crowded Corridors, point culminant de l'album. L'étrange Os Lunatum, expérimental à souhait, nous offre un ultime sursaut, quand K.O.S nous ramène brutalement sur terre (une fois encore à cause de cette #*$?@ de batterie !).
  
Alors ok, ce n'est pas un mauvais album. Disons juste qu'il n'est pas à la hauteur de son frère aîné. On n'y retrouve pas l'âme, le relief, la profondeur et la sensibilité qui font toute la magie de ~. Et c'est bien dommage...



J-Yves

3/5: *****


http://iamthemorningband.bandcamp.com/


Gleb Kolyadin: grand piano, keyboards 
Marjana Semkina: vocals, backing vocals 

Gavin Harrison: drums
Max Roudenko: bass
Vlad Avy: guitar
Andres Izmaylov: harp

Nevsky String Quartet: 
Anna Tchijik: First Violin
Kristina Popova: Second Violin
Vladimir Bistritsky: Viola
Vsevolod Dolganov: Cello

Turner Quartet: 
Robert Yeomans: First Violin
Ruth Funell: Second Violin
Holly Rouse: Viola  
Rosie Banks-Francis: Cello

Belighted:
1. Intermission IX (01:20)
2. The Howler (03:57)
3. To Human Misery (04:18)
4. Intermission X (00:53)
5. Romance (03:01)
6. The Simple Story (03:30)
7. Intermission XI (01:21)
8. 5/4 (03:50)
9. Crowded Corridors (08:44)
10. Gerda (04:52)
11. Os Lunatum (04:31)
12. Intermission XII (02:36)
13. K.O.S. (06:06)
14. Reprise Of Light/No Light (05:16)
15. Intermission XIII (00:58)

vendredi 17 octobre 2014

Ryan Adams

Ryan Adams (09/2014)
Ryan Adams, songwriter américain de la cote Est, a peut-être un caractère de cochon, une certaine tendance à jouer les poseurs, et une coupe de cheveux à provoquer un arrêt cardiaque au premier bidel ou DRH venu, mais une chose est sûre: le gars n'est pas un feignant. Il vient de sortir son 14ème album studio en 14 ans de carrière, après une pose de près de 3 ans pendant laquelle il a essentiellement joué les producteurs. Rien que pour l'année 2005, il a sorti 3 albums... Pas étonnant que l'un de ses (nombreux) surnoms soit le "Jukebox humain", soulignant ainsi sa capacité et sa facilité à écrire des chansons. 
Le domaine de prédilection de Ryan est l'americana, ce "genre" qui mixe divers ingrédients de la musique américaine (folk, country, blues, rythm & blues) pour en faire un folk rock plus ou moins électrique, le mélange des genres aboutissant à quelque chose de riche et varié dans la forme. On retrouve cette variété tout au long de la discographie de Ryan, qui n'hésite pas à alterner les ambiances (tantôt électrique, tantôt accoustique et intimiste) un peu à la manière d'un Springsteen. Mais qui alterne aussi les styles, passant du blues au folk en passant par la country, et même le metal (Orion, en 2010);
Après sa rupture avec les Cardinals, avec lesquels il avait enregistré 4 albums solo et quelques EP en l'espace de 6 ans, Ryan nous avait gratifié en fin d'année 2011 du magnifique Ashes & Fire, accompagné, entre autres, de Norah Jones, Benmont Tench et de (l'inséparable ?) Neal Casal. Album sombre, très intimiste, annonciateur du break que l'homme se préparait à faire.
Et 3 ans plus tard, il nous revient avec cet album sans nom, comme si Ryan revenait à l'essentiel, en se concentrant sur le contenu plus que sur le contenant (à preuve cette pochette très... simple, dirons-nous).
Et ce qu'on remarque, dès la première écoute, c'est que le break a été bénéfique. Délaissant la face country de la période Cardinals, on retrouve le folk-rock du Gold (2001). Un album qu'on jurerait, par certains moments, enregistrés par Neil Young et son Crazy Horse (Trouble) ou les Eagles (Gimme Something GoodStay with Me, Tired of Giving Up). Pas mal de points communs avec les Eagles, finalement, sur cet album: sens de la mélodie, refrains accrocheurs, une certaine nonchalance et pas mal de détachement, comme si Ryan regardait les choses de loin, avec du recul, l'air de ne pas y toucher... tout en restant concerné. Je suis là, mais faites comme si je n'y étais pas...
On se retrouve ainsi avec 11 petits morceaux de 4 minutes en moyenne, pour un album d'un peu plus de 40 minutes. On est loin des 70 minutes de Gold. Inutile de dire qu'on ne voit pas le temps passer. Mis à part un ou deux temps faibles (surtout un dispensable Shadows, très U2, qui casse le rythme), on accroche très vite aux balades mid-tempo, dont certains pourraient leur reprocher un côté pop (trop) prononcé (Am I Safe, Kim).

Laissons les grincheux grincher. Ryan is back, et ça, pour une nouvelle, c'est une bonne nouvelle !



J-Yves


4/5: *****






1. Gimme Something Good (3:54)
2. Kim (3:26)
3. Trouble (3:47)
4. Am I Safe (4:32)
5. My Wrecking Ball (3:08)
6. Stay With Me (3:06)
7. Shadows (5:22)
8. Feels Like Fire (4:25)
9. I Just Might (3:29)
10. Tired of Giving Up (3:40)
11. Let Go (3:43)


samedi 27 septembre 2014

Robert Plant - Ceaseless Roar

Robert Plant - Ceaseless Roar (09/2014)
A 66 ans, et une carrière débutée en '68, soit depuis plus de 45 ans, Robert a tout connu, et surtout le succès. Il a traversé les époques, les modes, les courants, et même le désert, de '94 à 2002 (bon, si on veut rester politiquement correct, disons plutôt qu'il "s'est mis en retrait et a pris du recul"). De retour aux affaires au tout début des années 2000, Robert délaisse son blues musclé et son hard-rock de prédilection pour prospecter de nouveaux paysages. Tout en restant dans l'air du temps, sans pour autant chercher à tout prix à coller au marché, à partir à la pêche au public, il va à sa manière redonner un second souffle à sa carrière. En multipliant les collaborations, les expériences, mais sans jamais monopoliser l'espace médiatique, il va sortir plusieurs albums qui vont faire l'unanimité, notamment le Raising Sand, album folk/country réalisé en duo avec Alison Krauss et qui a raflé un nombre impressionnant de récompenses (2007).
Depuis 2 ans, Robert s'est entouré de quelques musiciens, avec lesquels il a participé à plusieurs concerts et festivals: les Sensational Space Shifters (pourquoi pas ....). Ils concrétisent aujourd'hui leur collaboration sous la forme d'un album studio: The Ceaseless Roar. J'avoue: j'ai la flemme de compter; disons qu'il s'agit du 10ème album studio solo de notre ami. Plus la dizaine avec le dirigeable, plus l'autre dixaine en duo ou en participations multiples. En affirmant que le gars a plus de 30 albums au compteur, on ne doit pas être loin de la vérité... 

Le titre de ce dernier opus, "Le rugissement incessant", nous donne à penser que Robert a laissé tomber la country pour revenir à ses premières amours. Tout faux.
Difficile, en fait, de définir le genre musical de l'objet, tant il est multiple et varié. Pour faire simple, disons qu'il s'agit d'un mix entre folk, americana, blues et world music. Contemporain.
Parfaitement imprégné de l'air du temps, cette mixité, ce pluralisme multiculturel et multi-ethnique apportent une fraîcheur et une lumière toutes particulières. On peut aussi souligner un certain aspect méditatif, engendré par quelques passages mélancoliques aux sonorités lancinantes, qui vous imprègnent l'esprit pour ne plus vous lâcher. Dès les premières secondes du premier morceau, Little Maggie, on est aspiré par cette musicalité hors du commun. Impossible d'y résister. Comme il est difficile de ne pas tomber sous le charme d'un Embrace Another Fall épique, illuminé par la voix de Julie Murphy (le meilleur titre, pour ma part), ou d'un Somebody There, beaucoup plus "classique" mais au refrain imparable.
A cela, il faut bien sûr ajouter LA voix. Détachée, apaisée, elle ne monopolise pas le morceau, n'en prend pas possession; au contraire, elle le sublime, en le soulignant d'un voile de soie, tel ce splendide Rainbow.

Pas de nostalgie, pas de n-ième ré-enregistrement de morceaux connus par cœur, de fonds de tiroirs ou de ré-édition des 20 ou 30 ans de tel ou tel album, comme on en voit (trop) ces temps-ci. Robert ne fait pas partie de ces artistes qui annoncent 30 ans de carrière, mais qui depuis 20 ans ne font que répéter inlassablement ce qu'ils ont fait pendant les 10 premières années. Comme certains autres, Robert continue d'avancer, d'innover, de proposer "autre chose"...

Merci, Robert.
  


J-Yves

5/5: *****







1. Little Maggie (5:06)
2. Rainbow (4:18)
3. Pocketful of Golden (4:12)
4. Embrace Another Fall (5:52)
5. Turn It Up (4:06)
6. A Stolen Kiss (5:15)
7. Somebody There (4:32)
8. Poor Howard (4:13)
9. House of Love (5:07
10. Up on the Hollow Hill (Understanding Arthur) (4:35)
11. Arbaden (Maggie's Babby) (2:44)


Robert Plant: vocals

The Sensational Space Shifters:
Justin Adams: djembe, guitars, tehardant
Liam "Skin" Tyson: banjo, guitar
John Baggott: keyboards, piano, tabal
Juldeh Camara: kologo, ritti
Billy Fuller: bass, drum programming
Dave Smith: drum set
Julie Murphy: vocals on "Embrace Another Fall"