vendredi 25 janvier 2013

Unitopia - Covered Mirror

Unitopia - Covered Mirror (12/2012)
Unitopia est ce jeune groupe australien au parcours déjà impressionnant. Après avoir sorti un premier album More than a Dream en 2005, de façon très intimiste car auto-produit et distribué uniquement en Australie (il sera ensuite ré-édité par un label canadien en 2006 pour une distribution internationale), le groupe va directement sortir en 2008 The Garden, un double-album... faut oser. L'accueil est enthousiaste et unanime, le prog symphonique et hyper léché du groupe recueillant un grand nombre de suffrages. En 2010, Artificial installe définitivement Unitopia dans la cour des grands: l'album remporte un grand nombre de récompenses, classé dans le peloton de tête de plusieurs "album de l'année" dans de nombreux médias spécialisés. Arriver à s'imposer de telle manière en l'espace de si peu de temps n'est pas courant, surtout pour un "vrai" groupe, à l'opposé de ces super-groupes montés de toutes pièces et basés sur l'association d'individualités de gros calibres (du genre Real Madrid du rock). Rien de tel ici, Unitopia étant constitué de 7 membres, tous originaires (ou presque) d'Adelaide.
Connaître le succès et la renommée, c'est bien. Mais le plus dur vient après: confirmer et enchaîner les bons résultats, pour parler comme nos amis sportifs. Autant dire qu'on guettait avec une impatience certaine (voire une certaine impatience) ce nouvel album.
Pas la peine de faire durer le suspense: essai transformé (2 points de plus, donc, au tableau d'affichage).
Et pourtant, tout pouvait laisser penser le contraire. D'abord, il fallait succéder à Artificial: pas facile. Plus dur, le groupe n'a jamais caché qu'il s'attaquait à un album de reprises de morceaux qui les ont inspiré dans leur jeunesse (d'où le sous-titre de l'album). Humm, dans le genre casse-gueule on ne fait pas mieux: ça et les albums avec orchestre symphonique, attention les dégats ! Pas folichon donc, à première vue. Oui, mais à première vue seulement, car ce groupe a le don de transformer tout ce qu'il touche en or. En effet, l'intelligence de la démarche ("album de reprises") consiste à réaliser un concept-album dans lequel ces reprises, ou plutôt ré-interprétations, sont noyées au milieu de compositions originales, le tout à la sauce Unitopia. Une même orchestration, un même style, une même trame musicale tout au long de l'album; et toujours ce style spécifique qui mêle musique classique, jazz, rock pour obtenir cette musique si particulière et unique, reconnaissable entre mille. Les reprises, de Marillion à Genesis en passant par Yes, Led Zep, Supertramp ou les Korgis (!) sont un savant mélange de titres complets ou de medleys. On a ainsi le droit à un Easter ou un Even In the Quietest Moments dans leur "simple" intégralité, alors que le Carpet Crawlers est introduit par deux courts extraits de Selling England et de Supper's Ready. Les longues parties instrumentales sont toujours là, nous permettant d’apprécier la grande virtuosité de ces musiciens, techniquement au-dessus du lot. Le chant de Mark Trueack, d'une similitude troublante avec celui de Peter Gabriel, se fond parfaitement dans ce délice musical. Du grand art. 
L'heure et quelques minutes que dure l'album peut laisser craindre au premier abord de trouver le temps long. C'est plutôt l'inverse qui se produit... S'il est musicalement linéaire et homogène, du point de vue de l'orchestration, l'album est au contraire très varié dans les rythmes, les temps faibles succédant aux temps forts, le chant s'effaçant souvent au profit de la musique. Le tout donnant un réel concept-album dont on a du mal à décrocher dès les premières notes.
Artificial digéré, Unitopia nous revient donc avec un album du même calibre, si ce n'est meilleur. Ce groupe ne se contente plus de tutoyer les sommets, il s'y est carrément installé. Ca ne va pas être facile de les y déloger...

5/5: *****

J-Yves




mercredi 16 janvier 2013

News: reformation des Innocents

La bonne nouvelle est tombée ce mercredi 16 janvier: les Innocents se reforment, du moins ils retravaillent ensemble. Jean-Christophe Urbain et Jipé Nataf, les 2 leaders du groupe, s'étaient séparés à la toute fin des années 90, peu après la sortie de l'album "Les Innocents" (enregistré dans les studios Real World du Gab', svp), qui n'avait pas connu l'immense succès des ses prédécesseurs "Fous à Lier" et "Post Partum".

Rien de concret pour l'instant, si ce n'est qu'un album est annoncé pour le courant de l'année, ainsi que quelques concerts en duo avant l'été. 
Espérons que ces Innocents v2.0 nous délivrent de nouveau ce folk-pop "à la française", chatoyant, inspiré, à la fois gai et désabusé, et chanté en français !!

J-Yves

vendredi 11 janvier 2013

Orange Bud - Losses

Orange Bud - Losses (11/2012)
Orange Bud est un jeune groupe français. Encore ?.. Ben oui, et alors ?.. Sauf qu'eux ne viennent pas de la capitale, mais de Rhône-Alpes, du côté de Chambéry, si j'ai bien suivi. Les bases sont posées en 2008 par Thomas (guitares) et Matt (batterie), rejoints dans un deuxième temps par Clémentine au chant et Bastien à la contrebasse. Leur répertoire et leurs influences sont issus du rock et de la soul, à la manière d'un John Butler ou de Ben Harper. Pas la peine de tendre l'oreille avec application ni de la tortiller dans tous les sens pour vérifier: ça s'entend dès les premières mesures.
Orange Bud propose un folk énergique, dynamique, coloré, au groove imparable. Le rythme ralentit de temps en temps, pour installer une ambiance plus douce et plus intime. Mais c'est pour mieux rebondir et repartir sur un rythme explosif et dansant. Techniquement, c'est impressionnant. Thomas ne souffre pas la comparaison face à Butler ou Harper, son jeu de guitare est d'une précision et d'une technique remarquables, à couper le souffle. Ajoutez-y une contrebasse diabolique et une batterie/percussions groovy, et vous avez musicalement du très haut niveau. Un savant dosage dans les morceaux entre les parties chantées et les parties purement instrumentales permet d'apprécier leur grande musicalité. A ce titre, Paperplane et le morceau éponyme Losses en sont de parfaits exemples (les 2 perles de l'album, à mon goût, peut-être pour leur côté "progressif", du moins dans l'approche).

Passons maintenant au chant. Clémentine possède une présence, un charisme incontestables. Loin des chanteuses transparentes, interchangeables et fades (je ne donne pas d'exemple, on va encore dire que je suis méchant!.. mais bon, je fais un effort sur moi-même, là)... euh, je disais quoi, déjà?.. ah oui: donc loin des chanteuses fades, il y a Clémentine... et sa voix. Je vais être honnête: chez moi, c'est là que ça coince. Mettons les choses au point: je chante comme un four micro-ondes, je suis fiché et interdit d'entrée dans tous les karaokes de la région, j'ai donc zéro légitimité pour donner des leçons de chant (et de musique aussi, d'ailleurs.. j'arrive à jouer faux du tambourin, c'est dire). Plus que la voix, c'est la façon de chanter qui me pose problème. Rien à dire sur Black Soul Woman, qui tourne en boucle (avec les 2 autres titres cités plus haut), ni sur On the Coconico Road, d'une tendresse émouvante. J'ai par contre du mal avec Sunny Path, Garden's Delirium ou Emeraldest Land: je trouve le chant limite monocorde, manquant de relief et d'amplitude, et un peu trop "envahissant", dans le sens où il aurait tendance à écraser la musique, ce qui dans le cas présent est bien dommage. Rien de bien méchant, somme toute.

Pour résumer: un bon album, et un groupe qui gagne à être connu. Ses nombreux concerts devraient rapidement lui apporter la renommée qu'il mérite. Des extraits sont en écoute sur le site: http://www.noomiz.com/OrangeBud.


Enfin, dernière question, qu'on peut aussi poser au groupe précédent, In the Canopy: pourquoi, en tant que français, s'évertuer à chanter en anglais ?.. attention, ne cherchez pas la moindre allusion patriotique là-dedans !!!  Reste que le français n'est pas un frein à la reconnaissance internationale: il suffit de voir comment Lazuli est plus populaire à l'étranger qu'en France...



3/5: *****






vendredi 4 janvier 2013

In The Canopy - Never Return [EP]

In The Canopy - Never Return (12/2012)
In The Canopy, dont on a parlé ici-même pas plus tard que le mois dernier (c'est-à-dire l'année dernière... la vache, comme ça passe vite !) est un jeune groupe parisien, formé en 2009. Aïe. Je ne sais pas pourquoi, mais quand j'entends ou je lis l'expression "jeune groupe parisien", je pense immédiatement aux BB Brunes. Bon, c'est la première chronique de 2013, on sort doucement de la période des fêtes de fin d'année... allez je vais être gentil, pour une fois. Je ne dirais donc pas ce que je pense des triple-B, j'ai déjà les doigts qui saignent rien que de taper leur nom sur le clavier...

In The Canopy, pour revenir à de la vraie musique, fait dans le Art Rock. Qui est, d'après quelques dicos dispersés sur la toile, un sous-genre du rock synonyme de Rock Progressif. Ah-aaah, alors là c'est pas pareil !.. Jetons donc une oreille sur leur LP courtoisement mis à disposition dans ma boîte mail. Le live, lui (sorti en 2011) est en écoute gratuite et intégrale sur SoundCloud (https://soundcloud.com/inthecanopy/sets).

L'oreille accroche rapidement, et la deuxième oreille se joint à elle très vite pour venir apprécier ces morceaux aériens et vifs à la fois, où alternent passages doux et "musclés", dans un style et une alchimie qui donnent au groupe une signature qui lui est propre. Les guitares de Joachim et Thomas, tout comme leurs chants, se superposent, s'enchevetrent, s'entrechoquent parfois, soutenus par la basse d'Erwan. La batterie du second Thomas sait se faire douceur ou violence, suivant le climat en vigueur. Car des climats, il y en a, différents entre chaque morceau. Chacun des titres possède son ambiance, son atmosphère, sa structure, qu'on laisse s'épanouir 4 ou 5 minutes durant. On oscille entre la langueur d'un Underway et la frénésie d'un No Room For You, en passant par la béatitude d'un Never Return, qui nous met en apesanteur. Impressionnant, pour une carrière si jeune !... Car oui, ce qui impressionne chez In The Canopy, c'est qu'ils ont (déjà) leur propre style. Effectivement, on pense souvent à Radiohead, ou Divine Comedy, mais c'est par à-coups, sur certaines séquences. Mais faut pas chercher, In The Canopy fait du In The Canopy, point. Et ça, c'est la marque des (futurs) grands. 
Ceux qui me connaissent pourront confirmer: le cirage de pompe, la basse courbette, la flatterie gratuite, c'est pas le genre de la maison. En plus, les courbettes à mon âge, ça devient difficile... et puis, vous en connaissez beaucoup, vous, des marseillais (ou presque) dire du bien de parisiens ?.. hein ?.. honnêtement ?!
Redevenons sérieux deux minutes, on devrait pouvoir y arriver: on a ici du tout bon; et puis de toute façon, j'adore. Tout y est: le sens de la mélodie, la technique, l'harmonie, le chant, la voix. En jonglant entre le EP et le live, on apprécie les différences d'interprétations des mêmes titres, leurs couleurs différentes. J'arrête, ça va sembler louche. Reste que "ça" tourne en boucle sur mon lecteur mp3 depuis plusieurs jours, et que je ne m'en lasse pas. 
Et ça, c'est un signe !

Mille mercis à celui qui m'a posté ce LP dans ma boîte mail. Entre tous ces groupes "installés" qui tournent en rond, se regardant fièrement le nombril en faisant du sur-place, et ces autres qui innovent et font souffler un vent nouveau, mon choix est vite fait.  Place à la relève !

5/5: *****

J-Yves