mercredi 31 octobre 2012

STEVE HACKETT – Genesis Revisited II

Steve HACKETT - Genesis Revisited II (10/2012)
Steve HACKETT s’est toujours érigé (sans vraiment le vouloir) comme LE musicien détenant la MEMOIRE de GENESIS, et bien il vient de le confirmer  en réalisant un double album correspondant  à un  rêve que tous les afficionados pouvaient imaginer, c’est-à-dire  en redonnant vie  de façon magistrale aux  trésors de GENESIS.
«Le rêve est à rêver»  disait Christian DECAMPS, et là Steve l’accomplit  sous nos yeux (ou plutôt les oreilles) en recréant la MAGIE opérée par GENESIS de la grande époque, et ce en s’entourant d’une fine équipe de fabuleux musiciens, en clair c’est la fine fleur, le gratin, le nec plus ultra de la scène progressive qui entoure  sur ces deux albums notre maitre de cérémonie.
Steve avait déjà enregistré un premier album du même type Genesis Revisited en 1996, ce fut pour moi une demi réussite car il se permettait (mais il  en avait tout à fait le droit) de détruire (toutes proportions gardées) des perles comme  mon titre préféré de la Genèse Firth Of Fifth, en lui balançant un pont en plein milieu, qui  à mon sens était  absolument anachronique,  dénaturant totalement ce fabuleux morceau, mais il avait sans doute ses raisons.
Chose surprenante ce titre ne fait pas partie du double CHEF D’ŒUVRE dont je vous parle aujourd’hui, car le choix des  morceaux a été fait de façon judicieuse et la façon de les interpréter relève du GENIE, ces morceaux que l’on pensait connaitre par cœur sont ici absolument transcendés par les musiciens, tout en leur conservant leur âme et leur caractère unique.
Les morceaux repris sont particulièrement fidèles aux originaux, même si Steve esquisse des variations différentes comme sur Return Of The Giant Hogweed, mais cela est élaboré avec parcimonie et l’œuvre de GENESIS ne s’en trouve que plus enrichie.
Pour moi les créations les plus originales et les compositions fantastiques de GENESIS s’arrêtaient avec Wind And Wuthering, ce qui n’est pas un hasard car c’est le dernier album dans lequel a collaboré Steve HACKETT, la suite vous la connaissez, les albums qui suivirent furent mineurs quant aux albums solos des membres du groupe, ils furent assez fades dans l’ensemble (à  quelques exceptions près) et très loin de ce qu’ils firent avec GENESIS.
Je ne veux en aucun cas par le biais de cette chronique minimiser le talent énorme des autres membres du groupe qui sont bien sûr partie prenante de ces deux galettes, car ils composèrent avec HACKETT la majorité des titres ici présents.
Mais voilà ! Steve a parfaitement évolué et a réalisé  déjà un bon nombre d’albums plus intéressants les uns que les autres, (il doit d’ailleurs  sortir aussi simultanément The Rome Pro(g)ject enregistré avec John Hackett) et il arrive à mon avis à un stade de sa vie, ou lorsqu’il fait le bilan, les années GENESIS  paraissent indissociables du reste de son œuvre, tellement elles ont été prolifiques, et de ce fait le musicien se doit de restituer en quelque sorte un héritage musical sous forme de reprises, mais cette fois ci elles sont PRODIGIEUSES de bout en bout.
Toutes les voix ainsi que tous les musiciens accompagnant notre cher Steve se sont absolument immergés  dans ces compositions de toute beauté qu’a pu enregistrer GENESIS, je ne vais pas vous énumérer les noms de tous les musiciens, vous les trouverez sur le line up, mais je pense que ce projet pharaonique n’a pu que les stimulés et  les a plus que motivés.
La virtuosité des artistes convoqués par ce cher Steve permet au  co- compositeur de cette musique d’aller encore plus loin qu’il ne l’avait fait avec ses ex créateurs. Nous n’aurions jamais pensé que ces titres issus du patrimoine genesissien puissent se voir grandis de la sorte.
L’éventail des compositions  présentes  fait le grand écart entre Nursery Cryme et Wind And Wuthering (passant par les monuments que furent Foxtrot, SellingLamb… et Trick…) le tableau ne pouvait pas être plus complet, on sent bien qu’il a fallu à Steve beaucoup de patience pour élaborer ce projet, mais le résultat se traduit par deux albums d’anthologie, égalant quasiment les originaux, ou tout du moins les magnifiant d’une certaine façon, HACKETT faisant la démarche similaire à celle du maitre retouchant sa toile qui était déjà parfaite à la base.
L’émotion se dégageant de chaque morceau  et leur réinterprétation frise la perfection, j’ai ressenti  les mêmes vibrations qu’à  leur découverte et c’est peu dire, les larmes sont apparues à plusieurs reprises, et oui cette musique aura marqué ma vie et je pense celle de beaucoup d’entre nous.
Je suis sorti abasourdi après l’audition de ces deux galettes prestigieuses et vous vous imaginez qu’elles passent en boucle depuis leur arrivée chez moi, c’est une TOTALE REUSSITE que nous a pondu Steve HACKETT et sa bande, et si on devait formuler un souhait, ce serait d’assister en «live» à ce projet puisqu’appartement GENESIS  ne se reformera jamais, mais qui sait ? Et pour paraphraser 68, «Soyons réalistes demandons l’impossible».

Dany

5/5: *****



The Gathering - Disclosure


Tout comme Marillion, mais pour des raisons différentes, j'ai "lâché" The Gathering vers le début des années 2000, après Souvenirs, qui ne m'avait pas emballé plus que ça...
Des écoutes plus ou moins attentives de Home ne m'avaient pas convaincu de remonter dans le train, puis le départ d'Anneke van Giersbergen m'avait convaincu de tirer un trait définitif sur le groupe. A tort...

Alors qu'en solo, Anneke est partie explorer des chemins pop-rock/electro, The Gathering, rejoint au chant par la norvégienne Silje Wergeland, continue sa quête de nouveaux horizons. Bien loin du doom metal de leurs débuts, du trip-hop/electro rock de Souvenirs, voici venu le temps du prog atmostphérique.
En 8 titres pour un peu moins de 55 mn, nous voici transportés dans un voyage doux et reposant, baignés par la voix aérienne et légère de Silje. Pour le côté progressif, on retiendra les structures et les architectures complexes des morceaux, où la présence épisodique de cuivres vient apporter une touche supplémentaire d'originalité. Ajoutons à celà quelques titres dépassant les 8 minutes, sans pour autant donner le sentiment de s'étirer inutilement (suivez mon regard...).  Pour le côté atmosphérique, on gardera ces longues plages vaporeuses sur lesquelles flotte cette superbe voix féminine dont on vient de parler. Le tout sans perdre ce sens de la mélodie qu'a toujours su garder le groupe. Tout au long de l'album on baigne dans un sentiment d'appaisement et de quiétude, qui ne s'estompe que longtemps après la fin du dernier morceau.
Contrairement à ce que sa pochette, assez moche (c'est le moins qu'on puisse dire !), pourrait laisser supposer, nous avons affaire ici à un excellent album qui se bonifie au fil des écoutes. A l'inverse de ceux qui tournent en rond ou qui passent leur temps à se demander où est situé leur nombril (oui, vous pouvez toujours suivre mon regard, mais il ne va pas forcément dans la même direction que tout à l'heure...), The Gathering garde les yeux grands ouverts à la recherche de nouveaux terrains de jeux. On ne peut que les en féliciter et les encourager à continuer ce cheminement.

J-Yves

4/5: *****           la bonne surprise de cet automne...






Steven WILSON - Get All You Deserve


Steven WILSON - Get All You Deserve
(double CD / DVD - 10/2012) 

Voici le deuxième témoignage de l’immense concert accompagnant la tournée de Mister Steven WILSON et ce, même pas un an après le live «Catalogue Preserve Amass» qui nous avait déjà mis l’eau à la bouche, nous donnant déjà un bon aperçu de cette première prestation en public du musicien sans ses ex compagnons de route.
Pour  avoir assisté en début d’année à ce fabuleux concert du père WILSON au Trianon de Paris, je peux vous dire d’emblée que ces trois petits trésors sont indispensables à tout amoureux du Maitre es PORCUPINE TREEE, qui avec ou sans son groupe reste un musicien fabuleux.
Si on peut parler de musique PROGRESSIVE dans son sens le plus noble, je pense que Steven  WILSON en est l’archétype et sa musique semble en perpétuelle progression, ce qui est l’essence même de la démarche de  notre genre de prédilection, et non une redite comme c’est souvent le cas chez des groupes ou musiciens tournant en rond (suivez mon regard….)
Il est accompagné bien sûr lors de ce concert par la fine fleur de la musique montante avec le fabuleux bassiste  Nick BEGGS (l’homme aux nattes dorées qui tient aussi cet étrange instrument qu’est le Chapman Stick et dont il a le secret). Il est le transfuge du dernier line up du grand Steve HACKETT, qui était venu donner un petit coup de main sur le dernier effort studio de notre héros des temps modernes.
On trouve aussi  le claviériste Adam HOLZMAN, plus que prolifique le soir en question,  le batteur Marco MINNERMAN, le guitariste Niko TSONEV ainsi que le sax/flutiste Theo TRAVIS, tous sont exceptionnels et accompagnent divinement ce cher Steven qui  débarque sur scène pieds nus comme à son habitude.
Il tient évidemment la guitare et les  claviers, et s’occupe parties vocales aussi bien pêchues que quelquefois tout en finesse,  il est vrai qu’il se trouvait  littéralement en état de grâce durant toute cette prestation.
Les deux disques audio contiennent sensiblement la totalité du DVD enregistré à Mexico, et c’est plutôt sur celui-ci que je vais m’arrêter car ce show est filmé à la perfection et l’on retrouve la magie qui avait opéré à Paris, c’est-à-dire que les musiciens jouent une grosse demi-heure derrière un rideau transparent (présent aussi  lors de la première partie «Ambiant», certes un peu longue à mon goût, car déjà entendu jadis).
Un light show vraiment  atypique et inquiétant, issu de l’univers Wilsonien est projeté sur ce rideau, donnant à ce début de concert un caractère unique et particulièrement original.
Cela donne une impression étrange, et le fait de voir et d’entendre les musicos à travers ce rideau, laisse supposer que ces messieurs sont capables de tout, et ils nous démontreront en live comme sur ce DVD leur capacité à outrepasser leur rôle, en s’extériorisant littéralement à travers une musique d’une richesse infinie composée par leur leader omniprésent  dans toutes les parties de la scène.
Et puis ce fameux rideau tombera permettant au public d’apprécier pleinement le concert et aux nombreux photographes de «flasher à mort», et toutes les personnes présentes semblaient rassurées de voir enfin le concert sans aucun filtre en appréciant pleinement la prestation de chacun des musiciens.  
Steven et sa bande revisitent la quasi-totalité des deux albums solo qu’il a enregistrés, cela donne de grands moments avec une section rythmique hors pair, les musiciens étant à l’apogée de leur art, ce concert ne pouvait être que parfait.
Cette musique oscille entre un rock progressif élaboré en passant par des climats « jazz rock », sans oublier de calmer le jeu, Steven chante parfois de façon très nuancée et douce comme il le faisait avec un de mes groupes fétiches BLACKFIELD.
J’avoue que je ne suis pas un grand «fan» des cuivres hormis lorsqu’ils sont joués dans FLOYDCAMEL, voire SUPERTRAMP, mais le sax et la flute de Theo TRAVIS m’ont ébloui par leur inventivité et la façon toute particulière dont il en joue, servant à merveille des morceaux qui ne demandent que cet apport musical.
Je ne vais pas ici vous décortiquer tous les titres, mais sachez par contre qu’ils sont souvent frappés d’une patte Crimsonnienne du plus bel effet, je pense que Robert FRIPP aura été une influence majeure pour Mister WILSON qui, comme vous êtes censés le savoir à remixé plusieurs albums du Roi Cramoisi.
J’ai donc passé deux bonnes heures  magiques le soir du concert parisien, puis exactement de même à l’écoute et durant le visionnage de ce DVD qui retrace à la perfection la prodigieuse prestation du groupe formé  pour cette tournée par Steven et qui fut pour le coup  totalement homogène, et ce grâce à l’immense talent du combo ici présent.
Je pense que vous savez ce qu’il vous reste à faire, pour découvrir et redécouvrir l’univers de Steven WILSON, ce musicien protéiforme qui transforme en «or» (j’entends par là sa richesse artistique) tout ce qu’il touche, car si le génie a frappé une personne c’est bien sur Steven qu’il a posé son dévolu, ce musicien aura marqué d’une pierre blanche la musique du vingt et unième siècle quoiqu’il advienne, laissant dans son sillage bon nombre de pseudo musicos de bas étage.

Dany

5/5: *****


  

The Pineapple Thief - All The Wars

The Pineapple Thief - All the Wars (10/2012)
The Pineapple Thief nous propose un prog dans la mouvance Porcupine Tree-Anathema-Riverside-Gazpacho, certains de ces groupes faisant partie, comme par hasard, du même label Kscope. Un prog plus ou moins musclé, n'hésitant pas à mettre un pied (ou deux) dans le metal, mais toujours orienté dans le sens de la mélodie. Un prog qui n'hésite pas à se remettre souvent, voire sans cesse, en question, et à explorer de nouveaux domaines. C'est ainsi que le Voleur d'Ananas (traduction littérale de Pineapple thief), groupe anglais emmené par son leader Bruce Soord, procède depuis maintenant plus de 12 ans et 9 albums studio, en comptant ce dernier All The Wars. Leur précédent album, Someone Here Is Missing, un des meilleurs albums de l'année 2010 (dans mon top-3 2010 personnel, si ça interesse quelqu'un...), était un parfait mélange de guitares saturées, d'electro, de fausses ambiances atmosphériques, s'appuyant sur des morceaux aux structures diverses mais sans pour autant se noyer dans d'inutiles complexités. 
Ce nouvel album, comme on pouvait s'y attendre de la part du groupe, n'est nullement un copié-collé de son grand frère. Le côté electro a disparu, les guitares (saturées) ont pris un peu plus de "coffre", sont plus présentes, et l'on note par-ci par-là la présence discrète, non pas d'un orchestre symphonique (n'exagérons pas) mais plutôt d'un ensemble de cordes. Les morceaux sont toujours aussi concis, de 3 à 5 mn, ce qui donne un album de 45 mn pour 9 titres (si vous savez compter, vous vous êtes aperçu qu'il manque des minutes: bravo !). 
Alors que les compositions de Someone Here Is Missing étaient variées, avec certains riffs qui restaient gravés en tête après l'écoute, ici elles sont plus denses, plus homogènes, aucune ne ressortant réellement du lot plus qu'une autre, donnant une impression d'album plus "compact". Il faut (hélas ?) attendre le dernier titre, Reaching Out, pour enfin avoir le droit, sur 9mn, à des changements de rythmes et d'ambiances. On peut trouver celà dommage. 
Ce All The Wars est donc un bon album, d'écoute agréable. D'une fausse simplicité, il s'apprécie au fil du temps et a besoin d'être apprivoisé. Au jeu des comparaisons, il peut sembler inférieur à Someone... mais celà reste encore à prouver.. 


J-Yves

4/5: *****